TECHNOPHILE

Vive le bug de l’an 2000

L’informatique menacée par le bug me dégoûte.

Un ami journaliste vient de m’appeler. II doit terminer un article consacré au bug de l’an 2000. Il ne sait plus qu’écrire. Je lui ai proposé de défendre l’idée que le bug était une chance inouïe pour le monde de l’informatique.

L’informatique menacée par le bug me dégoûte. Elle est vieille et moche. Et elle pue. Elle sent encore les bandes magnétiques et les cartes perforées. Elle me rappelle ces vieux informaticiens barbus qui arpentaient les couloirs de ma faculté. Ils étaient respectés parce qu’ils étaient capables de faire démarrer un PDP-11 avec un fer à souder dans une main. Mais aujourd’hui, ils sont dépassés par les systèmes répartis, et surtout par le Net, cet objet curieux, impossible à palper, né dans des cerveaux plus performants que les leurs.

Les vieux informaticiens n’aiment pas internet. Dans les universités et les grandes entreprises, ils essaient d’en limiter l’accès, en évoquant des problèmes de sécurité. Ils préfèrent les systèmes centralisés, propriétaires, les systèmes dont ils sont les seuls à posséder la clé.

Le bug de l’an 2000 est une chance Il nous débarrassera de la culture des ordinateurs centralisés, des langages horribles comme le Cobol, et des informaticiens négligés qui manient le fer à souder. Alors, vive le bug.

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Christian Blumberg n’a jamais connu les PDP-11 (à part dans les bouquins d’informatique qu’il a dû lire pendant ses études), ni les cartes perforées (à part dans la machine à laver de sa grand-mère).