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Finlande, bottes de caoutchouc et téléphone cellulaire: un siècle d’histoire de Nokia

Longtemps, Nokia était plus connu pour ses tuyauteries que pour ses téléphones. Aujourd’hui, l’entreprise double ses ventes chaque année grâce au dynamisme détendu de son directeur, qui a fait installer un sauna géant dans les locaux de l’entreprise.

A la fin du siècle dernier en Finlande, les tsars Alexandre II et III ont estimé que seules les lignes de télégraphe devaient rester sous le contrôle de l’Etat, contrairement aux appareils de transmissions qui pouvaient être considérés comme de simples outils.

Cette libéralisation précoce pousse alors de nombreux industriels finlandais à se lancer dans la fabrication de télégraphes. Mais en 1865, lorsqu’il installe un moulin à eau le long d’une rivière au sud de la Finlande, l’ingénieur Fredrik Idestam a une autre idée. Son usine, qu’il baptise lui-même Nokia, servira en premier lieu à la fabrication du papier. Plus tard, le conglomérat s’est diversifié: caoutchouc, tuyauterie, câbles et industrie lourde. Ce n’est que dans les années 1960 que Nokia se lance dans les télécommunications.

La marque est restée longtemps célèbre au nord de l’Europe pour ses bottes en caoutchouc et ses pneus plutôt que pour ses téléphones. C’est le NMT, Nordic Mobile Telephone, standard créé en 1981, qui amorce la fusée de la téléphonie sans fil: avant tout le monde, la Scandinavie s’enthousiasme pour le mobile.

Quand l’Europe s’est enfin décidée pour le système GSM en 1987, Jorma Ollila, fraîchement nommé à la tête de Nokia, décide d’investir à fond dans cette technologie. C’est en Finlande que le premier réseau GSM est lancé, par l’opérateur Radiolinja. Les ingénieurs de Nokia deviennent les spécialistes de ce qui allait devenir le standard de la téléphonie mobile numérique. Nokia se concentre dans la fabrication des téléphones et des stations de base nécessaires à la transmission des communications (qui représentent 35% de ses revenus actuellement). Aujourd’hui, le groupe est responsable du quart de la croissance économique que connaît la Finlande.

Avec son marketing accrocheur («Connecting People», slogan fascinant) et ses appareils stylés aux couleurs souvent interchangeables, Nokia est parvenu à se hisser en première place d’un marché convoité et ultracompétitif. Il s’est vendu l’an dernier plus de 160 millions de téléphones portables sur la planète. Près d’un quart était de marque Nokia (22,9%), suivi par les deux autres poids lourds, l’américain Motorola (19,8%) et le suédois Ericsson (14,6%).

Les ventes de la marque doublent chaque année depuis 1993. Cette réussite est notamment celle de Jorma Ollila, ancien banquier, qui dirige l’entreprise depuis 1992 avec ses méthodes «laid back» à la finlandaise: tous les managers de Nokia doivent échanger régulièrement leur poste avec leurs collègues pour ne pas s’enfermer dans la routine. Et à la place des piscines de la Silicon Valley, Ollila a fait installé un gigantesque sauna ouvert 24 heures sur 24 dans les locaux de l’entreprise.

Comme Apple en informatique, Nokia doit son succès à l’élégance et la qualité de l’interface de ses appareils. Toute personne qui a déjà essayé de mémoriser un numéro ou de configurer une boîte vocale avec un portable Motorola ou Siemens sait ce dont je veux parler. Intuitif, facile à utiliser et élégant, le Nokia mérite l’appellation de «Macintosh du cellulaire».

La culture moderne et valorisante de Nokia est profondément ancrée dans la population finlandaise. Aujourd’hui, 60% des Finlandais possèdent un téléphone mobile, le taux le plus élevé du monde, et la moitié des foyers abritent un ordinateur personnel. Les parents veulent préparer leurs enfants à la vie moderne dès le plus jeune âge et sont prêts à payer leurs factures pour le mobile et le Net.

Le système scolaire finlandais s’est adapté en conséquence, offrant une éducation poussée dans les hautes technologies et l’anglais. L’Etat délivre à la fin de l’école obligatoire un «Permis de conduire technologique» aux étudiants suffisamment compétents en informatique.

Exemple de réussite de cette cyberscolarisation précoce: c’est en marge de ces études que Linus Torvalds a développé le célèbre système d’exploitation Linux qui effraie aujourd’hui Bill Gates.