Combiner le meilleur de la télévision et d’internet, c’est l’ambition de Joost, futur poids lourd du web lancé par les inventeurs de Skype.
Joost tente le pari d’une nouvelle offre vidéo sur Internet. Encore en phase de test, cette plateforme lancée par les inventeurs de Skype et de Kazaa doit officiellement voir le jour à la fin du mois, mais quelques privilégiés peuvent déjà en profiter. Au programme: des contenus variés (films, séries, documentaires, etc.), une qualité d’image semblable à celle de la télévision et, surtout, des perspectives d’interactions inédites pour les usagers.
Concrètement, les téléspectateurs ont à tout moment le choix du programme qu’ils souhaitent visionner, avec le confort de la vidéo à la demande, c’est à dire notamment la possibilité d’interrompre la diffusion quand bon leur semble. Mais le service proposé va bien au delà: il mise sur l’interactivité entre internautes, lesquels peuvent débattre en direct du contenu visionné, s’envoyer des messages, ou encore noter les émissions sur une échelle de 1 à 5. L’interface, à l’instar de celle de Skype, se veut simple et intuitive.
Sur le plan technique, Joost (prononcez «djouste») est basé sur le principe du peer to peer, déjà largement répandu par les systèmes d’échanges de fichiers Kazaa, eMule ou BitTorrent. Plutôt que de diffuser la même vidéo auprès de l’ensemble des internautes via un serveur central très coûteux, ce système s’appuie sur un stockage réparti des données entre les utilisateurs membres du service.
Pas question pour autant de mettre en ligne une séquence de ses dernières vacances: contrairement à YouTube ou Dailymotion, Joost n’autorise pas les utilisateurs à envoyer leur propre contenu. De surcroît, ses concepteurs l’ont blindé de protections contre le piratage, mettant tout en oeuvre pour attirer les diffuseurs traditionnels. Avec succès, puisque des partenaires de poids, tels Viacom (MTV) ou Warner Music, prennent part au projet.
Pubs ciblées. Joost inaugure un nouveau modèle économique pour les productions audiovisuelles: en plus de diffuser les programmes en toute légalité, il y intègre des publicités ciblées en fonction des goûts de chaque téléspectateur. Les revenus sont partagés avec les détenteurs de droits. Fort de son avance technologique et des moyens considérables mis à sa disposition, la plateforme a déjà signé avec une trentaine d’annonceurs, et non des moindres: Coca Cola, Intel, Nike, Microsoft ou encore L’Oréal font notamment partis du lot.
Si 150 programmes à téléchargés sont prévus au lancement, on ne compte encore aucun contenu en français. Les diffuseurs européens affichent une plus grande retenue, mais la situation pourrait évoluer rapidement. Bernard Rappaz, rédacteur en chef de TSR multimédia, confirme qu’un premier contact a été établi avec Joost. Par ailleurs, le fonds d’investissement genevois Index Ventures, qui avait participé au financement de Skype, vient de prendre une part dans le capital.
