Nichée au bord du plus grand lac alpin d’Europe, Lausanne séduit par son image de ville où il fait bon séjourner et vivre. Un sentiment qu’elle suscite également par son cadre naturel préservé. Avec ses 350 hectares de parcs et jardins, elle est l’une des agglomérations les plus vertes du continent. En 2019, le magazine britannique Monocle l’a d’ailleurs désignée «Meilleure petite ville du monde», mettant en avant son engagement en faveur d’un mode de vie sain et durable, illustré par ses vastes espaces verts et ses investissements dans les énergies renouvelables. Ses alentours, viticoles et montagneux, ainsi que la campagne environnante, lui apportent une énergie vivifiante. Construite sur trois collines, elle est entourée de dénivelés verdoyants qui offrent des panoramas spectaculaires sur le lac Léman et les Alpes. Des infrastructures de qualité, un dynamisme culturel et des offres diversifiées dédiées au bien-être complètent ce tableau de «ville de santé».
Cette réputation est assez ancienne, comme l’explique Vincent Barras, médecin et historien de la médecine: «Dès le XIXe siècle, Lausanne et sa région misent sur les industries de la santé et du bien-être. La tradition, issue du romantisme, considère l’espace des Alpes comme une nature première bénéfique et ses habitants comme étant «très sains», alors que l’environnement urbain de type industriel à grande échelle est perçu comme néfaste pour la santé. La première vague de visiteurs sont des touristes anglais qui viennent pour se soigner, se régénérer, se faire du bien.»
Les entrepreneurs locaux, les médecins et les hôteliers organisent alors une économie centrée sur ces principes de santé. «On assiste au développement des cliniques, comme Cecil ou Bois-Cerf, poursuit Vincent Barras. Dans les prospectus publicitaires de l’époque, Lausanne est évoquée comme «La Mecque de la médecine et du bien-être». C’est le premier âge d’or de la ville, extrêmement connue en Europe pour cela.» Cette médecine de luxe, qui s’adresse initialement aux élites européennes, aura aussi des retombées positives pour la population lausannoise avec le développement de la médecine publique: «Beaucoup de cliniques wellness continuent aujourd’hui de capitaliser sur cette construction mythique. Au cours du XXe siècle, la pratique du sport se greffe sur celle de l’hygiène du XIXe siècle.» Cette tradition médicale perdure à travers le développement de la Health Valley, cet écosystème romand d’innovation rassemblant des institutions médicales et de recherche de pointe (voir encadré).
Un mode de vie actif
Aujourd’hui l’environnement naturel incite toujours les locaux et les visiteurs à passer du temps à l’extérieur, favorisant ainsi le mouvement. La mobilité douce est encouragée, grâce à l’ajout d’ascenseurs publics pour compenser les dénivelés et à un réseau cyclable en pleine expansion, atteignant près de 130 kilomètres en 2023, soit le double de 2010. Les promenades au bord du lac, à pied, en roller ou à vélo, les grands parcs, les sentiers de randonnées et les nombreuses activités nautiques sont autant d’opportunités de se reconnecter à la nature.
Pour entretenir sa forme et son bien-être, les possibilités sportives ne manquent pas. Patricia Soave, responsable des formations fitness et wellness du département Sport et Santé, commun à l’Université de Lausanne (UNIL) et à l’École polytechnique fédérale (EPFL), souligne qu’il y en a pour tous les goûts, entre les multiples fitness, les nombreux clubs de sport et les infrastructures extérieures: «Cela va des activités extrêmes comme le crossfit, qui requiert de grandes qualités athlétiques, aux méthodes plus douces comme le tai-chi, qui s’inscrit dans la tendance actuelle du wellness. Dans la région, l’activité la plus accessible – et gratuite – reste le Parcours Vita, qui se pratique dans des lieux magiques, en forêt (à Vidy ou au Chalet-à-Gobet, ndlr).»
Pas étonnant que la capitale vaudoise soit aussi la première ville suisse de plus de 100 000 habitants à avoir obtenu le label «Commune en santé». La répondante du programme, Julie Wuerfel, détaille ce qui lui a valu cette distinction: «La politique publique 2025-2028 de Lausanne est guidée par cinq principes directeurs en faveur de la promotion de la santé, à savoir une population capable d’agir en faveur de la santé globale, davantage d’égalité sociale en matière de santé, des cadres de vie et des environnements favorables à la santé, des modes de vie sains et actifs et une santé mentale renforcée.»
