LATITUDES

Olivier Staiger, chauffeur de limousines et chasseur d’éclipses

Quarante-huit semaines par an, cet Américain porte des cravates. Le reste du temps, il traque l’éclipse jusqu’à décrocher des photos exclusives, et à les diffuser sur son site.

Olivier Staiger est arrivé lundi à l’Hôtel Intercontinental de Stuttgart. Deux jours pour installer tout son matériel à l’observatoire de la ville: des caméras, un ordinateur portable reliés à des liaisons internet à haut débit. Mercredi, jour de l’éclipse, il transmettra une prise de vue cinq à six fois par minute au monde, sur son site internet hébergé en Suisse. Des images que l’on pourra aussi voir en direct sur Largeur.com.

«Ce sera ma douzième éclipse en cinq ans», explique fièrement celui qui court après la lune dans le monde entier: Texas, Equateur, Brésil, Thaïlande, Mongolie, Australie. «Je suis d’un naturel paresseux. Avant, j’allais chaque année en vacances aux Etats-Unis, maintenant, je poursuis les éclipses, cela me donne un bon prétexte pour découvrir notre planète.»

Né à Boston d’une mère française et d’un père suisse, Olivier Staiger a grandi aux Etats-Unis avant de s’installer à Genève où il conduit des limousines pour une entreprise genevoise. «J’ai été fasciné par la première éclipse que j’ai vue, c’était au Texas. J’ai eu envie d’en voir d’autres, cela a été le début d’une passion. Je n’ai rien d’un astronome, j’ai tout appris sur le tas, mais je commence à bien m’y connaître!» Le chauffeur croise d’ailleurs souvent des scientifiques, dont le spécialiste des éclipses de la Nasa, Fred Espenak, avec lequel il échange régulièrement des images.

Le respect des astronomes vient notamment de son expédition de l’an dernier. Le 23 avril 1998, Olivier Staiger est le seul à se rendre jusque sur l’île d’Ascension, au milieu de l’Océan Atlantique Sud, pour suivre une double éclipse: Jupiter et Vénus occultés en même temps par la lune. «C’est un phénomène très rare, et j’ai eu l’exclusivité.» De chacun de ses voyages, Olivier Staiger ramène des albums commentés qu’il publie sur son site. «C’est encore un hobby, mais j’aimerais bien changer de voie et faire quelque chose en relation avec les nouvelles compétences que j’ai acquises, notamment dans l’informatique. J’ai quarante ans et j’en ai assez de porter des cravates.»