«Les SMS surtaxés peuvent couvrir l’ensemble des frais de production d’une bonne émission de télé-réalité.» David Marcus a eu du flair. Ce serial entrepreneur de 30 ans a senti venir la déferlante SMS. Sa société, Echovox, commercialise la technologie qui permet par exemple aux chaînes de télévision d’organiser des jeux, de faire voter ou discuter entre eux les spectateurs par SMS surtaxés.
Chaque mois, 10 millions de SMS sont gérés par la technologie d’Echovox. Au lieu du tarif normal (environ 20 centimes), ces messages sont facturés entre 50 centimes et environ 3 francs à l’usager. Ce sont l’opérateur télécom, la chaîne organisatrice et Echovox qui se répartissent la surtaxe.
Depuis sa création en novembre 2000 à Genève, l’entreprise a signé des accords avec 36 opérateurs dans une dizaine de pays européens et au Maroc. Grâce à la plate-forme de la société suisse, un média peut proposer un seul numéro pour l’envoi des SMS et un unique modèle de facturation pour l’ensemble de son auditoire, même international. L’essor de la télé-réalité a dopé cette activité. Le fondateur d’Echovox, David Marcus, est bien placé pour le constater puisque son entreprise fournit l’ensemble des prestations SMS de la chaîne M6.
En fonction du volume de trafic généré par le média, la commission d’Echovox sur la surtaxe se négocie entre 25% et 50%. Mais le plus intéressant économiquement reste la taxe sur la réception d’informations ou «reverse charge», qui s’applique quand un usager s’abonne pour recevoir chaque jour un bulletin météo, par exemple. Le revenu devient alors récurrent car la réception de chaque message est surtaxée. Ce modèle est particulièrement rentable dans les chatrooms car un participant reçoit beaucoup plus de messages qu’il n’en envoie. Le levier devient énorme, surtout avec la clientèle adolescente qui se plonge volontiers dans des discussions interminables par SMS. «Simplement en montant un chat autour d’une émission télé, nous avons pu doubler les revenus SMS d’une chaîne», explique le patron d’Echovox.
La nouvelle chaîne musicale romande TVM3 s’intéresse à ce créneau. «Nous allons proposer une messagerie par SMS et organiser des jeux, annonce le fondateur Fabien Aubry. Pour participer au concours, le spectateur devra répondre à quelques questions par SMS qui lui reviendront à 3,40 francs.»
La suite, c’est bien sûr l’arrivée des services multimédia grâce au MMS qui ajoute l’image et la vidéo à son ancêtre. Avec les jeux et les informations sportives, les services érotiques deviennent du coup extrêmement prometteurs pour le MMS.
David Marcus voit donc l’avenir sereinement. Sa société a atteint l’équilibre en 2002 et Echovox, qui emploie une quinzaine de personnes, a désormais des projets d’extension aux Etats-Unis et en Asie. Une augmentation du capital (dont les 700’000 francs sont aujourd’hui en majorité dans les mains du fondateur) permettra de financer cette croissance. La recherche d’investisseurs institutionnels est lancée.
David Marcus n’en est pas à sa première création d’entreprise. A 23 ans, il avait fondé l’opérateur télécom GTN avec 100 000 francs de prêt bancaire, avant de le vendre en juillet 2000 à l’américain World Access, sous forme d’échanges d’actions, peu avant que ce dernier ne fasse faillite. N’ayant pu revendre ses parts à temps, David Marcus avait dû trouver de nouveaux investisseurs pour lancer Echovox.
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Une version de cet article a été publiée dans L’Hebdo du 10 juin 2004.