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Genève en théâtre de violence urbaine

Dimanche, les casseurs et les pillards ont volé la vedette aux manifestants pacifiques. Les badauds ont profité du spectacle. Reportage.

Organisation internationale pour les migrations. Vous ne savez pas ce qu’on lui reproche? Les manifestants interrogés non plus, ce qui n’a pas empêché les plus violents d’entre eux de lui fracasser quelques vitres, sous l’œil ahuri (et toujours les camescopes) des nombreux spectateurs. Mais là aussi, les forces de l’ordre sont restées en retrait et le gaz lacrymogène a été rapidement dissipé.

Le summum de l’absurde avait été atteint quelques minutes plus tôt, quand les premiers cailloux ont percuté la façade de l’Organisation météorologique mondiale. Plus d’une dizaine de baies vitrées de ce bâtiment-paquebot situé près des voies CFF ont été trouées. «Et pourtant, il fait beau et chaud, il n’y a pas de quoi se plaindre», a plaisanté un spectateur. Un peu plus loin, certains militants ont hurlé «Poutine assassin» en lapidant la Mission de Russie.

Toujours sous le soleil, les casseurs se sont rapidement mêlés à la foule (ils ne portaient pas de déodorant, une manifestante s’en est plaint…). L’Hôtel Intercontinental a échappé à leurs violences, mais toute la façade vitrée d’un garage Amag a été pulvérisée par des cailloux et des marteaux, sous les applaudissements d’un jeune homme manifestement perturbé. Même scénario devant un bâtiment anonyme de la rue de Montbrillant. Avec, à chaque fois, la police qui arrivait en queue de peloton. On peut se demander maintenant si les caméras DV des badauds vont être réquisitionnées pour l’identification des vandales.

Les manifestants ont appris plus tard qu’un seul casseur avait été arrêté lors de cette première manif. Conséquence: un conseil de crise a eu lieu samedi en début d’après-midi dans le camping anarchiste d’Annemasse, sous un chapiteau surchauffé par le soleil. Fallait-il ou non partir à la rescousse de ce camarade emprisonné? «Il faut y aller», a décidé l’assemblée à l’issue d’un débat, en anglais et en français, qui est resté très policé.

Le lendemain, la plupart d’entre eux défilaient tranquillement entre Genève et Annemasse, en militant pour l’annulation de la dette des pays pauvres, l’agriculture à dimension humaine, la régulation des flux financiers et le maintien des services publics. Combien étaient-ils? Entre 50’000 et 100’000. Pour en savoir plus cliquer ici.