L’information de proximité a-t-elle une viabilité économique sur internet? Les promoteurs de Neuch.ch ne se sont pas posé la question trop longtemps. Ils ont foncé.
José de Bastos et Lorenzo Leonini étaient encore à l’Université quand ils ont lancé en 1998 un site de petites annonces gratuites pour les étudiants neuchâtelois.
L’affaire a si bien marché qu’ils l’ont professionnalisée, en ajoutant sur leur site toutes les informations utiles aux internautes du canton, depuis les bulletins météo (du haut et du bas) jusqu’aux manifestations villageoises, en passant par les assiettes du jour des restaurants locaux. Sans oublier la pub.
Résultats: les deux associés dirigent aujourd’hui une entreprise rentable nommée Yellow Door, qui emploie huit personnes à plein temps et qui tire ses revenus de la publicité en ligne. Moyenne d’âge: 28 ans.
Les annonceurs de Neuch.ch ont le choix entre des bannières traditionnelles ou des espaces dans un guide thématique, qui représente environ 15% des revenus du portail.
«Nous avons trois vendeurs qui vont sur le terrain pour démarcher les clients, explique José de Bastos. Les petits commerçants ne sont pas faciles à convaincre, mais on y arrive, en leur vendant par exemple des publi-reportages sur le site. Il faut parfois les relancer pendant deux ou trois ans pour qu’ils finissent par nous prendre de la pub…»
Grâce à ce démarchage intensif et à ses partenariats (avec notamment la régie zurichoise Adlink pour les campagnes de publicité nationales), Neuch.ch a assuré sa viabilité économique et peut désormais réfléchir à son expansion. Son concept de portail ultra-local est sans équivalent en Suisse romande: il pourrait théoriquement être implanté n’importe où.
«Nous avons étudié divers marchés, et après avoir envisagé le Chablais dans un premier temps, nous avons opté pour un développement sur Fribourg. L’idée est de lancer le portail Friboo.ch dans les six prochains mois, avec nos partenaires actuels et de nouveaux, fribourgeois ceux-là.»
L’arme secrète de Neuch.ch, ce sont les petites annonces gratuites, populaires au point de générer près de la moitié de l’audience du site. «Ces annonces nous ont fâchés avec les gens de Publicitas, qui nous ont interdits de pub dans leurs journaux parce qu’on leur faisait de l’ombre, raconte José de Bastos. Pour développer notre notoriété, nous avons donc approché les garages du canton, en leur proposant des contre-affaires.»
Résultat: une quinzaine de voitures arborant le grand logo de Neuch.ch ont été placées dans des endroits stratégiques du canton. Grâce à elles, «90% des Neuchâtelois connaissent désormais le site», indiquent les fondateurs de Neuch.ch.
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Une version de cet article a été publiée dans L’Hebdo du 19 mai 2005.