Les piétons sont parmi les usagers de la route les plus vulnérables. Défiants ou distraits, ils entretiennent des relations ambiguës avec les automobilistes. Sociologie du passage jaune.
Selon la statistique que vient de publier le Bureau de prévention des accidents, les piétons sont, avec les cyclistes, les usagers de la route les plus vulnérables.
Même des collisions mineures ont des conséquences graves pour les piétons, insiste l’Association transports et environnement dans son dernier communiqué .
Outre les zones limités à 30km/h, des mesures techniques existent pour réduire la gravité des accidents. L’association mentionne les capots actifs, les airbags extérieurs ou encore les carrosseries absorbantes. A l’évidence, les voitures offrant ce type de sécurité, orienté non uniquement sur la protection des passagers en cas de choc mais aussi sur celle des piétons qu’elles pourraient percuter, ont de la peine à émerger sur le marché.
Mais surtout, «les enquêtes montrent que les automobilistes sont davantage prêts à s’offrir une belle chaîne hi-fi qu’une technologie pouvant sauver des vies», déplore Robert LaGuerra, conseiller en technologie sécuritaire.
Plutôt que de limiter les dégâts de percussions programmées, n’éludons pas «la» question: pourquoi la priorité dont bénéficient les usagers sur les passages piétons est-elle si mal respectée?
Pour mémoire, l’ordonnance sur les règles de la circulation routière stipule que: «Avant d’atteindre un passage pour piétons où le trafic n’est pas réglé, le conducteur accordera la priorité à tout piéton ou utilisateur d’un engin assimilé à un véhicule qui est déjà engagé sur le passage ou qui attend devant celui-ci avec l’intention visible de l’emprunter. Il réduira à temps sa vitesse et s’arrêtera, au besoin, afin de pouvoir satisfaire à cette obligation.»
Un simple auto examen débusque nos contradictions. Dans la peau du piéton, je crie «assassin!» au chauffeur qui vient de m’éviter de justesse et, une fois au volant, à mon tour, je me mue en «assassin» parce que distraite ou pressée.
De plus, la police n’opérant que rarement en ces lieux, le fait de couper la priorité à un piéton n’est pas l’infraction la plus redoutée des automobilistes.
Respecter le droit des piétons, par contre, c’est être gratifié de signes aimables, de sourires, de courbettes même. D’ailleurs, certains matins, j’use de ces marques de reconnaissance pour entamer la journée d’un bon pied…
Mais des piétons moins civilisés, dédaigneux, cherchent parfois à mettre ma patience à l’épreuve. S’amuser à les observer en taxinomiste est un petit jeu fort sympathique.
Certains casse-cou se risquent même à téléphoner et à écouter de la musique en toute quiétude en traversant des passages pour piétons, sans se soucier des automobilistes. Deux d’entre eux se sont faits écraser récemment aux Etats-Unis.
La réponse n’a pas tardé. Il pourrait bien leur en coûter prochainement 100 dollars dans l’Etat de New York.
