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Profession: DJ. Sexe: féminin

Comment s’impose-t-on dans le monde des platines réputé macho? Quatre expertes romandes du mix racontent leur parcours: Sonja Moonear, Miss Hiroko, Miss Flower et Loulou, de Luluxpo.

C’est la passion de la musique qui leur a donné envie de devenir DJ, mais pas seulement. Elles mentionnent aussi une envie de défier les hommes, de prouver qu’une fille peut développer cette capacité artistique et technique. «Pour moi, c’était comme un défi d’entrer dans cet univers macho», dit la Genevoise Miss Hiroko, 26 ans.


Miss Hiroko

«J’ai toujours admiré les DJ derrière les platines», confie sa consoeur Miss Flower. Mais encore faut-il oser se lancer. Sonja Moonear était organisatrice de soirées, ce qui lui a facilité les choses. «Pour moi, il n’y a pas vraiment eu de pression à ce niveau-là», dit-elle. Quant à Loulou, du couple genevois Luluxpo, elle reconnaît que le fait de former un duo avec un homme l’a beaucoup aidée.


Sonja Moonear

Longtemps réservé aux garçons, l’univers du mix s’ouvre ainsi aux jeunes femmes. Avec leurs premiers albums respectifs, les électroniciennes genevoises Water Lilly et Kate Wax suivent les traces de leur grande soeur Miss Kittin, devenue star internationale, tandis que du côté alémanique, c’est DJ Tatana qui remplit les salles dans un style plus commercial. Et derrière ces têtes de liste, quelques jeunes femmes motivées enchaînent les soirées. Même si, au-delà du plaisir qu’elle apporte, la vie nocturne ne présente pas que des avantages.


Loulou

«On arrive à un âge où les gens se mettent en ménage et ont des enfants. Il est rare d’arriver à concilier vie de famille et carrière de DJ», explique Sonja Moonear, 27 ans. La fatigue, le trac, le stress apportent leur lot de difficultés et de pressions. «Il ne faut pas oublier qu’une DJ se doit d’être toujours souriante, agréable. Elle doit donner l’exemple auprès du jeune public», dit Miss Hiroko.


Miss Flower

La vie amoureuse est aussi plus difficile à gérer: la célébrité de ces jeunes femmes, auprès du public masculin notamment, semble difficile à accepter pour certains hommes. «Il y a un côté un peu macho dans notre activité. Il est plus facile d’être copine de DJ que copain de DJette», estime Sonja Moonear.

Côté finances, il faut savoir que rares sont les DJ qui gagnent leur vie avec la musique. «Je pourrais en vivre, mais cela nécessiterait plus de privations», dit Sonja Moonear. Leurs cachets dépendent évidemment de leur notoriété, mais aussi du style de musique qu’elles adopteront: plus elles s’adressent à un public large et adulte, plus ces jeunes femmes auront la possibilité d’en vivre. Car même si l’heure de mix est rondement payée (ndlr: aux alentours de 600 francs pour ces quatre DJettes romandes), il ne faut pas oublier les coûts liés aux déplacements, sans compter l’achat de disques.

Les femmes DJ font souvent l’objet de préjugés déplaisants. «Une fois, on m’a lancé: «Si tu es montée si vite, c’est que tu as dû être très gentille avec les organisateurs», dit Miss Hiroko. Ce genre de commentaire, ça blesse!»

Du côté des avantages, il y a le charme, et les portes qui s’ouvrent plus facilement. Pour l’organisateur, le fait de pouvoir présenter une jolie DJette sur un flyer est évidemment beaucoup plus vendeur. Mais une fois sur place, la jeune femme devra se battre deux fois plus qu’un homme pour prouver sa valeur.

«Nos cachets sont souvent inférieurs à ceux des DJ hommes, et nous sommes régulièrement désavantagées par rapport aux horaires», dit Sonja Moonear. Les sarcasmes sont fréquents. «Les gens osent plus facilement critiquer les DJ femmes. Dès qu’on fait une faute, ils s’empressent de nous juger», observe Loulou.

D’ailleurs, la plupart de ces championnes du mix estiment qu’il est important d’avoir un homme pour manager. C’est lui qui négociera le cachet et l’horaire de passage. Et en cas de litige, une voix masculine aura plus de chance de convaincre. «Mais si la fille sait se défendre, elle peut se débrouiller seule», tempère Miss Flower. Selon elle, la tendance va tout de même vers une progressive disparition des clichés. «Je pense que les organisateurs nous respectent de plus en plus. Voir une fille mixer, ça devient normal.»

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Bio Express

Miss Hiroko
Identité: Deborah Di Berardino`
26 ans, Genève
DJ depuis 2000
Style: hardstyle
Disque préféré: Donkey Rollers, Immeasurably.

Sonja Moonear
27 ans, Genève
DJ depuis 1994
Styles: minimal, house
Disque préféré: John Cage, 4 Minutes 33 Seconds of Silence

Miss Flower
Identité: Malika ben Hammouda
26 ans, Granges
DJ depuis 1995
Style: hardcore
Disque préféré: Chosen Few, Name of the DJ

Loulou
Identité: Lucila Polak Liengme
29 ans, Genève
DJ depuis 1999
Style: electro-pop
Disque préféré: Grace Jones, Libertango

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Photos: Thierry Parel. Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo.