Depuis peu, les MMS circulent indifféremment sur les réseaux mobiles suisses. Les opérateurs pensent que cette technologie remplacera à terme le SMS.
Depuis quelques jours, images et vidéos circulent librement entre les opérateurs suisses. Les détenteurs de téléphones mobiles multimédia peuvent enfin envoyer des messages MMS sans devoir préalablement s’assurer que le destinataire est bien abonné au même réseau qu’eux.
Cette restriction limitait passablement l’essor du MMS. «La compatibilité du service sur tous les réseaux suisses représente un pas très important, estime Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom. Jusque ici, l’expéditeur ne pouvait jamais s’assurer que son message arrivait bien à destination.» La portabilité des numéros rend en effet impossible l’identification du réseau du destinataire (derrière un «079» peut très bien se cacher un abonné Orange).
Les opérateurs attendent beaucoup de la messagerie multimédia qui, à terme, remplacera le SMS. Ce nouveau système, qui équipe tous les nouveaux téléphones, permet d’envoyer des données informatiques à travers le réseau mobile de manière beaucoup plus flexible. Ainsi, les textes transmis par MMS ne sont plus limités à 160 caractères et peuvent être envoyés à une adresse e-mail aussi facilement qu’à un autre téléphone. Par ailleurs, et c’est là son gros avantage, un MMS peut contenir une image, du son, ou même de la vidéo. S’il est envoyé à un téléphone non compatible (un ancien modèle), le MMS pourra être consulté sur le site Web de l’opérateur du destinataire.
Le tarif d’un envoi se détermine en fonction de la quantité de données transmises. Chez Swisscom, un texte (moins de 30 Kb) est facturé 20 centimes, comme un SMS, une petite image (30-100 Kb) 50 centimes et une photo de bonne qualité ou une vidéo (plus de 100 Kb) 90 centimes. Cependant, pour doper le marché, les opérateurs accumulent les offres spéciales. Ainsi, Orange propose les MMS – toutes tailles confondues – à 20 centimes jusqu’à la fin mai. Sunrise va encore plus loin: gratuité totale depuis le lancement du service en juillet 2002 et jusqu’à nouvel ordre.
«Nous nous positionnons comme l’opérateur le moins cher d’Europe et nous testons l’infrastructure par la même occasion, explique Mathieu Janin, porte-parole de Sunrise. Mais cela ne durera plus que quelques semaines. Ensuite, nous appliquerons un tarif unique de 50 centimes par envoi.» A terme, les prix devraient s’uniformiser, comme pour les SMS. «On constate qu’un usager qui envoie 60 ou 70 SMS par mois ne transmets que quelques images, entre 4 ou 5 dans la même période, explique John Delaney, analyste de l’institut britannique spécialisé Ovum. Les opérateurs auraient donc torts de fixer des prix trop bas. Une échelle tarifaire à trois niveaux, comme celle de Swisscom, devrait s’uniformiser en Europe, avec des tarifs comparables. Mais cela évoluera bien sûr lorsque l’ensemble du parc sera compatible.»
Pour l’instant, le démarrage du MMS en Suisse a été timide, voire en dessous des attentes. Seuls 80’000 clients de Swisscom utilisent cette technologie, soit moins de 2,3% de ses abonnés. Chez Orange, les 20’000 adeptes représentent à peine 2% de la clientèle. «L’envoi de photos ne sera jamais aussi profitable que celui de messages textuels. Mais à terme, le MMS se substituera au SMS, même si les usagers l’utiliseront essentiellement pour envoyer du texte, anticipe John Delaney de l’institut Ovum. Mais il faudra du temps, probablement jusqu’à 2006 ou 2007.»
Garfield, sexe et météo
Pour l’instant, l’application la plus intéressante de la technologie MMS consiste à transmettre des photos, que ce soit vers une adresse e-mail ou un autre téléphone. Certains modèles possèdent une caméra intégrée (Nokia 7250, Panasonic GD87, Ericsson P800) qui n’ajoute ni à la taille ni au poids de l’appareil. Aux autres modèles de téléphone MMS, on doit brancher une caméra externe, reliée par un fil ou une connexion hertzienne Bluetooth. Les téléphones commercialisés actuellement transmettent des photos de qualité relativement basse, exploitables seulement en petit format sur un écran de téléphone ou de PC.
Mais les constructeurs, notamment le coréen Samsung, préparent déjà des appareils permettant d’envoyer des images de qualité supérieure (jusqu’à un million de pixels). Le Nokia 3650, commercialisé depuis quelques jours en Suisse, initie quant à lui la transmission de séquences vidéos. Une tarification différente s’appliquera bientôt à l’envoi de ces documents qui utilisent une bande passante beaucoup plus importante.
Les opérateurs espèrent aussi que les usagers s’emballent pour les «services à valeur ajoutée» que le MMS permet. «Nos abonnés peuvent télécharger une carte météo en couleur ou un gag de Garfield», évoque ainsi Mathieu Janin, porte-parole de Sunrise. Dans la catégorie «valeur ajoutée», c’est cependant le téléchargement d’images et d’animations érotiques qui connaît, tous pays confondus, le plus grand succès.
