TECHNOPHILE

Quand les machines parlent aux machines

Sur internet, la communication entre les appareils surpassera bientôt celle entre les humains: un sujet d’étude pour les chercheurs, et un marché pour les entrepreneurs.

Les ordinateurs nous simplifient la vie, mais l’homme doit encore trop souvent intervenir au milieu d’une suite d’actions qui pourraient — et devraient — être automatisée. C’est le constat de nombreux informaticiens, dont Nicolas Nova, doctorant en interaction homme-machine à l’EPFL.

«Le flux d’informations numériques entre les objets ne cessera d’augmenter, constate le chercheur. Chaque objet aura bientôt une identité informatique sur le réseau, ce qui permettra de récolter des informations et de lui transmettre des ordres.»

De nombreux appareils sont déjà munis de capteurs, auxquels «il ne manque que la parole», autrement dit le moyen de transmettre les données qu’ils mesurent.

Par exemple, une jauge mesure la quantité de mazout dans une chaudière, mais c’est un humain qui doit vérifier le niveau et s’inquiéter d’un réapprovisionnement. Une absurdité, estime Fabio Cesa, fondateur de Silentsoft et spécialiste de la communication de machine à machine (M2M). Son entreprise commercialise un système qui transmet automatiquement une alerte, par SMS, lorsque le niveau de mazout atteint le seuil inférieur.

«Pour l’instant, les coûts de départ sont relativement importants, explique Fabio Cesa. L’investissement est à la portée des grands groupes, mais pas encore des particuliers. A terme, tout le monde utilisera ce genre de système pour faciliter la gestion de son logement.»

De tels équipements permettent de surveiller l’installation électrique, hydraulique, et d’éviter ainsi les gaspillages, voire les accidents. En allant dans ce sens, l’EPFL a par exemple équipé certaines de ses salles de détecteurs, afin de vérifier depuis le web si les lumières sont éteintes et les portes fermées.

La communication M2M ne cesse de se développer, au point que les chercheurs s’attendent à ce que le net soit, à terme, utilisé davantage par les appareils que par les humains. Des codes-barres permettent déjà d’optimiser la gestion de stocks en suivant à la trace des produits tout au long d’une chaîne de production.

De même, des sites comme Flightaware.com indiquent à chaque instant la localisation d’un avion. A San Jose, en Californie, on a même effectué des mesures du taux de pollution de l’air en installant des capteurs-transmetteurs sur des oiseaux.

Côté vie domestique, la transmission d’informations entre machines trouve des applications inattendues: le dernier modèle d’Aibo, le chien-robot de Sony, joue les chroniqueurs en prenant seul des photos dans la maison avant de les transférer par wi-fi sur le net pour alimenter un site.

Plus besoin de chroniqueurs pour alimenter un blog, autrement dit.