TECHNOPHILE

Bien choisir son appareil numérique

Les prix ont baissé et la technologie est mûre: le moment est venu de passer à la photo numérique. Quelques conseils pour réussir la transition.

Il y a peu, la photo numérique était réservée à une élite: un appareil correct revenait facilement à plus de 1500 francs suisses, de même qu’une imprimante photo. Les prix ont beaucoup baissé ces derniers mois, et il n’y a plus d’excuse pour négliger cette technologie. Quelques éléments à considérer avant de passer à l’achat.

Zoom optique et numérique
Les nouveaux appareils sont généralement munis de ce qu’on appelle un zoom numérique. Il s’agit en fait d’une loupe logicielle qui grossit d’un facteur 2 ou 3 une partie de l’image en réduisant la netteté. Ce gadget n’est donc pas très utile. Les bons appareils proposent un vrai zoom optique – une lentille – qui grossit généralement d’un facteur 2 ou 3. Les modèles haut de gamme permettent même d’utiliser les zooms amovibles classiques des appareils Reflex.

Résolution
La capacité de la plaque numérique est déterminante. Elle se mesure en nombre de pixels enregistrés pour chaque cliché. Pour envoyer ou exploiter des images sur écran (de PC ou de télévision), pas besoin d’une haute résolution. Mais il faut plus d’un million de pixels (on dit 1 Mégapixel) pour une image décente sur papier dans un format de 13 x 18 cm. Les caméras de milieu de gamme dépassent généralement les 2 Mégapixels et permettent donc une impression de bonne qualité jusqu’à 18 x 24 cm. Les appareils professionnels vont au-delà, avec des résolutions supérieures, 4 ou même 5 millions de pixels. Ces hautes résolutions permettent de tirer des plus grands formats mais nécessitent une capacité de stockage beaucoup plus importante, ce qui est coûteux. Une image en haute définition sur une caméra 2 Mégapixels utilise environ un Méga-octet de mémoire vive, grâce à la compression JPEG. Plus la définition est élevée, plus il faudra de temps pour l’enregistrer sur la mémoire. Le temps de latence entre deux prises peut devenir assez long (plusieurs secondes), sauf sur les appareils de très haut de gamme qui exploitent des mémoires très rapides d’accès.

Mémoire
Mis à part les modèles bas de gamme qui contiennent seulement une mémoire interne, les caméras digitales exploitent toujours des supports amovibles pour le stockage. Le système le plus courant s’appelle «flash». Il s’agit de petites cartouches amovibles de différentes capacités (32, 64, 128 ou 256 Mo). Différents formats de mémoires flash se disputent le marché: les plus anciens s’appellent CompactFlash et SmartMedia, les nouveaux MultiMedia Card (MMC), Secure Digital ou Memory Stick (pour les appareils Sony). Les nouveaux supports sont plus petits et plus performants, mais plus chers. Une cartouche SmartMedia coûte environ 35 francs pour 32 Mo (une quarantaine de photos). Pour la même capacité, une CompactFlash coûte 50 francs et une carte Secure Digital environ 80 francs. Des mini disques durs (microdrive d’IBM), compatibles avec les appareils haut de gamme, offrent des capacités très importantes. Ils restent chers et fragiles.

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Les avantages du numérique

1. Plus besoin de film
Le numérique permet de s’affranchir du développement. Les cartouches de mémoire permettent de stocker un grand nombre d’images, que l’on télécharge au fur et à mesure sur son PC. Ensuite, on efface la mémoire et on recommence à l’infini.

2. Visionner tout de suite
C’est l’un des avantages décisifs: la possibilité de regarder tout de suite la photo sur l’écran de l’appareil. Si la photo ne plaît pas, on l’efface aussitôt et on la refait.

3. Mitrailler
On reconnaît le photographe numérique à sa frénésie: comme il ne paie pas le développement, il mitraille et choisis ensuite les images tranquillement chez lui. Certains appareils permettent même d’enregistrer des courtes séquences vidéos (et son). Amusant, mais gourmand en mémoire.

4. Regarder sur la télé ou le PC
Fini les doigts gras sur les photos de vacances qui circulent de mains en mains. A vous le grand écran: suffit de brancher l’appareil sur la télévision ou un écran de PC avec le câble fourni.

5. Diffuser par le Net
Plus besoin de scanner pour partager ses photos avec ses amis du monde entier. Les clichés, en format JPG peuvent circuler facilement sur le Net en pièce jointe ou sur une page web.

6. Retoucher par logiciel
Ajouter un peu de contraste pour accentuer le bronzage, redresser l’horizon, recadrer, enlever la grue qui bouche la vue, découper la belle-mère, allonger les jambes: tout est possible avec un logiciel de retouche. Une version allégée du célèbre Photoshop – ou un produit équivalent – est fournie avec l’appareil.

7. Classer et archiver
Chaque cliché apparaît comme un fichier séparé sur son PC. On peut le dater, le nommer, et le classer dans un dossier. Certains programmes de classement permettent de visionner l’ensemble d’un dossier en un coup d’œil. Plus facile de retrouver ses photos que dans les albums jaunis. Des copies sur CD-ROM permettent d’assurer une certaine pérennité.

8. Tirages sur papier
Tous les grands labos proposent le développement sur papier de qualité si l’on transmet les fichiers par Internet. Les imprimantes à jet d’encre haute définition permettent de le faire chez soi, mais le papier spécial et l’encre coûtent cher.

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Les conseils du spécialiste

Philippe Krauer, photographe spécialisé dans le numérique: «Pour l’amateur, je conseille de prendre au moins une résolution de 3 Mégapixels, d’autant que les prix ont bien baissé. On peut déjà faire de magnifiques tirages avec un tel appareil. Il n’y a pas vraiment de mauvais choix dans cette catégorie et on peut dire aujourd’hui que la photo numérique a dépassé le stade des maladies de jeunesse. Pour les vacances, mieux vaut s’équiper d’une carte mémoire de 256 Mb, ou plusieurs de 128 Mb (presque 200 images chacune grâce à la compression), pour ne pas risquer d’arriver à court de capacité. Je déconseille les mini disques durs (microdrive d’IBM) qui sont très fragiles. Par ailleurs, penser à un accu de rechange car l’affichage est très gourmand. Choisir un modèle avec un écran orientable est une bonne idée car on peut ainsi voir le résultat même si l’on pose l’appareil sur le sol. Les usagers avertis choisiront une entrée pour un flash extérieur. Le délai avant la prise des appareils compacts vient de l’autofocus, qui met du temps à se régler. La latence qui suit dépend de l’écriture sur le support mémoire. Elle diminue avec les nouvelles mémoires, aux accès plus rapides.»