«Les voyageurs ont l’impression de se ressourcer à Lausanne»
Coach sportif indépendant, Jeremy Peltier a fait de la Capitale Olympique son terrain de jeu, tirant parti de la diversité de ses paysages et infrastructures pour personnaliser ses séances.
Ancien footballeur formé au Paris Saint-Germain, Jeremy Peltier s’est ensuite tourné vers l’encadrement sportif. À Lausanne, où il vit et travaille depuis 20 ans, le diplômé en éducation sportive a trouvé le cadre idéal pour conjuguer sport et nature. Il nous raconte cette ville où il aime transpirer.
Quelles sont les particularités de Lausanne pour le sport ?
Jeremy Peltier: La ville offre une situation exceptionnelle: entre son dénivelé, le bord du lac qui est fantastique et la montagne qui se trouve à 40 minutes. Par rapport à d’autres villes et régions, elle permet une grande diversité d’activités répondant à tous les besoins et désirs. Pour la marche, le jogging, le vélo ou le roller, il y a des parcours plats le long du lac. Pour du dénivelé, on en trouve partout. On peut aussi facilement monter vers les hauts de la ville, jusqu’au Chalet-à-Gobet par exemple, pour profiter des pistes pour la course à pied et le VTT en pleine forêt.
Les environs de Lausanne sont aussi très intéressants…
Oui, le Lavaux présente des paysages extraordinaires, à quelques minutes de Lausanne. Au-dessus de Cully, par exemple il y a des possibilités de marcher, courir ou faire du vélo en pleine nature. J’y emmène régulièrement mes clients. On emprunte la montée en pente douce sur Chexbres, avec une vue magnifique sur le lac. Contrairement à Paris, où j’ai grandi, les distances sont courtes dans la région lausannoise. Que j’aille m’entraîner à Ouchy ou dans le Lavaux, j’ai toujours l’impression d’être sur mon terrain de sport! J’aime aussi courir le long du lac, car il y a partout des petites plages où s’arrêter pour faire de l’exercice. C’est un vrai luxe en plein air.
Dans quelle mesure utilisez-vous le cadre urbain dans vos programmes?
Je propose beaucoup d’Urban Training. Lausanne s’y prête bien, avec ses dénivelés, ses aménagements urbains et la nature à proximité. Certains lieux offrent des spécificités utiles. Par exemple, le parc du Musée Olympique, en partie en pente, permet de réaliser énormément d’exercices cardiovasculaires ou d’assouplissement. De plus, avec la dimension culturelle du lieu, on joint l’utile à l’agréable!
Profitez-vous du lac pour vos cours?
Bien sûr! J’emmène mes clients nager ou pratiquer l’une des nombreuses activités nautiques proposées. Le paddle, par exemple. En communion avec la nature, il sollicite de nombreuses ressources physiques et offre un entraînement complet. En plus, beaucoup de personnes se réjouissent de la qualité de l’air. C’est une remarque qui revient souvent de la part des clients qui voyagent: ils ont l’impression de se ressourcer à Lausanne.
L’eau, élément central
Entre vastes espaces verts propices à la détente, comme le parc Bourget et la plage de Vidy – formant le plus grand espace naturel au bord du Léman –, sentiers pour la balade ou le sport et infrastructures dédiées aux activités nautiques, le bord du lac invite à profiter pleinement de l’eau. Deux centres d’aviron, le Lausanne-Sports Aviron et le Rowing Club Lausanne, accueillent débutants et initiés. La baignade fait aussi partie du quotidien de nombreux Lausannois. «L’eau a un effet apaisant sur les personnes stressées et renforce les défenses immunitaires. En hiver, la baignade doit cependant être accompagnée d’un encadrement sérieux selon l’état de santé», précise Patricia Soave.

Lausanne a également développé un large choix d’infrastructures pour les amateurs de natation (voir ci-dessous). «Au début du XXe siècle, la création de piscines est issue du vaste mouvement hygiéniste de la santé, mentionne l’historien Vincent Barras. La baignade dans le lac, elle, est un phénomène plus récent, du moins à l’échelle que nous connaissons aujourd’hui. Particulièrement la baignade en eau froide, l’urban swimming, qui fait de plus en plus d’adeptes depuis quelques années.»
«Le yoga augmente la vitalité»
Installée à Lausanne depuis quinze ans, Mehernaaz Damania y a trouvé un environnement propice à l’enseignement du yoga.
