Fracture numérique au Conseil fédéral

Le fossé numérique n’est pas toujours là où on l’attend. S’il touche majoritairement les personnes à bas revenu et faible niveau d’éducation, certains membres du Conseil fédéral ne sont pas épargnés. Les réponses des sept Sages à un petit questionnaire sur leur degré de sympathie face aux nouvelles technologies réserve quelques surprises.

Star absolue du classement: Hans-Rudolf Merz. Le chef du Département des finances fait mentir sa réputation de fonctionnaire étriqué et obsédé par les économies. Il adore les nouvelles technologies, et pas uniquement celles qui sont utiles à son travail. Adepte des messages multimédias et de téléphonie par l’internet, le radical appenzellois a su capter l’aspect ludique de ces innovations. Il faut le voir déambuler dans les couloirs du Palais fédéral avec son Nokia dernier cri…

Presque ex aequo, on trouve Moritz Leuenberger. Mais le socialiste surprend moins. Réputé pour son goût subtil pour les dernières tendances, le dandy zurichois possède donc tout naturellement un baladeur MP3 et envoie régulièrement des MMS. On n’en attendait pas moins du chef du Département de la communication. Son refus d’indiquer s’il «tchatte» ou s’il télécharge de la musique laisse toutefois planer le doute quant à ses activités extra-fédérales.

Très tendance aussi, Samuel Schmid. Le chef du Département de la défense utilise ses outils de communi-cation à des fins essentiellement professionnelles. Seule concession: l’iPod. Plusieurs hypothèses s’affrontent ici. Il s’en sert pour écouter le groupe de rock de son fils, The Carnation, disent certains. D’autres, plus perfides, affirment que ce n’est qu’une stratégie pour prendre une longueur d’avance, dans un domaine au moins, sur son collègue de parti UDC Christoph Blocher. Une source bien informée ra- conte que le Bernois est également très attaché à son appareil photo numérique. Il aime se lever aux aurores pour photographier «la rosée du matin».

Fidèle à l’esprit de son Parti démocrate-chrétien, Joseph Deiss se place au centre du classement. Ni oui, ni non, il se fond dans son milieu avec une dextérité qui fait croire qu’il n’est pas tout à fait étranger à la pratique. Le Fribourgeois n’est pas allergique aux nouvelles technologies, puisqu’il possède un portable «très récent», mais il refuse de se laisser aller aux joies du MMS ou du tchat.

En queue de peloton, c’est sans surprise que l’on trouve Christoph Blocher. L’UDC technophobe semble ignorer s’il possède un ordinateur ou non chez lui. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’en sert pas. Un anachronisme tout à fait pittoresque, qui colle assez bien avec l’aspect «terroir» du personnage. C’est sûr que lorsqu’il faut veiller aux intérêts supérieurs de la nation, on n’a pas tellement le temps de chatter ou d’écrire des courriels.

Les deux conseillers fédéraux romands, Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin, n’ont pas souhaité répondre au questionnaire. La fracture numérique, nouvelle version du Röstigraben, qui l’eut cru?

Les deux conseillers fédéraux romands, Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin, n’ont pas souhaité répondre au questionnaire.

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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo du 23 février 2006