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Les défis de la vidéosurveillance

L’omniprésence des caméras change la définition de la sphère privée et pose de nouvelles questions éthiques. Explications.

Dans toute l’Europe, les caméras de surveillance se multiplient, tant dans les lieux publics que privés, et sans toujours susciter de réels débats. Or l’évolution technologique risque de faire voler la sphère privée en éclats. Résumé des enjeux, en six points.

Des caméras qui parlent entre elles

Actuellement, les caméras de surveillance sont encore relativement rares et ne se parlent pas. Mais dans un avenir proche, elles seront omniprésentes, et leurs informations pourront converger vers un même centre de contrôle.

«Il sera possible de suivre quelqu’un à la trace, en passant d’une caméra à une autre», prévient Touradj Ebrahimi, 41 ans, professeur à l’EPFL et fondateur de la société Emitall Surveillance.

Cette possibilité de mettre en réseau des caméras d’origines diverses (entreprises, police, individus, services publics, etc.) pose des questions fondamentales sur la protection de la sphère privée.

L’avènement de la très haute résolution

Les caméras à très haute résolution vont se généraliser. Pour l’heure, la plupart des modèles déjà installés offrent une résolution de 0,5 mégapixels, ce qui correspond plus ou moins à la définition de la télévision (à titre indicatif, la TV HD affichera deux mégapixels).

Mais certaines caméras disposent déjà de résolutions comprises entre 5 et 10 mégapixels. «Si ces modèles sont encore coûteux — de l’ordre de 10’000 à 30’000 francs la pièce –, on en trouvera pour moins de 1’000 francs dans deux ans», estime Touradj Ebrahimi.

Quand on sait que ces caméras permettent par exemple de déchiffrer des SMS à distance, on imagine le pouvoir détenu par ceux qui ont accès aux images.

Des capteurs aux yeux de mouche

«Les caméras du futur ne seront plus forcément construites sur le modèle de l’oeil humain, annonce Touradj Ebrahimi. Certaines d’entre elles s’inspireront du mode de vision des insectes, chez lesquels chaque fraction de l’oeil capte une partie de l’information.»

En pratique, chaque lamelle d’un plancher, par exemple, pourrait constituer un capteur de la caméra. De la pure science-fiction?

«Absolument pas, assure le professeur EPFL. D’ici à deux ans, les premiers outils de ce type seront opérationnels. Ces systèmes sont développés dans le plus grand secret car personne ne souhaite être copié. A l’origine de ces travaux, on retrouve souvent des ingénieurs ayant quitté des laboratoires militaires.»

Des images verrouillées

Le défi majeur de la vidéosurveillance consiste à augmenter la sécurité sans menacer la sphère privée. Le brouillage en temps réel de la silhouette des passants apparaît comme une solution d’avenir. Concrètement, les silhouettes sont floutées, mais les actes délictueux restent repérables.

Si par exemple une personne se fait agresser en pleine ville, la police pourra repérer la scène, et décoder les images brouillées grâce à une clé de décryptage, de manière à identifier les agresseurs.

Le fait que les images soient enregistrées et stockées brouillées permet de garder les données plus longtemps, en garantissant l’anonymat. Seule une enquête pénale autorisera le déverrouillage. La clé sera en général détenue par une autorité compétente, à l’instar d’un juge ou de toute autre force légale.

Un défi juridique

En matière de vidéosurveillance, le flou juridique persiste. En Suisse, seules existent des recommandations de l’Office fédéral de la protection des données, telles que l’obligation — pas toujours respectée — d’annoncer la présence d’une caméra de surveillance.

«Je regrette que les personnes censées légiférer sur ces questions ne se renseignent pas sur toutes les facettes techniques et sociologiques de ce problème complexe. Leur conception de la vidéosurveillance est souvent digne des années 50», assène Touradj Ebrahimi, selon lequel sociologues, politiciens, juristes et ingénieurs devraient se réunir autour d’une même table.

«Je suis le premier à penser que la technologie a besoin d’un cadre légal, et j’espère vivement qu’une loi sera votée d’ici à 2008. Mais à quoi bon se référer constamment au passé, voire même au présent? Il faut anticiper l’avenir en s’appuyant sur les technologies à notre disposition. Sinon, cela revient à légiférer sur le télex à l’ère d’internet.»

La vidéosurveillance à domicile

La vidéosurveillance à domicile est aussi appelée à se généraliser. Les systèmes actuellement développés permettent une gestion à distance des alarmes. Ils reposent sur une grande simplicité d’utilisation et se contentent d’un matériel peu onéreux: ordinateur, webcam et téléphone portable.

Si la caméra détecte une anomalie, comme la présence d’une personne dans son champ de vision, un MMS est aussitôt envoyé au téléphone portable du propriétaire. Le système peut, à tout moment, être branché ou débranché par téléphone.

Outre la détection des intrusions, ce dispositif peut également servir à surveiller des enfants ou des personnes âgées. Dans ce dernier cas, une alarme sera par exemple envoyée en cas de chute. Un logiciel de floutage de l’image garantit l’intimité de la personne surveillée.