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Ringier dans Le Temps: moins facile que prévu

Il y a un mois, Largeur.com révélait le projet du groupe Ringier de monter en force dans le capital du journal Le Temps. L’information avait été rapidement confirmée par les principaux protagonistes de l’affaire, les groupes Edipresse et Ringier, qui seront réunis à parts égales dans une société destinée à contrôler une large majorité du capital du Temps (83%).

Ce rapprochement entre les deux plus grands éditeurs du pays, qui doit encore recevoir l’aval de la Commission de la concurrence (ComCo), pose des problèmes imprévus. La direction du journal croyait en effet pouvoir supprimer dès la mi-juillet son coûteux supplément TéléTemps et le remplacer par le magazine TV8 de Ringier.

«Nous avons peut-être été exagérément optimistes, reconnaît Stéphane Garelli, président du Temps. Nous pensions que ce changement de supplément pouvait être considéré comme une simple prestation de service, indépendante de la montée de Ringier dans notre capital. Nous nous sommes trompés.»

Le quotidien genevois est aujourd’hui coincé. Il vient de supprimer plusieurs emplois et n’est plus en mesure de produire un supplément TV. Il ne peut pas davantage distribuer TV8 tant qu’il n’a pas reçu l’autorisation de la ComCo.

«Nous nous prononcerons dans le courant de la semaine prochaine sur la question des suppléments TV, explique Walter Stoffel, président de la Commission. Si notre réponse est négative, le Temps devra attendre au moins jusqu’au 9 août avant d’entreprendre quoi que ce soit». «Et il n’est pas du tout exclu que la Commission s’accorde un délai de réflexion supplémentaire jusqu’à fin novembre…», ajoute Stefan Renfer, avocat de la ComCo.

Pour éviter que ses abonnés soient privés de supplément TV pendant de longues semaines, Le Temps pourrait alors «faire le forcing» et leur envoyer TV8 sans l’assentiment de l’arbitre fédéral. Mais cette audace pourrait lui coûter très cher. «Une sanction administrative d’un million de francs maximum est prévue dans un tel cas», annonce Walter Stoffel.

Si la Commission prend son temps, c’est pour s’assurer que le «joint-venture» prévu entre les deux éditeurs ne porte pas atteinte à la concurrence. Elle pourrait ne l’autoriser qu’à certaines conditions. Mais elle sait bien que sa marge d’appréciation reste limitée. «La survie du Temps dépend de cet accord», annonce gravement Stéphane Garelli.