Explorer abandonné
Le dernier virus à la mode, SCOB, est une petite merveille qui profite non pas d’une, mais de deux failles de sécurité gravissimes des logiciels de Microsoft. Il profite de la première pour s’incruster sur des serveurs gérés par le logiciel Internet Information Services (IIS) et utilise la seconde pour pomper les mots de passe des visiteurs le consultant avec Internet Explorer. Il envoie ensuite son butin vers un improbable serveur russe.
Face à ce danger, les fournisseurs d’accès cherchent à se couvrir contre d’éventuelles plaintes de leurs clients et sont donc contraints de déconseiller l’usage du browser de plus répandu au monde. A l’image de Bluewin qui a publié une note discrète en ce sens.
Gmail-mania
Le lancement de Gmail, le service de messagerie annoncé par Google le 1er avril dernier restera dans les annales comme un triple coup de génie commercial, technique et marketing.
Commercial, parce qu’en promettant un stockage 500 fois plus élevé que ses concurrents, il a d’abord provoqué l’incrédulité, avant que les Hotmail et Yahoo ne se résolvent, visiblement à contrecœur, à aligner leurs offres.
Le second tour de force est à la fois technique et publicitaire: face à l’engouement que son offre a suscité dès son annonce chez les internautes, ouvrir son service du jour au lendemain aurait provoqué un tel déluge d’inscriptions simultanées qu’aucun serveur au monde n’aurait été en mesure de le supporter. Pour rôder sa machine, Google a donc lancé une phase de test, Gmail beta, accessible dans un premier temps à quelques célébrités du Net, soigneusement choisies parmi les blogueurs les plus en vue du moment. Soit un coup de pub assuré, pour pas cher.
Ensuite, Google a offert à ces privilégiés la possibilité de parrainer d’autres internautes. En quelques jours, et au rythme soigneusement contrôlé auquel ces sésames étaient distribués, des milliers d’invitations ont commencé de circuler, et bientôt de se vendre. Sur eBay, certaines victimes de la cybermode étaient prêts à payer une centaine de dollars pour être de la partie. Des sites de troc recensaient un étrange inventaire, où les comptes @gmail.com s’échangeaient contre des cartes postales de San Fransisco, des voyages tout frais payés à Dubaï et quelques autres propositions inavouables.
Probablement dépassé par le phénomène, et pour ne pas enrichir plus longtemps les revendeurs d’adresses, Google a eu vite fait d’augmenter le nombre d’invitations, faisant passer en quelques heures la cote Gmail à deux dollars et des poussières.
Le Brésil champion du monde
Adam Seifer et Orkut Buyukkokten n’avaient aucune idée de ce qui allait leur arriver. Pourtant, l’un comme l’autre, sans se connaître, allaient révéler à leur manière un fait insoupçonné jusqu’alors. A en croire le nombre de membres de leurs sites respectifs, le Brésil serait devenu en un an la première cybercommunauté de la planète.
Adam Seifer et deux de ses amis new-yorkais passionnés de photo numérique ont créé fotolog.net, conçu pour publier leurs clichés et ceux de leurs copains. En quelques semaines, d’abord une dizaine, puis des centaines de visiteurs sont venus s’y inscrire. Très rapidement, et par le mouvement quasi biologique des liens de site en site, une majorité turbulente de jeunes brésiliens est venue détrôner les nord américains. Aujourd’hui, fotolog.net est une petite entreprise prospère, avec un bureau à Sao Paulo et signe des accords avec de grands magazines
Sans publicité, 205’601 Brésiliens et Brésiliennes se sont inscrits sur fotolog.net en deux ans, contre 30’263 Américains et 479 Suisses.
Suivant le même destin, Orkut.com est une communauté virtuelle dont les membres se co-optent. Mis au point par un étudiant employé par Google, Orkut Buyukkokten, le site permet de découvrir les amis de ses amis, et d’entrer en contact avec eux. Accessible uniquement par invitation, il avait toutes les chances de rester un bastion nord américain. C’était sans compter sur les Brésiliens.
Sur ses 420’000 membres, Orkut.com compte aujourd’hui dans son top 5 des nations 37,31% de Brésiliens, 25% d’Américains, 5,6% d’Iraniens, 3.9% d’Indiens et 3% d’Estoniens. La Suisse ne figure pas dans le top 10.
Le come-back du single
Les soubresauts désespérés de l’industrie musicale confrontée à la baisse inexorable des ses ventes est un spectacle à rebondissement. Après avoir menacé, insulté et poursuivi en justice les internautes supposés être à l’origine de tous leurs maux, les majors changent de registre et reviennent à des pratiques moins agressives, mais toujours aussi loufoques.
Persuadés d’avoir enfin retrouvé la poule aux œufs d’or, les maisons de disque misent cette fois sur les sonneries pour téléphones mobiles. L’industrie musicale semble croire que l’appétit des adolescents pour ces versions rapetissées de leur tubes favoris leur permettra de retrouver, comme à l’époque bénie d’avant Internet, des marges bien grasses sur des produits vendus en magasins, avec une caisse enregistreuse à la sortie.
Réduites à trois mesures d’un refrain passé en boucle, ces sonneries sont souvent vendues sur Internet plus cher que le morceau original. Et comme l’offre semble malgré tout trouver son public, pourquoi ne pas en profiter pour lui refourguer un produit qu’il dédaignait jusqu’alors?
On redonnerait ainsi une jeunesse au single, moribond depuis plusieurs années. C’est la dernière idée en date: vendre des bonnes vieilles galettes de plastique, de deux ou trois morceaux, mais accompagnés cette fois des codes qui permettront de télécharger les sonneries y correspondantes.