Le système Stream-It, mis en place par Bluewin, permet de regarder la TV en bonne qualité sur son PC. Un boîtier spécial permettra de relier directement son téléviseur à la ligne téléphonique. Une petite révolution en matière d’audiovisuel à la demande.
Brancher la télévision à la prise du téléphone: l’idée peut surprendre. Mais elle préoccupe bel et bien les opérateurs de téléphonie depuis plusieurs mois. Rendu possible par des progrès techniques fulgurants dans le domaine de l’accès à internet par l’ADSL, le rêve des providers pourrait se matérialiser plus tôt que prévu: détenir une liaison capable de concurrencer frontalement le câble et le satellite pour la diffusion de programmes télévisés.
Dès l’année prochaine, Bluewin testera un boîtier (Set Top Box) qui permettra à ses abonnés ADSL de recevoir sur leur télévision un bouquet de chaînes TV et des films à la demande. Ce boîtier permettra de recevoir les programmes directement sur une télévision, et non plus seulement sur un écran d’ordinateur comme c’est le cas actuellement.
La filiale de Swisscom suivra ainsi l’exemple d’autres opérateurs de téléphonie en Europe. Par exemple, France Télécom a annoncé le mois dernier le lancement d’un service similaire en partenariat avec le bouquet satellitaire TPS, filiale de TF1 et de M6.
Disponible à Lyon en décembre et dans 24 villes de France dès le début de l’année, cette offre, baptisée TPSL, permettra aux abonnés ADSL de France Télécom de recevoir les chaînes du bouquet numérique sans s’équiper d’une parabole. Une aubaine pour TPS dont 90% des clients vivent en logements individuels: via l’ADSL, le diffuseur compte mieux couvrir le centre des villes, soit 10 millions de clients potentiels qui lui échappaient jusqu’alors.
«En ajoutant un canal de distribution pour la télévision, l’ADSL apporte une concurrence bienvenue, analyse Philippe Mottaz, ex-directeur de l’information à la TSR, aujourd’hui patron de AnyScreen, une société de conseil et de production multimédia. La meilleure gestion de la bande passante rend enfin Swisscom compétitif face au câble. Et son réseau est beaucoup plus moderne. De l’autre côté, c’est de bonne guerre, Cablecom attaque Swisscom en se diversifiant dans la téléphonie.»
Swisscom, et sa filiale Bluewin, s’intéresse depuis longtemps au développement de la télévision par téléphone. Depuis novembre 2002, Bluewin faisait figure de pionnier européen en offrant l’accès à ses abonnés à Stream-It, une plateforme de contenus vidéo à la carte. La nouveauté résidait alors dans le fait que la capacité de la ligne du client, généralement limitée à 256 ou 512 Kbits par seconde pour l’accès à internet, était débloquée et passait à près de 1,5 Mo par seconde pour la transmission de la vidéo, permettant de diffuser sur l’ordinateur une image de qualité VHS, sans aucun délai de chargement, ou presque.
Aujourd’hui, Stream-It compte 5’000 abonnés en Suisse et diffuse 30 chaînes de TV ainsi que 500 heures de documentaires, séries et films en tout genre, y compris érotique soft. Le contenu hard, locomotive de ce genre de services, est diffusé à travers une adresse différente, erotic-stream.ch, «une entité séparée», assure Bluewin qui ne veut pas se salir les mains. Sur Stream-It, la consultation du catalogue et gratuite, de même que quelques chaînes comme la TSR et la DRS. Les prix des contenus supplémentaires varient en fonction du format: l’abonnement à une chaîne de TV comme 13ème Rue, Sci Fi Channel ou Bloomberg coûte cinq francs par mois.
Grâce à une intégration plus facile avec les téléviseurs, l’ADSL risque bien de changer la donne en matière de télévision à la demande. «Mais au-delà de la technique, il existe une autre condition du succès, conclut Philippe Mottaz. Il faut être en mesure de proposer des contenus spécifiques qui attirent le public. Et là, rien n’est joué.»
Le magnétoscope numérique à la conquête de l’Amérique
Depuis des décennies, les chaînes de télévision ont décidé de ce que les spectateurs regarderaient, et à quelle heure. Le magnétoscope inventé par Sony en 1975 avait à peine changé la donne. Mais depuis la fin des années 1990, un nouveau venu américain cause des migraines à une industrie déjà aux aguets.
La TiVo, produite par la société du même nom, est un magnétoscope numérique qui, grâce à une technologie banale dans le monde du PC, devient révolutionnaire connecté à une TV: un disque dur pouvant stocker des centaines d’heures de vidéo compressée, le tout accompagné d’un guide des programmes interrogeable par mots-clé ou par thème pour toutes les chaînes disponibles. En un coup de télécommande, il enregistrera tous les épisodes d’Urgences jusqu’à la fin de la saison ou encore tous les films de Kurosawa, quelle que soit la chaîne, en zappant les pubs, bien évidemment.
Avec une marque inconnue et peu de moyens, TiVo a vendu un million de ses boîtiers en cinq ans, avant que les opérateurs du câble ne la rejoignent et proposent leurs propres versions faisant passer le nombre d’utilisateurs à quatre millions cette année au Etats-Unis. L’institut de prospective Forrester prévoit que d’ici trois ans, 27% des ménages américains utiliseront un magnétoscope numérique.
Il n’aura pas fallu attendre plus longtemps pour que Microsoft, Sony et Dell trouvent l’idée à leur goût et surtout capable de redonner à l’ordinateur de bureau un nouveau lustre, en lui trouvant enfin sa place au salon. Fonctionnant sur un ordinateur compatible équipé d’une prise TV et d’une sortie pour le téléviseur, Microsoft a mis au point une nouvelle version de son système d’exploitation baptisée Windows XP Media Center, récemment publiée dans sa version 2004.
Une quarantaine de constructeurs commercialiseront des ordinateurs compatibles dès cette année. Selon les vœux de Microsoft, Windows Media Center deviendra en 2004 le système d’exploitation standard des PC moyen et haut de gamme.