Mehernaaz Damania est professeur agréée de Hatha Yoga. Originaire de Mumbai, en Inde, elle s’est également formée aux États-Unis, en Australie et en Angleterre. Dans son centre, le Wellness Lausanne, à la rue de Bourg, la coach aborde la santé avec une approche traditionnelle.
Quels sont les lieux de Lausanne où vous cultivez votre propre bien-être?
Mehernaaz Damania: Le lac est un vrai bijou pour cette ville. Il y a des coins sympathiques pour se balader, pique-niquer ou juste admirer les splendides Alpes et les cygnes. J’adore aussi la Cathédrale. Elle est magnifique, c’est un vrai symbole de Lausanne, bien placée en hauteur. Pour ceux qui, comme moi, aiment la vie nocturne, il y a plein de bars, de possibilités pour la danse pour tous les âges. J’adore danser. Cela me libère. À Bombay, on danse au moins deux fois par semaine.
Quelle pratique du yoga proposez-vous dans votre établissement?
Ce n’est pas uniquement un centre de yoga, mais un centre holistique avec une approche plus large. J’enseigne le yoga traditionnel qui procure de nombreux bienfaits: physiques, mentaux et émotionnels. Le but est la réalisation de soi-même, bien que je n’enseigne pas la pratique de la spiritualité. Je suis spécialisée dans le traitement des douleurs de la nuque et du dos. Je veille à ce que les gens adoptent la bonne posture. Certains ne connaissent pas leur corps et les risques qu’il y a à pratiquer des exercices de façon incorrecte.
Dans quel état d’esprit viennent les personnes intéressées par votre approche ?
Elles sont très stressées et arrivent au centre en courant! Je trouve que la vie en Europe est très chargée, avec beaucoup d’obligations et de responsabilités. Avec les vagues de licenciements que l’on voit partout, des employés se retrouvent à exécuter le travail de plusieurs personnes. Ce qui me frappe, c’est le peu de prévention des entreprises alors que les burn-out et les arrêts maladie peuvent être évités. Le problème, c’est aussi que les gens ont peu de temps pour faire du sport. C’est un cercle vicieux: ils veulent faire trop de choses, se prennent pour des superwomen et supermen et finissent par ne pas entendre leur corps qui dit «stop».
Du sport au spa
Lausanne s’est aussi mise au petit soin de ceux qui préfèrent se détendre sans trop d’efforts, leur proposant une large offre de centres de bien-être et de spas, dont ceux des trois hôtels cinq étoiles de la ville, le Royal Savoy, le Lausanne Palace et le Beau-Rivage Palace. Stéphane Reumont, directeur Spa & Wellness de ce dernier depuis près de 20 ans, explique: «Beaucoup de personnes viennent de la région: 70 % de notre clientèle réside entre Sion et Genève.» Les spas trouvent leurs racines dans un passé lointain, précise-t-il: «La structure géologique des Alpes, avec des sources en abondance, favorise le développement de la balnéothérapie, dont l’origine remonte à l’Antiquité. La vogue actuelle du spa provient en ligne droite de cette culture. Toutefois, jusqu’au XXe siècle, on allait chercher l’eau chaude à la source. Aujourd’hui, c’est la source qui vient à vous.»
Capitale de la santé
L’agglomération lausannoise s’impose comme un pôle d’excellence en matière d’innovation en santé et en biotechnologie au cœur de la Health Valley. Inspiré de la Silicon Valley californienne, ce surnom désigne l’écosystème romand dynamique comprenant une très forte concentration d’institutions académiques, d’entreprises et de centres de recherche collaborant pour faire avancer les sciences de la vie. S’y côtoient notamment, à Lausanne, le parc Biopôle, plus grand campus suisse dédié aux sciences de la vie, inauguré en 2008, la Fondation ISREC (Institut Suisse de Recherche Expérimentale sur le Cancer), créée en 1964, de nombreuses start-ups soutenues dans leur développement, ainsi que l’Université de Lausanne (UNIL) et l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), où, par exemple, la recherche en neurosciences des Professeurs Jocelyn Bloch et Grégoire Courtine a permis de faire remarcher des personnes paraplégiques. Une première qui a fait le tour du monde!
Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), classé 15e meilleur hôpital du monde en 2025 par Newsweek, occupe également une place centrale. «Notre réputation repose sur la reconnaissance scientifique et académique, remarque Stéphane Benoit-Godet, chef du service de communication de l’hôpital universitaire. Nos équipes publient dans des revues de pointe, interviennent dans des congrès internationaux et collaborent avec des centres hospitaliers d’excellence à l’étranger. Le CHUV est aussi mis en avant par des classements prestigieux, comme celui de Newsweek, ou via des initiatives économiques comme Biopôle et Innovaud (agence pour la promotion de l’innovation et de l’investissement du canton de Vaud, ndlr).»
