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Radical, tout va mal

Avec l’omniprésence graveleuse de l’UDC, c’est l’autre évènement de la campagne: le blues du parti radical qui ferait plutôt, lui, dans l’omniabsence. Un petit vent aigre, porteur des germes de la panique, semble même y souffler, attisé par des sondages calamiteux, deux conseillers fédéraux usés qui traînent une image dramatiquement surannée, et un président Pelli chaque jour un peu plus déprimé et nerveux. Sans parler des slogans illisibles, quand pas grotesques, avec la palme pour ce nullissime «Hop Sviz». Bref, une vraie crise existentielle sur fond de Berezina annoncée.

Il faut dire qu’arpenter les estrades en essayant de vendre «une Suisse de l’intelligence», c’était peut-être surestimer les aspirations du bon peuple, qui n’en demandait pas tant. Et puis les prix Nobel sont rarement majoritaires au sein du corps électoral.

Pire: lorsqu’ils cherchent à mettre en avant leurs qualités spécifiques, les candidats radicaux emploient des mots comme «rigueur». Un genre de vocable que n’importe quel communiquant à peine diplômé conseillera de bannir à tout prix.

Les politiciens radicaux, du moins les romands, qui n’ont pas assez d’enthousiasme pour clamer leur amour de l’hyper président français, feraient bien de s’inspirer du modèle Sarkozy: démagogie, émotion, compassion, promesses distillées avec tambour et trompettes, après strict examen des sondages d’opinion et sans aucune espèce d’intention ni de possibilité de les tenir.

En refusant par principe ce genre d’esbroufe et de culot qui peuvent rapporter gros, et que Sarkozy, lui, appelle simplement «le sens politique», les radicaux sont en train de crevoter à petit feu pâle. Un sondage les donne même à 14%, derrière le PDC. La question désormais n’est plus incongrue: qui de Merz ou Couchepin sera éjecté du Conseil fédéral en décembre?

Les explications dudit Couchepin pour justifier la chute n’y changent pas grand-chose. A savoir que tous les partis se seraient rapprochés des positions radicales au point que l’original se ferait manger par les copies.

Et que dire de ce refrain en boucle, qui a le charme de la scie: les radicaux ont bâti et inventé la Suisse moderne et démocratique, au nom de quoi on leur devrait une reconnaissance éternelle. Outre qu’il s’agit d’une lecture pour le moins partielle de l’histoire, rabâcher 1848 cela ne fait pas un programme électoral très excitant pour 2007.

Il y a ceux enfin, penchés sur le mourant, qui y vont de leurs bons conseils de diaforus éclairés. Tel un Pascal Décaillet suggérant une union avec le frère ennemi PDC, pour la création d’une grande formation de centre droit. Un cas de figure qui aurait le désavantage d’appauvrir la vie politique suisse et surtout déboucherait sur une prise de risque inouïe: laisser toute la «vraie droite» aux frontistes de l’UDC.

Mais que le parlement se rassure: si, réellement, au soir du 21 octobre, le parti radical se retrouve éjecté du podium, relégué à un infâmant quatrième rang, derrière l’UDC, le PS et le PDC, il existe une solution toute simple, en douceur, loin du psychodrame qui avait marqué l’éviction de Ruth Metzler. Une rocade où personne n’y perdrait ni n’y gagnerait réellement quoi que ce soit: remplacer au Conseil fédéral, ni vu ni connu, un grand homme par un autre – on parle de la taille. Un obsédé du pouvoir par un autre. Un carriériste par un autre. Un citoyen de Martigny par un autre. Bref un Couchepin par un Darbellay.