KAPITAL

Votre téléphone sert de porte-monnaie

Un code transmis sur un mobile permet d’effectuer des micropaiements. A Genève, la société Echovox commercialise des systèmes de facturation sécurisée basés sur les SMS.

Utiliser son mobile pour payer son journal ou son parcmètre, pour acheter un Coca ou un billet de bus? L’idée fait son chemin et David Marcus y croit. Son entreprise Echovox, basée à Genève, s’est spécialisée dans les systèmes de micropaiements par l’intermédiaire des SMS. «Le mobile fournit un outil idéal pour tout achat de moins de 5 francs, explique-t-il. Le SMS est immédiat, très simple à utiliser et fiable, puisque les données transitent par le réseau mobile, et la facturation se fait par cet intermédiaire.»

Concrètement, le système fonctionne au moyen d’un code que le client – qui veut acheter une boisson par exemple – doit taper sur le clavier d’un distributeur automatique. Pour obtenir ce code, il envoie un SMS et reçoit aussitôt les chiffres en retour. Le prix de la boisson est ensuite prélevé sur la facture de son opérateur.

«Ce système s’adapte très bien pour facturer les services sur le net, poursuit David Marcus. Pour lire un article sur un site, on peut aussi exiger l’introduction d’un code et facturer ainsi quelques centimes.»

Echovox vient de mettre en place un système de transmission d’informations par SMS pour l’agence Reuters pendant la Coupe du monde de football. Les internautes peuvent s’abonner et recevoir un message avec le résultat à la fin de chaque match. Chaque SMS est facturé 50 centimes au client, un revenu que se partagent l’opérateur télécoms, Reuters (le diffuseur), et Echovox.

«Notre système fonctionne avec 36 opérateurs mobiles dans 10 pays européens, poursuit David Marcus. C’est une prouesse que nous sommes les seuls à réaliser, car chaque opérateur utilise des systèmes différents pour la facturation et l’envoi de messages, ce qui complique d’autant le développement.»

Echovox emploie environ 60 personnes, dont seulement une dizaine à Genève et le reste en Inde, où tout le développement informatique a été délocalisé, car «les Indiens sont d’excellents programmeurs et ils coûtent une fraction du prix».

La jeune entreprise propose d’autres types de services par SMS, comme les coupons électroniques, qui permettent à des entreprises d’utiliser les mobiles pour leur promotion. En appelant un numéro mentionné sur des publicités, le client reçoit un code qui, lorsqu’il est montré au magasin, permet d’obtenir un rabais. En Grande-Bretagne, ce type de service se développe à grande vitesse.

A 29 ans, David Marcus n’en est pas à sa première création d’entreprise. Il a déjà fondé l’opérateur télécoms GTN en 1996 avec 100 000 francs de prêt bancaire, avant de le vendre en juillet 2000 à l’américain World Access. «Après un démarrage en fanfare, Sunrise, puis Swisscom, ont cassé les prix, et les marges se sont écrasées dans les télécoms, explique-t-il. On a vendu au bon moment.» Sauf que la vente s’est faite sous forme d’échanges d’actions et que World Access a fait faillite dans la foulée, avant que David Marcus ne puisse renvendre ses parts. «J’ai donc tout perdu, et lancé Echovox avec des amis investisseurs…»

Compte tenu de la période difficile pour les start-up, aucun capital-risqueur n’a cru en son nouveau projet. Lancée à la fin 2000, Echovox a pourtant atteint l’équilibre en début d’année.

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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 16 juin 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.

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