Le cadre unique de Lausanne joue-t-il un rôle dans l’essor du tourisme médical? «Il est difficile de dire si c’est Lausanne, la réputation du CHUV ou la notoriété de certains professeurs qui influencent le plus le choix des patientes et patients internationaux, répond Stéphane Benoit-Godet. Au-delà du cadre exceptionnel offert par Lausanne, l’excellence des soins et l’expertise de nos équipes restent les premiers facteurs d’attractivité. Le CHUV ne mène pas de politique active pour attirer les patients internationaux, car c’est un service de l’État et il ne fait pas de publicité. Nous recevons des patients de l’étranger, mais leur nombre, stable sur dix ans, est davantage lié à notre capacité d’accueil qu’à une volonté de développement.»
Sur le plan des soins, la ville a également su se placer en tête: le métier d’infirmière est né à Lausanne, grâce à Valérie de Gasparin Boissier, qui fonda l’École de La Source, première école laïque d’infirmières au monde, en 1859, un an avant celle de la célèbre Florence Nightingale en Angleterre. Aujourd’hui, elle est la plus grande école de soins infirmiers de Suisse romande.
Le développement de nombreuses cliniques a encore contribué à la réputation de la région pour des prises en charge thérapeutiques, de remise en forme ou de soins esthétiques. Depuis plus d’un siècle, la qualité des soins, dans de nombreux domaines, attire une clientèle internationale. Le dentiste Charles-François Vallotton, disparu en 2014 à 99 ans, avait soigné pendant des décennies des personnalités de renom dans son cabinet de la place Saint-François, détaillait son fils, Jacques Vallotton, dans la biographie Le dentiste des célébrités: la vie discrète d’un médecin lausannois au XXe siècle. Parmi ses clients figuraient par exemple Audrey Hepburn, Yul Brynner ou Charlie Chaplin, qui vivaient dans la région, mais aussi Elizabeth Taylor et Gina Lollobrigida.
La discrétion reste de mise pour les célébrités traitées à Lausanne, mais quelques-unes ont néanmoins fait les gros titres. En avril 1959, le Journal de Montreux relatait la visite touristique de Grace de Monaco au Château de Chillon, peu avant son opération de l’appendicite programmée à la Clinique Cecil. En 1964, La Nouvelle Revue de Lausanne évoquait le passage d’Anita Ekberg dans une clinique de Pully. En 2007, Keanu Reeves avait été aperçu à plusieurs reprises en ville, alors qu’il résidait dans la région pour épauler sa sœur, soignée au CHUV pour une leucémie.
Se ressourcer avec la vinothérapie
À quelques minutes de Lausanne, au Domaine Bovy, à Chexbres, au cœur des vignobles de Lavaux classés au patrimoine mondial de l’Unesco, la vinothérapie innove. Cette pratique utilise le raisin, dont les polyphénols sont reconnus pour leurs propriétés antioxydantes, pour relaxer et revitaliser. L’expérience se vit «in situ», directement sur le lieu de production: «Notre idée est de proposer ces soins au cœur même des vignes, explique Murielle Nussbaum, co-fondatrice et CEO de La Vigne – Swiss Wine Therapy, élu meilleure offre oenotouristique de Suisse en 2022, lors des Great Wine Capitals organisés en Argentine. Nous récupérons les résidus de la vigne lors de chaque vendange, nos produits sont donc 100 % naturels.» Marc, lie, infusion de feuilles: la gamme est variée et la vinothérapie s’accompagne souvent de découvertes de vins de la région.
www.la-vigne.ch
Le bien-être au menu
La santé passe aussi par l’assiette. À Lausanne, les propositions de restaurants, épiceries et food trucks se déploient dans la diversité et la créativité à travers de multiples cuisines, notamment végétariennes et privilégiant le locavore. La région affiche aussi son goût pour les bonnes tables avec une densité rares de restaurants gastronomiques: 52 établissements lausannois sont référencés par le Guide Michelin! L’essor du bio se confirme avec la multiplication des magasins spécialisés et le succès des marchés. Le Guide Délicieux, également disponible en ligne, recense chaque année une centaine d’adresses pour bien manger à Lausanne. Enfin, l’association Lausanne à Table met l’alimentation saine et locale sur le devant de la scène avec une programmation riche et inspirante. À consommer sans modération.
Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (no 15).