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La défaite de Sion 2006 n’est pas surprenante

Une guerre fait rage au sein du Comité olympique. Les réformateurs affrontent les tenants de l’opacité. Pour ces derniers, le choix de Turin était celui de la survie.

Samedi matin, j’ai d’abord été sidéré. Comment le CIO a-t-il pu rejeter la candidature de Sion, reconnue pourtant comme la meilleure sur le plan technique? Comment a-t-il pu attribuer les JO de 2006 au projet bancal de Turin? Ce choix était plus que bizarre: inexplicable.

Et puis, en discutant avec quelques connaisseurs du dossier, en lisant les commentaires de la presse internationale, j’ai compris qu’un tel dénouement était couru d’avance.

Il faut savoir qu’une sorte de guerre civile fait rage au sein du Comité international olympique. Une guerre entre traditionnalistes et réformateurs. Il y a ceux qui défendent l’opacité des structures actuelles et ceux qui militent pour davantage de transparence. Ce sont les défenseurs de la tradition qui ont gagné samedi.

Marc Hodler a donc perdu la bataille. L’an dernier, ce citoyen suisse, membre du CIO, avait déclenché les hostilités en dénonçant la corruption qui ronge les empires du sport international. Au sein du CIO, un clan s’était rapidement organisé autour de sa personne pour débarrasser le Comité de ses éléments les plus corruptibles. En face, un autre front organisait la résistance.

Les déclarations fracassantes de Marc Hodler n’étaient évidemment pas dénuées d’arrières-pensées. On s’en souvient, sa première salve avait surpris les observateurs, dans la mesure où elle visait l’organisation des compétitions internationales de ski, l’Italie et Fiat. Et non pas les structures olympiques.

Les défenseurs de l’opacité ont logiquement volé au secours de la candidature de Turin et de Fiat, tandis que les réformateurs se réunissaient autour de celle de Sion. Face à une telle bataille, qui touche à l’existence-même du CIO, les éléments techniques ne pesaient pas bien lourd.

En votant pour Turin, le comité de sélection a voulu résister à l´influence de l´administration olympique, où les Suisses, et particulièrement le clan Hodler, détiennent des postes importants.

Le choix de Sion pour les JO de 2006 aurait signifié la victoire du clan Hodler, le début d’un processus de nettoyage dans les structures du CIO et la fin d’une époque pour certains de ses membres. Le choix de Turin était celui de la survie.

Quand la survie est en jeu, le choix est vite fait.