TECHNOPHILE

Casio E, le culte de l’ordinateur de poche

Le mini-agenda électronique se transforme en walkman, en jouet et même en vidéo portable. Dark Bouzor n’en est pas revenu.

Dans chaque acheteur d’ordinateur de poche sommeille un ex-adolescent frustré de n’avoir jamais pu se défouler sur un Gameboy Nintendo. Comment expliquer autrement le succès phénoménal (et non prévu par la plupart des analystes) des Palm PC et des nombreuses copies qui tournent sur le système d’exploitation allégé Windows CE?

OK, il y a sans doute des raisons objectives à ce triomphe. A peine plus gros qu’un paquet de cigarettes, les mini-agendas électroniques se glissent dans n’importe quelle poche. Stockant à l’aise des masses d’adresses ou de notes, ils rassurent par leur simplicité d’emploi et leur fiabilité. Et ils sont peu gourmands en électricité.

Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi ce sentiment diffus et essentiel de s’approprier vraiment l’engin, qui tient souvent du réflexe ludique. Tant qu’à emmener partout un nouveau compagnon, autant qu’il ait de la gueule.

Dans cette tendance, les nouveaux Casio E-100 et E-105 sont promis à une brillante carrière. Sitôt après l’avoir pris en main, Rolling Stone l’a encensé, PC Magazine en fait son «editor’s choice», et le site spécialisé PDA Dash (une mine de renseignements) ne tarit pas d’éloges.

Pourquoi cet enthousiasme? Il y a d’abord l’écran 240×320 pixels aux 65 000 couleurs, TFT s’il vous plaît, d’une qualité soufflante (quoique moins lisible sous un soleil brillant). De quoi se mettre de bonne humeur rien qu’en consultant ses rendez-vous.

Deuxième atout, le processeur NEC ultrarapide cadencé à 131 Mhz fait oublier que le système Windows CE n’a pas encore surmonté les lourdeurs propres aux produits de Bill Gates. Ici, la puissance du «moteur» fait que toutes les applications s’affichent instantanément.

Le E-100 est livré avec 16 MB de mémoire et le 105 avec 32 MB. C’est confortable, mais cela paraîtra encore insuffisant quand on sait quels nouveaux horizons ouvre cet appareil.

Le Casio permet en effet de télécharger et de lire des fichiers sonores de type MP3. C’est en quelque sorte un walkman et un agenda multifonctions réunis dans le même boîtier, à peine plus gros que celui du Palm III. Et ce n’est pas tout: l’appareil lit également des clips vidéo. Les chroniqueurs de PDA Dash l’ont testé avec celui de «Star Wars». Le verdict: «it’s a blast!». Malgré tous ces ajouts voraces en électricité, la batterie lithium assure 6 à 8 heures d’autonomie.

Signalons encore un jeu de golf inclus dans le soft de base, ainsi que des boutons de commande dont la forme et l’emplacement rappellent étrangement ceux du Gameboy, et on aura compris que Casio est peut-être en train de donner naissance à la deuxième génération des Palm PC.

Tandis que son concurrent 3Com se concentre sur internet avec accès à des services de type économique pour un usage sérieux, Casio mise sur une utilisation élargie et plus conviviale. On peut montrer ses photos de famille ou de vacances sur l’écran couleur, écouter de la musique dans le train.

Evidemment, tout cela n’est pas donné. Le prix de lancement est de 599 dollars aux Etats-Unis. L’importateur suisse annonce une version anglaise pour juillet-août, l’allemande et la française pour l’automne, à un prix magasin qui devrait osciller autour de mille francs suisses. Mais l’objet en jette, et ceux qui ont eu la chance de le tester ont eu de la peine à le rendre.

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Dark Bouzor est journaliste. Quand il était enfant, les Nintendo n’existaient pas.