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Hackers confédéraux et vote électronique

Un étrange combat se jouera en marge du scrutin fédéral du dimanche 2 juin. Une équipe de hackers payés par la Confédération tentera de pirater le système de vote par internet développé à Genève. L’attaque a été soigneusement orchestrée par les autorités cantonales et fédérales.

«Lors des deux tests précédents, notre système avait été hacké par de vrais pirates, explique Michel Warynski, chef du projet e-vote à la Chancellerie genevoise. Nos analyses réseau avaient révélé que des inconnus avaient tenté de forcer le système. Cette fois-ci, il a été décidé de mandater des hackers professionnels pour tester à fond les éventuelles failles de sécurité.»

Un scénario à grande échelle et gros budget (environ 55’000 francs) a été élaboré pour ce test en direct du 2 juin.

Près de 16’000 élèves genevois tiendront ce jour-là le rôle des électeurs en se connectant sur le site de la Chancellerie cantonale pour prendre position sur l’avortement et autres enjeux soumis au vote. Ces élèves auront reçu quelques jours plus tôt, par voie postale, une carte d’électeur munie d’un code dissimulé sous un hologramme à gratter. «Impossible à falsifier», assure Patrick Ascheri, responsable du service des votations.

Les élèves répondront en ligne aux questions du vote puis introduiront leur code et leurs coordonnées personnelles, qui seront immédiatement dissociées de manière à ce que le vote demeure secret. Lors du dépouillement, deux clés logicielles de sécurité seront amenées par des représentants de la droite et de la gauche pour ouvrir l’urne électronique.

Pendant toute la durée de l’opération, des pirates entraînés par l’entreprise zurichoise Atrete et payés par la Confédération tenteront de s’introduire dans le système.

C’est Hewlett Packard qui a développé la solution technique testée à Genève, en collaboration avec la société Wisekey pour la sécurité. Si le test est jugé concluant, autrement dit si les hackers confédéraux échouent dans leur entreprise de sabotage, alors le vote par internet aura un peu plus de chance d’être proposé aux citoyens, probablement vers 2004-2005.

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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 19 mai 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.

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