Le nombre d’étudiants à l’EPFL a augmenté de 50% en dix ans, alors le chiffre est resté stable à Zurich. Plus du tiers des inscrits sont étrangers. Les raisons d’un succès.
Avec des inscriptions en hausse chaque année, le Poly de Lausanne affiche un dynamisme insolent face à son grand frère zurichois. Le ton est donné par son patron, Patrick Aebischer, qui veut placer l’EPFL aux côtés d’Oxford ou de Harvard.
Cette ambition semble porter ses fruits: alors qu’il stagne à 12’000 depuis quinze ans à Zurich, le nombre d’étudiants est passé de 5700 à 8000 en quatre ans à Lausanne, dont un quart de jeunes Alémaniques. L’école rayonne également sur le plan international: la part d’étudiants étrangers y est de 36%, alors qu’elle dépasse à peine 15% à Zurich.
«C’est la victoire d’Alinghi contre les Prix Nobel, dit Xavier Comtesse, directeur romand du think tank Avenir Suisse. On se rend compte que les critères qui comptent dans le choix d’une formation ont changé.»

«Lausanne a une image beaucoup plus jeune et conviviale que Zurich. Le contact avec les professeurs est plus aisé, et cela ressemble moins à une usine à cerveaux, observe Thomas Iff, Soleurois de 24 ans terminant ses études au Poly (photo ci-dessus). Cela provient sans doute de sa taille plus humaine et de sa situation en dehors de la ville.»
Pour séduire de nouveaux étudiants, l’EPFL s’efforce d’entretenir des contacts privilégiés avec les entreprises, engage les meilleurs professeurs à l’étranger et propose des formations qui attirent. Déjà, la moitié des enseignants viennent de l’extérieur. «Il existe aujourd’hui une nouvelle forme de concurrence avec Zurich, constate Francis Waldvogel, président du Conseil des écoles polytechniques fédérales. Lausanne se démarque notamment par une politique de recrutement extrêmement efficace des professeurs.»
«En plus, l’EPFL sait parler aux entreprises», poursuit Xavier Comtesse. Après avoir convaincu l’américain Medtronic de s’établir sur les bords du Léman, l’école a créé avec Nestlé un centre de recherche sur la perception sensorielle.
Autre atout pour s’assurer de nouvelles inscriptions: proposer les bonnes branches au bon moment. «Il y a trois ou quatre ans, nous avons créé des filières dans des domaines très porteurs, se réjouit Nicolas Henchoz, adjoint du président de l’EPFL. La microtechnique ou les systèmes de communication, qui n’existent pas à Zurich, attirent beaucoup de Suisses alémaniques.»
Au-delà de ces formations traditionnelles d’ingénieurs, l’EPFL a aussi rassemblé patiemment des activités qui lui échappaient jusqu’alors. En récupérant la chimie, les mathématiques et la physique de l’Université de Lausanne, elle est en passe de créer un pôle prometteur autour des sciences de la vie. Cet automne déjà, de nouvelles formations seront proposées en technique biomédicale, génétique, bioinformatique et neurologie, en partenariat avec les universités de Lausanne et Genève. Selon la même logique, l’Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (ISREC) sera transféré à Ecublens l’année prochaine, dès que les 20’000 rongeurs de l’Institut pourront y loger.
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Une version de cet article a été publiée dans Le Matin Dimanche du 17 août 2003.
