Ces outils pédagogiques qui invitent les enfants à réviser pendant l’été sont très populaires auprès des parents. Notre chroniqueuse, elle, ne les aime pas. Elle s’explique.
L’année scolaire n’est pas terminée et déjà, c’est la rentrée dans les grandes surfaces. Dès la fin juin, les grands magasins ont sorti leurs slogans: «cool à l’école » (Manor) et «c’est la rentrée» (Migros).
On ne brûle plus les cahiers à la fin de l’année scolaire, on s’empresse d’en acheter de nouveaux. Non pour la seule rentrée, mais également pour réviser sous la tente ou sur la plage. De nombreux parents craquent en effet pour ces «cahiers de vacances» présentés comme les «outils pédagogiques adaptés pour garder le niveau et préparer la rentrée». Ils promettent «la réussite pour tous».
Au fil des années, le marché des cahiers vacances s’est envolé. Les parents, transformés en coaches, sont invités à ne pas lever le pied après avoir maintenu des efforts toute l’année. Comme pour un entraînement sportif. Les cédéroms et leurs «révisions ludiques» et le travail qui se fait «au fil de son inspiration» prennent aujourd’hui le relais des antiques cahiers de vacances imprimés, dont le concept avait été inventé en 1933 par Roger Magnard.
Ce représentant en papeterie songeait alors aux grandes vacances, période calme pour ses affaires, et de repos pour les élèves qui ont tendance à tout oublier pendant ces semaines bénies. Ses propres enfants deviendront les héros d’un cahier d’un genre nouveau: des recueils de révisions certes ludiques mais permettant néanmoins de réviser tout le programme de l’année. Le premier cahier de vacances était né.
Aujourd’hui, on retrouve Patrice, son fils, à la tête de Maxicours.com, présenté comme l’outil de révision du XXIème siècle. En fait, le premier e-cahier de vacances mis à disposition des écoliers. «Les besoins et les habitudes ont beaucoup changé depuis les années 1930. D’ici peu de temps, il sera même peut-être courant de réviser à la plage ou en voyage, sur le portail Maxicours.com, grâce à un accès wi-fi», avance-t-il.
Se trouve-t-il encore des parents pour renoncer à mettre à la disposition de leurs enfants des outils aussi performants? Sylvie, mère de trois enfant de 14, 12 et 8 ans, n’a pas encore craqué malgré les remarques de ses copines. «Quitte à passer pour trop relax, chez nous, les vacances c’est les vacances!», assume-t-elle.
La lecture du dernier numéro du magazine «The Idler» (Le Paresseux) la conforterait dans son choix quasi marginal. Et si l’oisiveté n’était pas la mère de tous les vices, mais celle de la créativité?
Dans ce magazine, Tom Hodgkinson dénonce l’ingérence outrancière des parents dans la vie de leurs enfants et défend le principe de «l’éducation paresseuse».
Se fondant sur des écrits de l’écrivain anglais D.H. Lawrence, il en rappelle les trois règles éducatives: «Comment éduquer un enfant? Première règle, laissez-le tranquille. Deuxième règle, laissez-le tranquille. Troisième règle, laissez-le tranquille.»
Cette approche éducative qualifiée de «low-effort approach to childcare» a trois avantages manifestes: elle est plus facile à appliquer, elle est meilleure marché et, surtout, elle génère des enfants qui ont confiance en eux, sont autonomes et qui, devenus adultes, ne chercheront pas à trouver des parents de substitution en la personne de leur employeur ou de leur conjoint.
Les cahiers de vacances au feu, et les parents au milieu!
