On pensait que l’internet mobile à haut débit arriverait avec le standard de téléphonie de troisième génération (UMTS). Et voilà qu’il se pointe autrement que prévu, non pas par l’intermédiaire des grands opérateurs télécom, mais par des initiatives locales.
La norme WiFi (pour Wireless Frequencies, également nommée 802.11b), permet de transmettre l’internet à une vitesse de 11 Mbps dans un rayon de 50 à 150 mètres. Elle utilise des fréquences en ondes ultracourtes qui ne sont pas réglementées et peuvent donc s’exploiter sans licence. Pour l’usager, il suffit d’équiper son laptop d’une carte émettrice compatible.
Dès le milieu des années 90, plusieurs constructeurs comme 3Com ou Cisco ont commercialisé avec succès des réseaux sans fil utilisant WiFi et destinés aux entreprises. Se déplacer avec son ordinateur portable tout en restant branché sur le net à haut débit était devenu possible. La frime.
Apple a démocratisé ce même concept en lançant l’Airport, un système de connexion sans fil compatible avec son iBook. «Surfez dans votre jardin», disait la pub. Et petit à petit, les réseaux sans fil se sont développés. Aux Etats-Unis, on en trouve dans les entreprises, mais également dans certains lieux publics (cafés, hôtels, aéroports, etc.). Selon l’analyste Kevin Werbach, cité par News.com, près de 10 millions d’appareils compatibles WiFi seront installés d’ici à la fin de l’année, et 4000 points de connexions seront opérationnels.
La célèbre chaîne d’hôtel Four Seasons Resort vient d’annoncer qu’elle a déjà équipé l’ensemble de ses établissements de réseaux WiFi. Starbucks y pense pour ses cafés (quelques prototypes sont déjà en service). Cumulés, ces petits réseaux offrent un accès internet rapide et bon marché. Pendant ce temps, sous la mainmise d’opérateurs avides de rentabilité, la téléphonie de troisième génération (UMTS) se perd dans une forêt de standards et d’antennes.
Le futurologue Joël de Rosnay croit beaucoup au WiFi: «Il y a beaucoup de problèmes avec la troisième génération de téléphonie mobile: il s’agit d’un système centralisé, coûteux, qui nécessite l’installation d’un nombre considérable d’antennes. En plus, les débits possibles restent relativement faibles. Je crois beaucoup plus aux réseaux locaux WiFi qui se développent rapidement aux Etats-Unis. Des petits réseaux de quartier peuvent ainsi se mettre en place facilement, et se connecter de proche en proche à l’échelle régionale, voire internationale, réussissant à moindre coût là où l’UMTS risquerait d’échouer.»
Décidément très à la mode, le sans-fil se développe aussi grâce à Bluetooth, un système parallèle au standard WiFi. Destiné à des transmissions moins rapides (721 kbps) et plus proches (10 mètres), ce standard permet par exemple de relier par ondes courtes les enceintes d’une chaîne hi-fi, une souris d’ordinateur, une imprimante ou une oreillette de téléphone mobile. Ericsson et Nokia commercialisent des mobiles compatibles avec Bluetooth.
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La multiplication des réseaux sans fil entraîne une augmentation de l’électrosmog dans notre espace vital. Questions à Farhad Rachidi, directeur de recherche en électricité de l’EPFL et spécialiste du domaine.
Sommes-nous soumis de plus en plus aux rayonnements éléctromagnétiques?
Oui, mais il faut cependant relativiser car la puissance des émetteurs – que ce soit pour le Wifi, Bluetooth ou la téléphonie mobile – restent très faibles et les normes sont sévères.
Quelles peuvent-être les effets sur la santé?
Les rayons ionisants – à très hautes fréquences, comme les rayons X – peuvent détruire les cellules, poursuit le chercheur. L’énergie émise par les rayons non-ionisants – comme la lumière, la radio ou la téléphonie mobile – n’est pas suffisante pour casser des liaisons chimiques. Ces rayons induisent cependant des courants électriques qui circulent dans le corps humain. C’est un sujet sensible. Aucune étude n’a encore pu démontrer des effets de ces courants sur la santé, ni mettre en évidence une corrélation significative entre l’exposition aux rayons et l’augmentation des cancers par exemple. Dans nos laboratoires, en collaboration avec l’université de Lausanne, nous avons fait des tests sur des organismes vivants très simples, comme les mousses. Des problèmes de développement apparaissent chez la plante seulement lorsque la puissance des émissions dépasse d’environ 1000 fois les valeurs légales. Cependant, les recherches doivent être poursuivies pour essayer de mieux appréhender ces phénomènes.
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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 17 février 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
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