Si vous élevez seul vos enfants, n’espérez pas obtenir des tarifs réduits pendant les vacances. Les offres touristiques semblent ignorer les réalités sociales. Contrairement à Hugh Grant.
Des pèlerins spirituels jusqu’aux adeptes des sports extrêmes, les offres de vacances semblent viser toutes les niches imaginables. Toutes sauf une: la famille monoparentale.
Un exemple parmi d’autres. Début juillet, Véronique débarque avec ses enfants à l’hôtel Kurhaus d’Arolla pour y passer trois nuits. Dès son arrivée, c’est la douche froide. La réduction «pour les enfants occupant la même chambre que les parents» ne s’applique pas à sa famille. Ses enfants paieront le plein tarif. Une expérience qui n’a malheureusement rien d’exceptionnel.
Les tarifs familiaux ne s’appliquent tout simplement pas aux familles monoparentales. C’est ce que me confirme le gérant du Kurhaus: «Notre base de tarification de prix par chambre ne résulte pas d’une décision politique, mais peut-être date-t-elle un peu», m’explique-t-il.
Pourquoi les familles monoparentales sont-elles systématiquement négligées dans les offres de voyages? Je pose la question à la directrice de l’agence Kuoni à Lausanne. «Il faut s’en prendre à l’hôtellerie suisse qui pratique des prix par chambre», m’explique-t-elle avant de me renvoyer à la brochure Helvetic Tours, dans laquelle il est effectivement beaucoup question du «sens de la famille».
Mais dans cette brochure, pour être des petits rois, les enfants doivent bel et bien appartenir à une famille traditionnelle. Ils peuvent bénéficier de 50% de réduction «s’ils partagent la chambre de deux adultes payant le plein tarif».
A ma connaissance, seules trois agences proposent des offres sur mesure pour les familles monoparentales. Il s’agit d’Imholz, VögeleReisen et Tui Groupe (les offres de Reka peuvent également être intéressantes).
Sur son site, la Fédération suisse des familles monoparentales encourage ses membres à communiquer leurs expériences positives et négatives en matière de vacances. On y a même préparé une «lettre type» à adresser aux établissements qui ne pratiquent pas de réduction. Dans le même but, Pro Juventute donne de précieuses adresses et informations.
Cet automne paraîtra le premier ouvrage consacré à ce sujet, «The Single Parent Travel Handbook». Son auteur, l’Américaine Brenda Elwell, a conçu l’excellent site Single Parent Travel, dont on attend encore le pendant européen.
Sur le Web francophone, c’est le désert. Comme si les vacances des familles monoparentales ne concernaient qu’une infime minorité de la population.
Le succès du film «About a Boy», qui voit Hugh Grant fréquenter assidûment les réunions de mères «chef de famille», suscitera-t-il enfin un intérêt pour ces parents pauvres de notre société?
