En Suisse comme en France, les chaînes se lancent dans ce nouveau service. Public ciblé: les 15-25 ans, amateurs de cinéma, de musique et de jeux vidéo.
La TV n’a pas fini de muscler les pouces. Après la télécommande, c’est maintenant le portable qui mobilise les phalanges des téléspectateurs. Les SMS défilant au bas de l’écran des talk-shows n’étaient qu’une première étape: les chaînes de télévision organisent aujourd’hui de véritables «chat-rooms» surtaxées.
Pionnière du genre, Tchatche TV émet depuis Toulouse et via Canalsatellite un programme qui vise un public-cible de 15-25 ans. Ses émissions consacrées au cinéma, à la musique et aux jeux vidéo sont réduites à une petite fenêtre au coin de l’écran, le reste de l’image étant occupé par les messages qui défilent comme un générique de film. Tous les téléspectateurs sont invités à se joindre à la discussion.
Ce sont leurs SMS surtaxés qui financent le programme. «Nous touchons 60% de la surtaxe, fixée à 0,35 euros, le reste va à l’opérateur, explique Eric Lafforgue, directeur des contenus de 123-Multimedia, l’entreprise qui produit Tchatche TV et qui a développé la plate-forme technique. Nous recevons chaque jour quelques milliers de messages.»
Le grand défi pour le diffuseur est évidemment d’empêcher les messages obscènes. «Nous avons deux niveaux de contrôle, poursuit Eric Lafforgue. Il y a d’abord un logiciel qui filtre tous les mots déviants, racistes, en rapport avec la prostitution ou avec la drogue. Et comme cela ne suffit pas, nous employons pas moins de 130 personnes, salariées à temps partiel, pour surveiller les débats. Ce qui représente 15% de nos coûts. Preuve que ça marche: nous avons entre 35 et 40% de femmes dans nos chats. Elles ne seraient pas là si les messages n’étaient pas filtrés.»
Version romande Tchatche TV complète ses revenus avec la publicité, qui concerne surtout ses propres services de sonneries ou de logos pour téléphones mobiles. «Les gens se comportent comme des «couch-potatoes» (patates de sofa, ndlr), dit Eric Lafforgue. Nous avons essayé de leur proposer d’envoyer les messages depuis leur PC, mais quand ils sont installés devant leur télé, ils ne veulent pas utiliser autre chose que leur portable.»
A Ecublens (VD), TVM3 vient d’inaugurer un dispositif similaire permettant aux téléspectateurs romands de faire passer leurs SMS à l’écran. «Pour l’instant, ce sont des messages autonomes: nous en recevons environ 250 par jour, en une heure d’émission, ce qui nous donne une idée de notre audience, explique le directeur Fabien Aubry. Mais d’ici à quelques semaines, nous organiserons de véritables chats, dans l’après-midi et en début de soirée.»
Chaque SMS envoyé rapporte 50 centimes, répartis en parts quasi-égales entre l’opérateur, la société genevoise Echovox (qui a développé la plate-forme technologique) et la chaîne. «Ce revenu nous permet d’autofinancer le système», dit Fabien Aubry.
