La photo numérique ne connaît pas la crise: les ventes d’appareils doublent chaque année, depuis le début de ce siècle. Sur le seul marché suisse, plus de 50’000 pièces ont été écoulées lors du dernier trimestre, ce qui représente désormais le tiers des appareils photo toutes catégories, indique l’Association suisse des importateurs (ISFL).
Cette évolution technologique transforme profondément les pratiques, depuis la prise de vue jusqu’à la publication. Conséquence: les consommateurs ont parfois de la peine à suivre.
A l’approche des vacances d’été, qui restent la meilleure occasion de passer au numérique, nous avons examiné les dernières innovations du marché. Elles concernent la qualité des images, leur stockage en mémoire ainsi que leur conservation sur papier ou sur l’internet. Exemples.
Des pixels par millions
Argument choc affiché en vitrine: les nouveaux appareils compacts proposent une résolution de trois à cinq mégapixels (millions de points).
«On peut dire que le grand saut qualitatif a eu lieu entre les appareils à 2 mégapixels et les nouvelles gammes à 3 ou 3,2 mégapixels, qui offrent une très bonne qualité pour les tirages aux formats usuels», explique Charles Galbiati, patron du magasin spécialisé Photo Grancy, à Lausanne. «C’est la vraie tendance de l’été: un appareil ultracompact, au design soigné, comme le Minolta Dimage XT ou le Pentax Optio.»
Autre nouveauté, l’arrivée d’appareils reflex numériques enfin abordables, munis de capteurs de 6 mégapixels ou même davantage. Ils sont équivalents en tout point aux reflex argentiques, dont ils réutilisent les objectifs, comme le Canon EOS 10D, disponible autour des 3000 francs.
La mémoire en cartes
Si le type de carte-mémoire ne doit pas influencer l’achat d’un appareil, il faut savoir que les prix varient fortement lors de l’achat de cartes supplémentaires, auquel l’usager ne coupe pas. Des plus chers (SD et Memory Stick) au plus avantageux (Compact Flash), les prix dépendent aussi des revendeurs, et une comparaison rapide en magasin peut apporter de bonnes surprises.
Pour le prix d’une dizaine de films analogiques, une carte de 256 méga-octets est garantie cinq ans et offre une plus grande autonomie, entre deux sauvegardes sur PC.
Imprimantes encore lentes
Faut-il acquérir une imprimante à jet d’encre et effectuer soi-même les tirages sur papier? A première vue, l’idée paraît séduisante. Les prix de ces imprimantes continuent de chuter, pour une qualité de reproduction sans cesse plus élevée.
«Les nouveaux modèles ouvrent des possibilités artistiques inédites», remarque Eddy Mottaz, photographe professionnel, qui travaille notamment pour Le Temps. «En utilisant un logiciel de retouche comme Photoshop, on parvient à une liberté totale dans le choix des couleurs, qui seront rendues très fidèlement par l’imprimante. Le choix du support constitue un autre avantage artistique: on peut imprimer sur n’importe quel type de papier. Les nouvelles encres offrent aussi une durée de vie supérieure aux tirages argentiques, jusqu’à septante-cinq ans.»
Cela dit, Eddy Mottaz utilise son Epson 2100 format A3 surtout pour ses travaux personnels. Car lorsqu’il tient compte du prix du papier et des cartouches, l’opération se révèle très chère.
«De plus, pour un usage privé, c’est généralement la lenteur de ces imprimantes qui décourage les utilisateurs», indique Mehmet Çagan, propriétaire du magasin Photo-Çagan à Vevey.
Le labo n’est pas mort
Même s’il n’est plus nécessaire de développer ses photos pour les admirer, la plupart des usagers gardent l’habitude d’envoyer leurs clichés au laboratoire pour obtenir des tirages sur papier.
«Nous voyons toujours plus de clients nous apporter leurs photos numériques à développer, directement depuis la carte- mémoire ou alors sur un CD qu’ils ont gravé, dit Mehmet Çagan. La demande est telle que nous allons bientôt permettre aux clients de nous les envoyer par e-mail.» Du magasin de quartier aux groupes spécialisés, comme Colormailer.ch ou Photocolor Kreutzlingen, nombreuses sont les entreprises qui tentent de s’établir sur ce nouveau marché.
L’album en ligne
La dernière mode, pour le photographe amateur, consiste à stocker ses clichés sur un site collectif, pour les montrer au monde. Du plus anodin au plus étonnant, ces sites rassemblent des passionnés pour qui la photo numérique s’est transformée en journal intime.
Le meilleur d’entre eux, Fotolog.net, fondé par trois amateurs new-yorkais, est déjà victime de son succès avec 10’000 inscrits et 160’000 photos.
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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 8 juin 2003 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.