«Les filles auront bientôt leur Viagra». C’est l’hebdomadaire français «Marianne» du 17 février qui l’affirme en titre. Après la pilule bleue pour les garçons, la rose pour les filles? Selon le magazine, la firme Pfizer commercialisera d’ici un an environ, l’équivalent féminin du Viagra.
Le produit, provisoirement surnommé «Sheagra» ou «pilule d’orgasme», promet de changer la vie de 40% de femmes qui, à en croire certaines études, s’ennuient pendant l’amour…
Titillée par la nouvelle, j’en ai fait part prioritairement à mes copines réjouies. Et, avant d’en faire un sujet pour Largeur.com, logique, je me suis empressée de vérifier l’information.
«Allez-vous sortir prochainement un Viagra pour femmes?» Ma question ne surprend pas Jean-Christophe Britt, le chargé des affaires extérieures au laboratoire de recherche de Pfizer à Zurich. Elle l’amuse, même, car la nouvelle a déjà été publiée dans la presse israélienne d’abord, puis anglaise, allemande, suisse (Blick), et finalement française (Marianne).
En fait, il s’agit d’une rumeur. Pfizer n’est pas en train de développer une version «rose» de sa pilule bleue, me révèle Jean-Christophe Britt. Quant à l’appellation «Sheagra», il ignorait que des journalistes étaient allés jusqu’à baptiser le produit de leur imagination.
Il n’y a pas de fumée sans feu et Jean-Christophe Britt connaît l’origine de cette fausse information: «Le 19 décembre dernier à New York, nous avons seulement évoqué les résultats positifs du Viagra observés sur un petit groupe de femmes. Il ne s’agit pas d’une nouvelle pilule.»
Et la «Viacrème»? Les effets de cette pommade miraculeuse, en vente libre en Belgique, n’ont pas encore été démontrés. Idem pour la boisson suédoise «Niagara» qui, elle aussi, promet le septième ciel.
La stimulation sexuelle des femmes fait l’objet de recherches scientifiques sérieuses. On a récemment parlé ici-même des patches de testostérone, et de nombreuses autres pistes sont explorées.
Les urologues s’intéressent à deux groupes bien spécifiques de femmes. Celles souffrant de troubles de l’excitation sexuelle et les victimes de lésions spinales. Les premiers résultats montrent que l’absorption de sildenafil, la molécule active du Viagra, provoque un afflux de sang dans le clitoris, une lubrification et, chose inattendue, une fertilité accrue.
Et l’apomorphine? Se révélera-t-elle efficace chez les femmes? Le médicament agit sur le cerveau et l’on sait que les troubles sexuels féminins sont souvent liés à des problèmes de désir et non imputables à des problèmes locaux mécaniques. On devrait en savoir plus durant cette année 2002.
Que les hommes frétillent à l’idée d’une version féminine du Viagra n’est pas surprenant. Ils seront les premiers à en profiter…