KAPITAL

Bientôt à la TV, un concours de survie qui peut mener au suicide

Une plage paradisiaque de Malaisie va se transformer en enfer télévisé. C’est la chaîne privée suisse alémanique TV3 qui prépare, pour son lancement en septembre, l’adaptation d’une émission scandinave controversée.

Une île déserte, le sable blanc et une mer cristalline… Le paradis? Voilà les termes qu’utilisent les producteurs du reality show «Expédition Robinson» pour recruter des participants. L’émission sera diffusée par la nouvelle chaîne privée alémanique TV3, dont le lancement est prévu pour cet automne par l’éditeur TA-Media (Tages-Anzeiger) et la société américano-scandinave SBC.

En fait de paradis, les organisateurs ont tout prévu pour que le séjour des seize candidats sur une île de Malaisie ressemble à l’enfer. Les concurrents vont y passer 45 jours dans des conditions de stricte survie. Pour appeler leur famille ou boire une tasse de café, ils devront d’abord gagner des épreuves retransmises à l’écran. Seul contact avec le monde extérieur: l’animateur et l’équipe de télévision qui filme le calvaire des concurrents.

Deux fois par semaine, à l’issue des joutes organisées sur la plage, le groupe exclut un membre, qui doit quitter l’île. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Désigné vainqueur, le «Robinson de l’année» empoche SFr. 50’000.– (environ 200’000 francs français).

Le concept d’«Expédition Robinson» a été développé en Grande-Bretagne. Mais ce sont les Scandinaves qui ont les premiers concrétisé l’idée. La série a atteint l’audience record de 60% en Suède. L’émission a également beaucoup fait parler d’elle lorsqu’un concurrent s’est donné la mort, une semaine après avoir été exclu du jeu.

Le week-end dernier, la sélection des candidats de la version helvétique s’est déroulée à Zurich. Quelque 200 personnes s’y sont présentées.

«Expédition Robinson» est la première émission de ce genre à voir le jour en Suisse. Elle est ainsi emblématique de la déréglementation du marché télévisuel alémanique. D’ici à cet automne, une bonne demi-douzaine de chaînes privées diffuseront leurs émissions. Et certaines sont prêtes à tout pour le moindre point d’audience.

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Mary Vacharidis, 32 ans, est journaliste à Zurich. Elle a vécu pendant dix ans sans télévision, mais s’est bien rattrapée ces deux dernières années.