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Pierre Maudet: jeune Genevois

Suite à l’élection de François Longchamp au Conseil d’Etat, le jeune politicien brigue désormais la présidence du parti radical genevois. Portrait et connexions.

Un jour, Pierre Maudet ne sera plus jeune. Et les journalistes devront trouver un autre adjectif pour le qualifier. Mais pour l’instant, le jeune politicien n’a encore que 27 ans et, comme les autres journalistes, on rappellera ici à toutes les phrases qu’il est et qu’il a toujours été le plus jeune en tout.

Encore étudiant (juriste, il finalise un master de droit européen à Fribourg), Pierre Maudet travaille, en dehors de son fauteuil de jeune conseiller municipal, «dans l’organisation d’événements et la communication politique», des mandats privés dont il ne dit pas grand-chose. Il ne s’imagine pas employé mais jeune entrepreneur indépendant par la suite.

La «marmite politique», comme il dit, il est tombé dedans à 15 ans déjà, en participant à la création, à Genève, du premier Parlement des jeunes. Il développera le concept sur le plan cantonal (1995) puis sur le plan suisse en créant en 1996 la Fédération suisse des Parlements des jeunes.

Défend-il aujourd’hui la cause des jeunes avec le même entrain qu’à l’époque? «Je le démontre puisque Pascal Couchepin m’a récemment confié la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse (CFEJ), dont la mission consiste à se pencher sur les problèmes actuels des jeunes (formation, obésité, surendettement, etc.).»

Un bon moyen pour lui de mettre un pied à Berne, où il se rend du coup deux jours par semaine. «Je n’ai pas l’intention d’attendre les bras croisés qu’on me demande mon avis comme si j’étais chez Avenir Suisse. Je fais de la politique par effraction: je fonce, j’occupe le terrain, je pose franchement les questions qui dérangent et je lâche des grenades quand il faut.» Normal pour un capitaine de l’armée suisse… Jeune, et ambitieux aussi.

SES ADVERSAIRES

Le Conseil administratif
Pierre Maudet a un mot gentil pour chaque membre du Conseil administratif de la Ville de Genève.

Christian Ferrazino: «Après les toilettes publiques à 400’000 francs pièce, le caprice du boycott du Salon de l’auto, et la récente affaire de l’immeuble de la rue du Stand, je me demande quel sera son prochain délire aux frais du contribuable et aux dépens des Genevois.»

Patrice Mugny: «Après l’agence de voyages, et les destinations lointaines aux frais des contribuables, son département s’est transformé en agence de placement, jusqu’à pratiquer la politique de la petite copine…»

Manuel Tornare: «Il m’a accusé de harcèlement textuel parce que j’ai rebaptisé “Palais Tornare” la villa Moynier où il voulait installer le siège de son département après plusieurs millions de travaux.»

André Hediger: «Pourvu qu’il ne touche à rien, avec tout ce qu’il a déjà planté: le casino, le stade…»

Pierre Muller: «Qui? Ah, lui! Je lui en garde une pour avoir épongé l’année passée les pertes du restaurant de luxe du Parc des Eaux-Vives, près de 1 million, avec l’argent du contribuable.»

SES PROCHES

Catherine, sa femme
«Nous partageons les tâches: ma femme fait la lessive et moi le repassage! Je suis marié à Catherine depuis plus de deux ans. J’aime notamment son regard extérieur sur mon action, et qu’elle me remette en place quand je me prends le chou. Ma femme, qui travaille pour la Confédération, dit ne pas voter pour moi. Peut-être parce que ma première amante, c’est la politique, qui me prend presque tous les soirs de la semaine.»

Roland Benz
«Je suis protestant pratiquant et ce pasteur compte pour moi, c’est lui qui m’a marié.» Roland Benz est le modérateur de la Compagnie des pasteurs.

David Rihs
«On s’est connus pendant l’opération “Signé 2000”, l’organisation de la fête du millénaire à Genève, et on est restés amis depuis.»

SES MENTORS

Gilles Petitpierre
«Une figure qui m’a donné envie de faire de la politique, par sa stature, ses convictions, son engagement désintéressé. Il a été l’un des premiers en Suisse à parler d’écologie, en défendant par exemple le centime solaire. Je me sens proche de ses valeurs: je n’ai pas de voiture et je suis un antinucléaire.»

