CULTURE

DJ en format CD

Quand ils sortent des albums sous leur nom, les DJ’s dévoilent une autre face de leur personnalité. Leur métier se mélange avec celui de musicien, et ils augmentent leur valeur à l’exportation. Exemples romands.

Non, leur métier de base n’a pas changé: il consiste toujours à mixer les disques des autres. Les choisir, les assembler et les synchroniser face à un public. Mais en plus de leur activité quotidienne, ces DJ sortent aussi des albums sous leur propre nom. Certains enregistrent leurs mixes ou publient des compilations de leurs titres préférés, alors que d’autres effectuent un pas supplémentaire en commercialisant leurs propres compositions.

Hasard du calendrier, les albums de plusieurs DJ romands de styles très différents sortent au même moment dans les bacs. Il y a celui du spécialiste vaudois de la trance, Spoke, totalement dédié à ses nouvelles compositions. «Cet album est évidemment très personnel, il me représente en tant qu’artiste, et non plus uniquement en tant que DJ», dit-il.

Son confrère lausannois Koris a opté pour une approche intermédiaire: il a inclus deux de ses propres morceaux dans son mix pour la compilation Sonic, du nom de la grande rave suisse alémanique: «Ce CD est une occasion pour moi de faire connaître mes morceaux à un plus large public. Mais je n’ai pas fait de compromis musicaux. Mon style reste le même que lorsque je joue en soirée.»

Sortir des albums sous son nom: une condition nécessaire pour faire durer une carrière de DJ? «Il y a quelques années, pour mixer, il suffisait d’avoir de bons contacts, explique DJ Spoke. Mais aujourd’hui, la reconnaissance internationale passe forcément par la production de sa propre musique. Ainsi, il y a même des DJ, très connus pour certains, qui se font composer des morceaux et qui les sortent sous leur nom sans avoir jamais mis les pieds dans un studio…»

A la manière des producteurs hollywoodiens, ces têtes d’affiche font réaliser par d’autres les oeuvres qu’ils commercialisent sous leur marque.

Plus largement, la frontière est en train de s’estomper entre les métiers de DJ, de producteur et de musicien. Le Lausannois Mandrax a acquis une notoriété internationale derrière les platines avant de commencer à composer et à produire ses propres morceaux au sein de Shakedown, un groupe qu’il a fondé avec son frère Seb K. Après un carton avec le titre At Night (2002), le duo sort ces jours-ci son second album, Spellbound.

Le Genevois Alex Sumi privilégie lui aussi l’approche familiale. Quand il n’officie pas en tant que DJ, il compose et joue au sein de Sumo, un groupe qu’il a fondé avec son frère Fred. Leur deuxième album, intitulé Rise, sortira en mai. «Produire sa propre musique est un atout supplémentaire pour un DJ, dit-il. Surtout par rapport au marché suisse, qui est si minuscule: la sortie d’albums est primordiale pour pouvoir s’exporter sur le plan européen, voire mondial.»