LATITUDES

Le seigneur des anneaux contraceptifs

Un flyer sexy distribué dans les universités: une campagne de choc pour le nouvel anneau hormonal lancé par une firme suisse.

«La longueur, c’est pas tout dans la vie.» Accompagné d’une campagne publicitaire plutôt provocatrice, le lancement en Suisse d’une nouvelle méthode contraceptive mensuelle provoque l’hilarité dans les milieux estudiantins féminins.

Avec un postulat selon lequel les femmes préfèrent miser sur 54 millimètres de diamètre, la société pharmaceutique Organon cherche à introduire cet anneau vaginal dans les moeurs par le biais d’une opération marketing d’envergure menée depuis deux mois dans toutes les universités du pays. Des flyers sur lesquels figure un homme en tenue d’Adam, mais dont le sexe est caché par un autocollant, ont ainsi été distribués la semaine dernière aux jeunes femmes à la «Banane», la cafétéria universitaire lausannoise de Dorigny.

«Franchement, ça nous a bien fait rigoler, confie Mallory Schneiter, étudiante en lettres. Seul problème, la publicité ne mentionne pas le produit qui se cache derrière ces 54 mm. Les consommatrices sont donc invitées à consulter le site de l’annonceur, dont l’adresse est tout aussi énigmatique: www.54mm.ch.

Une petite merveille de teasing? Pas pour Mallory, qui se doutait bien d’une opération commerciale. Les contours très masculins du modèle ne lui ont pas donné l’envie d’aller voir plus loin. «Nous avons choisi un aspect humoristique qui semble plaire aux jeunes, le but étant de les encourager à se renseigner plus en détail auprès de leur gynécologue», explique Heidi Zbinden, responsable du marketing chez Organon, qui précise que le contexte universitaire a été choisi pour sa concentration de personnes de sexe féminin.

Trois ans après son lancement aux Etats-Unis, le contraceptif NuvaRing est disponible en Suisse depuis le 5 avril dernier. Il s’agit d’un anneau souple et transparent que l’utilisatrice peut mettre en place elle-même dans son vagin et retirer également elle-même. Le grand avantage du produit est qu’il résout, pour un prix légèrement plus élevé (24,50 francs par mois), le problème principal à l’origine du taux d’échec de la pilule: l’oubli.

L’anneau contraceptif hormonal, qui mesure, on l’a compris, 54 mm de diamètre, se place en effet une seule fois par mois, pour une durée de trois semaines. Et pour celles qui n’ont même plus envie d’y penser, un service de SMS a été élaboré pour rappeler aux utilisatrices qui le désirent à quel moment l’anneau doit être retiré ou placé. NuvaRing protège de manière efficace. De plus, il sécrète une dose hormonale plus faible que la pilule car l’emplacement de l’anneau permet aux hormones d’aller directement dans le sang, limitant ainsi les effets secondaires.

Phase de séduction NuvaRing ne joue pas pour autant les anges gardiens en ce qui concerne les maladies sexuellement transmissibles. Sandra Meier, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique, estime que la contraception est aussi un message de poids à faire passer chez les jeunes: «C’est important qu’ils en soient informés, même s’il est bien sûr également nécessaire qu’ils sachent que le préservatif est l’unique protection contre le sida.»

Cette campagne jouira-t-elle de l’effervescence printanière? Comme 80% des femmes prenant la pilule préfèreraient une contraception mensuelle (selon l’étude Roper-Starch-Worldwide, 1999), et comme elles sont déjà 500’000 dans le monde à utiliser NuvaRing, la phase de séduction ne devrait pas être trop longue.

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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 16 juin 2004.