Philippe Pidoux
«C’est un peu la statue du Commandeur. Une incarnation du radicalisme vaudois: rigide et droit, mais avec ouverture et finesse d’esprit. Je l’ai connu dans le cadre du projet de fusion Vaud-Genève et l’on se croise régulièrement depuis. Il dit qu’il “s’encanaille” quand il me parle. Avec lui, on peut débattre et avancer.»

Yvette Jaggi
«Ce choix vous semblera peut-être surprenant mais Yvette Jaggi m’a donné envie de m’engager, alors que je ne la connaissais pas personnellement. Elle est un modèle de magistrate de proximité, une socialiste intelligente. Je ne l’ai rencontrée que récemment et j’ai découvert une femme passionnante, drôle, cultivée et à la gouaille mordante.»

Ramsès II
«Une momie, oui, mais un maître en stratégie qui fut pharaon à 25 ans, et qui a régné pendant 67 ans. Grand bâtisseur, il a imposé une paix durable en Egypte, et fut aussi un grand géniteur…»

Audrey Tautou
«Je ne la connais pas personnellement, mais je veux la mettre dans mon réseau: une figure curieuse et pragmatique. Elle incarne la jeunesse européenne d’aujourd’hui, surtout depuis son rôle dans L’Auberge espagnole.»

SES AMIS POLITIQUES

Le comité des radicaux de la Ville de Genève
«Ils sont ma garde rapprochée radicale, reflet du rajeunissement et du renouvellement de nos membres.» Patricia Crousaz vient de lui succéder à la présidence.

Antonio Hodgers
«Une amitié qui date du Parlement des jeunes, et même si nous ne sommes pas du même bord politique, nous avons une approche complémentaire. Nous discutons beaucoup. Nous représentons la nouvelle génération politique, qui veut faire avancer les choses au-delà du clivage gauche-droite comme sur les droits politiques communaux des étrangers.»

François Longchamp
«De simple compagnon de route, il est devenu un complice et un ami cher. On pense la même chose en même temps!» Pierre Maudet est candidat à sa succession à la tête du parti radical genevois.

SES RELAIS POLITIQUES

Luc Fellay
«Ça va peut-être me poser problème d’apparaître dans son réseau, car Pierre Maudet n’est pas apprécié de tout le monde!» Le commandant de corps Luc Fellay, numéro deux de l’armée suisse, débat volontiers avec lui des questions militaires: «Il est encore jeune et n’a pas toutes les cartes en main mais il est dynamique, il en veut et il est ouvert au dialogue. C’est un bon commandant d’unité, par ailleurs.» Gradé capitaine, Pierre Maudet dirige une compagnie militaire d’aide en cas de catastrophe. Il critique cependant volontiers l’armée, et milite notamment pour la suppression des tirs obligatoires.

Pascal Couchepin
«Un authentique libéral, qui aime écouter, comprendre, et la dispute au sens noble du terme.»

Marie-Françoise de Tassigny
La présidente sortante du Grand Conseil genevois participe à la Commission fédérale (CFEJ) que Pierre Maudet dirige depuis janvier. «Elle est déléguée à la petite enfance à Genève et nous avons travaillé ensemble pour le développement des crèches. Elle m’est souvent utile pour élargir mes contacts.»

Alain Berset
Le conseiller aux Etats fribourgeois, socialiste, est apprécié du Genevois. Car «c’est un socialiste avec qui on peut discuter, qui n’a pas un discours bloqué par rapport à la croissance économique. Nous travaillons ensemble sur la réforme du fédéralisme au sein du Conseil de Suisse occidentale.»

SES HAVRES

Le train
«J’apprécie le train et les gares. Ils sont mon meilleur réseau, aussi bien de transport que social.»

Le bistrot du Boeuf Rouge
«Un patron espagnol dans un resto lyonnais, une clientèle internationale à midi et pâquisarde le soir, j’adore ce café qui résume les multiples visages de Genève.»

Guido Schommer
«On s’est connus dans le cadre des parlements des jeunes. Il est devenu secrétaire général du Parti radical. Notre engagement pour la cause européenne reste fort.»

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Son site: www.pierremaudet.ch
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Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo du 17 novembre 2005