Les importations coréennes ont augmenté de 20% en 2005. Grâce surtout aux voitures et à leur rapport qualité-prix. A vérifier au Salon de l’auto de Genève, dès le 2 mars.
En quinze ans, le fabriquant Hyundai a multiplié ses ventes en Suisse par cinq. Elles ont franchi la barre des 8’000 véhicules l’an dernier, contre à peine 1’500 en 1990. Le succès des voitures sud-coréennes (Hyundai, Kia, Daewoo/Chevrolet et SsangYong), dont la production mondiale annuelle de 3,15 millions d’unités dépasse celle des françaises, s’explique notamment par un meilleur contrôle de qualité.
A l’image des marques japonaises dans les années 80, les constructeurs coréens étaient associés à des véhicules un peu patauds, mal dessinés et bon marché. «Lorsque les premières voitures coréennes sont arrivées sur le marché suisse, il s’agissait de modèles très bas de gamme, reconnaît Gérald Cantova, concessionnaire Hyundai à Lausanne. Depuis cinq ou six ans, la fiabilité s’est nettement améliorée, ce qui s’est traduit dans les ventes.»
Un gros travail d’image a accompagné la démarche. Daewoo a ainsi bénéficié du savoir-faire de son actionnaire américain Chevrolet, tandis qu’une marque comme Hyundai a, elle, développé des techniques de vente agressives accompagnées d’investissements importants dans le marketing: le constructeur parraine par exemple la prochaine Coupe du monde de football 2006.
Contrairement aux autres constructeurs, qui jouent sur le prestige, le rêve, la puissance, le design ou l’élégance, les constructeurs coréens mettent en avant le côté pragmatique du véhicule, en premier lieu son rapport qualité/prix, et sa fiabilité.
En résumé, celui qui conduit coréen n’est pas un frimeur, mais un économe malin. «De conception très classique, les modèles coréens sont souvent vendus avec une garantie de trois ans ou plus, explique Raphaël Leuba, rédacteur technique à la Revue automobile. Ce qui démontre une certaine confiance des constructeurs vis-à-vis de leur modèles.»

Chevrolet/Daewoo Epica
Au salon de Genève, Hyundai présentera en première européenne son nouveau Santa Fe, un 4×4 dont les versions vont de 40’000 à 49’000 francs, soit 15% à 20% de moins qu’un modèle européen, américain ou japonais comparable. Le constructeur Daewoo, désormais commercialisé en Europe sous le nom de Chevrolet, présentera quant à lui deux nouveaux engins: l’Epica, premier modèle de classe moyenne que Chevrolet lance en Europe, disponible en Suisse dès le mois de juin, et la Captiva, premier véhicule de loisirs de la marque à être proposé avec un moteur diesel.

Chevrolet/Daewoo Captiva
La marque SsangYong, lancée en Suisse en mars 2005, se démarque avec des véhicules atypiques et démesurés, dont son dernier modèle, un énorme monospace au look d’engin spatial: le Rodius. SsangYong a vendu 800 véhicules en 2005, un démarrage modeste, mais projette d’en écouler 1400 en 2006, grâce notamment à son Actyon, un gros SUV (Sport utility vehicule) aux allures d’insecte qui connaît un important succès sur les autres marchés, et qui sera disponible en Suisse en septembre.

SsangYong Rodius
Malgré une entrée tardive en Europe, SsangYong n’est pas un nouveau venu sur le marché de l’automobile. Il construit des véhicules 4×4 depuis 50 ans et fabrique des moteurs et des boîtes de vitesses sur la base de licences signées avec Mercedes-Benz, en les adaptant aux conditions d’utilisation de ses modèles. «De tels SUV représentent une vache à lait pour les constructeurs coréens, déclare Raphaël Leuba. Ils ont été parmi les premiers à répondre à cet engouement sur les marchés européens. Les marques coréennes ont moins investi dans la recherche et davantage dans la configuration de véhicules accessibles, à la technologie éprouvée.»

SsangYong Actyon
Portés par le succès des véhicules, les échanges commerciaux entre la Suisse et la Corée du Sud, dixième puissance économique mondiale, connaissent une croissance fulgurante. Les importations en provenance du pays asiatique s’élevaient à 605 millions de francs en 2004 (contre 1300 millions pour les exportations). Elles ont connu une augmen-tation de près de 20% en 2005, ce qui représente la plus forte progression de la Corée du Sud sur un marché européen.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 23 février 2006
