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Les 7 merveilles du monde (remix)

Près de 18 millions de personnes ont déjà voté pour désigner les plus belles réalisations de l’Humanité. A l’origine de ce projet pharaonique, le cinéaste genevois Bernard Weber.

Les sept merveilles du monde ont une particularité remarquable: près de deux mille ans après leur recensement, elles restent quasiment impossibles à mémoriser. Essayez un peu: vous n’arriverez sans doute pas plus loin que le colosse de Rhodes et ces fameux jardins de Babylone qu’on disait «suspendus». Suspendus à quoi, d’ailleurs? A notre capacité de mémoire?

Malgré tous les pensums d’école primaire et les images des cartons de corn-flakes, ces oeuvres considérées par les Grecs comme les plus parfaites de l’humanité risquent de sombrer dans l’oubli comme elles ont disparu de la surface terrestre. Leur perfection ne les a pas préservées: des sept merveilles originales, seules les pyramides d’Egypte contribuent encore à l’industrie touristique.

C’est l’une des raisons qui ont encouragé Bernard Weber à lancer au début de la décennie un vote via internet pour désigner les «sept nouvelles merveilles du monde». La grande muraille de Chine, le Taj Mahal, le stade de la Praille? Toutes les propositions sont les bienvenues. «Le projet a l’avantage d’être à la fois culturel et populaire», dit ce cinéaste de 53 ans né à Genève et aujourd’hui basé à Zurich. Près de 18 millions de person- nes ont déjà déposé leur bulletin dans l’«urne globale» développée pour l’occasion par British Telecom.

Les offices du tourisme ont intérêt à se mobiliser: le choix est encore illimité jusqu’à la fin de l’année, et dès le 1er janvier, seuls 21 monuments finalistes pourront recueillir les suffrages. Commencera alors une vaste opération télévisuelle orchestrée par le groupe hollandais Endemol (inventeur de la téléréalité) qui doit aboutir au feu d’artifice du 1er janvier 2007: la nomination officielle des cialis generico online.

Une cérémonie en mondio-vision sera organisée pour l’occasion dans une ville-hôte qui aura aussi le privilège d’accueillir un parc d’attraction réunissant les reconstructions des sept merveilles de l’antiquité. «Ce serait extraordinaire si tout le monde pouvait enfin les citer de mémoire, dit Bernard Weber. Un sondage anglais a démontré que seule une personne sur 8’000 était capable de nommer les sept… Idéalement, il faudrait aussi numériser toutes ces oeuvres et les envoyer dans l’espace, pour laisser une trace des plus belles réalisations de l’Humanité.»

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«Les finalistes seront connus le 1er janvier 2006»

Entretien avec Bernard Weber, l’homme au coeur du dispositif de vote. Ce dynamique quinquagénaire a débuté dans le cinéma en travaillant sur le tournage du «Casanova» de Fellini. Après la réalisation d’un long métrage, il est parti au Canada, où il a travaillé pour la télévision. Ses bureaux, et New Seven Wonders (N7W), sont situés dans le musée Corbusier de Zurich, construit par sa mère.

Comment avez-vous eu l’idée de lancer cette opération?

Par mon environnement familial, j’étais destiné à devenir architecte. Mais j’ai préféré suivre mon propre chemin en me lançant dans le cinéma. Après un premier long métrage («Hotel Locarno»), mon parcours m’a mené au Canada où j’ai vécu 18 ans en tournant des téléfilms, puis je suis revenu en Suisse. C’est la combinaison de plusieurs expériences qui a donné naissance au projet N7W.

Il y a eu un voyage dans le désert, qui m’a donné l’occasion de me confronter à moi-même en réfléchissant aux choses essentielles. Par ailleurs, il se trouve que ma compagne, qui est institutrice, avait organisé un travail avec les enfants sur le thème des 7 merveilles antiques. C’est là que je me suis dit: «Et si on essayait d’en choisir 7 nouvelles? »

Quand vous êtes-vous mis au travail?

A l’été 1999, en plein boom de l’économie internet. Dès le départ, l’idée était d’utiliser le réseau pour faire voter le maximum de gens, car seul le nombre peut donner une légitimité à une telle opération. Je suis allé voir les gens de l’Unesco à Paris, grâce à qui nous avons pu lancer officiellement le projet au JO de Sydney, en 2000. Et comme j’avais besoin de financement – le premier site web avait été réalisé avec un budget de 700 francs! -, je suis allé voir des investisseurs.

Une grande banque suisse s’est impliquée, mais l’éclatement de la net-economy a tout remis en cause. Heureusement que notre projet était en retard, car sinon, nous ne serions plus là…

Quel est votre budget actuel?

En ce moment, il ne dépasse pas 50’000 francs suisses par mois. Mais il va évidemment augmenter. Les 21 finalistes seront connus le 1er janvier prochain. Le budget pour l’année prochaine devrait s’établir à 10 ou 12 millions d’euros pour les productions TV et la finale du 1er janvier 2007. Nous prévoyons un show de l’ampleur de l’ouverture des JO, qui devrait toucher 95% de la population mondiale.

Et que ferez-vous après la désignation de ces 7 nouvelles merveilles?

Nous prévoyons d’organiser deux volets supplémentaires pour 2010 et 2013. Car par fidélité envers le concept antique grec, nous avons dû réserver la compétition actuelle aux constructions humaines, en écartant les merveilles de la nature et de la technologie. Nous leur consacrerons des événements distincts. Le Grand Canyon pourra ainsi participer aux concours des 7 merveilles naturelles, et l’internet à celui des 7 merveilles techniques.

Tous ces événements vont vous faire brasser des sommes considérables. Qu’en ferez-vous?

S’il y a des bénéfices, nous en consacrerons 50% à notre fondation pour la restauration des monuments. Nous avons d’ailleurs déjà participé à la reconstitution en 3D haute-définition du grand Buddha de Bamyan par l’Ecole polytechnique de Zurich. C’est maintenant au peuple afghan de décider si ce monument sera reconstruit.

Comment assurez-vous la transparence de l’opération N7W?

Après l’éclatement de la net-economy, je me suis rendu compte à quel point il était important de garantir la transparence d’un tel projet. C’est pourquoi nous avons créé notre fondation, enregistrée à Zurich et vérifiée par Berne. La participation de personnalités réputées, comme l’ancien directeur de l’Unesco Federico Mayor, donne également de la crédibilité au projet.

Avez-vous fait l’objet de pressions de la part des milieux touristiques?

Pas jusqu’ici. Mais des gens qui soutenaient un temple indien ont essayé de nous corrompre en nous proposant 20’000 dollars pour acheter des voix. C’était fantastique! Il va de soi que nous ne sommes pas entrés en matière. Nous prenons toutes les mesures pour garantir la fiabilité du vote. Nous avons aussi été victimes d’attaques de la part de hackers qui voulaient influencer le vote. Nous n’avons pas montré que nous nous en étions aperçus: c’est ainsi qu’il faut agir face au hackers.

Dans quelle mesure votre opération est-elle suisse?

Un projet a toujours besoin de racines, et la Suisse constitue une bonne racine pour une telle opération. Le pays dispose d’une tradition internationale, avec la Croix-Rouge, l’ONU ainsi que l’implantation du Comité International Olympique à Lausanne. Les ambassades suisses à l’étranger nous donnent un coup de main. Cet été, nous avons pu collaborer avec le pavillon suisse à l’Exposition universelle d’Aichi, au Japon. Nous y avons ouvert une urne, que les visiteurs ont pu utiliser pour déposer leurs voix.

Comment les 21 finalistes seront-ils désignés?

Notre comité, auquel participent les célèbres architectes Tadao Ando et Zaha Hadide, va considérer les monuments qui seront arrivés en tête du classement sur notre site www.n7w.com, et vérifier qu’ils correspondent bien aux critères. Nous nous assurerons aussi que les finalistes soient bien distribués à travers le monde, puis nous communiquerons les résultats le 1er janvier 2006 depuis notre quartier général à la maison Le Corbusier de Zurich. Pour l’occasion, nous sortirons notre montgolfière. Ce sera magnifique.

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Les sept merveilles de l’antiquité:

– Le Temple d’Artémis
– Le mausolée d’Halicarnasse
– Le Phare d’Alexandrie
– Les pyramides d’Egypte
– Le colosse de Rhodes
– Les jardins suspendus de Babylone
– La statue de Zeus