- Largeur.com - https://largeur.com -

Le rendez-vous manqué de Ségolène Royal avec la démocratie participative

Ségolène Royal avait entamé un parcours politique atypique dans sa course à l’investiture du parti socialiste en créant sa «campagne participative».

Cette approche comportait essentiellement trois axes: les débats citoyens, une présence internet interactive et une volonté d’extraire un programme politique issu des revendications de base ainsi exprimées.

Que reste-t-il aujourd’hui de cette démarche?

A vrai dire pas grand-chose, à part évidemment son investiture. Mais dès lors que la campagne s’est portée sur l’élection présidentielle proprement dite, les règles du jeu ont changé. On est globalement revenu à la forme traditionnelle du vieux système politique.

Comment expliquer ce revirement? En fait, il faut voir que deux modes démocratiques cohabitent et s’opposent aujourd’hui dans nos sociétés occidentales.

L’une est la «démocratie représentative», constitutive de nos Etats et de nos lois, et l’autre la «démocratie participative», expression fondée sur des comportements légitimés par la société civile, mais qui ne sont pas légalisés par les constitutions nationales.

Ces deux formes de vision de la gouvernance représentent le principal dilemme de notre modernité. En effet, d’un côté, les élus politiques se sentent en quelque sorte débordés par la multitude d’organisations non étatiques qui créent l’agenda politique à leur place (songeons ici et par exemple à la question qui fait l’actualité, celle du changement climatique).

De l’autre côté, la société civile dans son ensemble a largement perdu confiance en la capacité de gouvernance des politiques.

Face à cette réalité, chacun semble à première vue s’organiser à sa manière. Et pourtant, de nouvelles formes de gouvernance émergent. Elles sont basées sur des processus de multi-stakeholders favorisant la convergence des pratiques plus que la coercition des décisions.

Ainsi, les ONG, les entreprises, les syndicats, les médias, les think tanks et toutes autres formes d’organisation de la société civile trouvent dans ces mécanismes nouveaux des plate-forme d’intervention utiles. Un mode de gouvernance s’invente sous nos yeux. On parle désormais de «soft» gouvernance.

Le politique reste très démuni face à cette déferlante. L’exemple français en est la preuve quotidienne.

Cependant, avec la montée en force du consommActeur dans le champ de l’économie directe, à savoir cette économie sans intermédiaire, le consommateur qui est également citoyen attend du champ politique une réforme en profondeur qui lui donnerait ainsi plus de pouvoir.

Segolène Royal semblait, comme d’autres politiciens de par le monde, en avoir saisi l’importance. Mais les vieux démons politiques ont refait surface…

Cela sera donc pour une autre fois… Patience, citoyen, la vraie liberté est encore pour demain…

——-
Xavier Comtesse, mathématicien, est directeur romand du think tank Avenir Suisse, qui réunit les plus grandes entreprises du pays.