Quand le téléphone mobile se transforme en projecteur
Protégée par un brevet, la technologie des micro-miroirs permettra de projeter des vidéos depuis n’importe quel objet multimédia.
«Le problème avec la télévision sur téléphone portable, c’est que personne n’a envie de regarder un film sur un écran de 2 cm2!» Nicolas Abelé, post-doctorant à l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL) résume parfaitement la situation: voir un match de football sur son mobile relève du défi.
«Le ballon ne fait que quelques pixels. Il est à peine visible!» Pour résoudre ce problème, il s’apprête à lancer, avec Faouzi Khechana, de l’EPFL, et Lucio Kilcher, de la Haute école (HES-SO) de Sion, la start-up Scanlight Imaging.
Lauréat du prix Venture Leaders en 2006, Nicolas Abelé veut intégrer des «beamers» aux appareils multimédia portables, tels les téléphones, mais aussi les baladeurs MP3, les appareils photos ou les caméras numériques. Le contenu de l’écran pourrait dès lors être projeté contre un mur ou n’importe quelle surface.
Les trois cofondateurs développent une nouvelle technologie, basée sur des micro-scanners MEMS (Micro-Electro-Mechanical Systems). Concrètement, des micro-miroirs, de 1 millimètre de diamètre, réfléchissent le faisceau produit par une diode laser et peuvent ainsi scanner ligne par ligne n’importe quelle image. Celle-ci, recréée et rafraîchie 60 fois par seconde, peut-être projetée sur un écran situé à une cinquantaine de centimètres. «Un tel système permettra d’agrandir et de visualiser une photographie, une séquence vidéo ou une présentation PowerPoint, depuis son téléphone ou son baladeur MP3, quel que soit l’endroit où l’on se trouve.»
Nicolas Abelé espère un fort développement pour cette technologie. «Nous avons réalisé une étude auprès de 350 personnes de tout âge. 80% des gens aimeraient disposer d’une telle fonction sur leur mobile. Ils se disent prêt à investir 100 francs de plus pour l’avoir.» Scanlight Imaging prévoit un premier prototype noir blanc pour la fin de l’année 2008 et un couleur pour 2010. La rentabilité, elle, est prévue aux alentours de 2011.
Des soins dentaires (presque) sans douleur
Les seringues développées par la start-up Primequal permettent des anesthésies buccales par injection, sans souffrance.
Vous avez le cœur qui s’emballe à la simple évocation de votre contrôle dentaire annuel? Pour calmer l’angoisse de la fraise et, surtout de la piqûre anesthésiante — préalable quasiment obligé aux actes dentaires — la start-up Primequal, fondée en 2006, a développé une nouvelle seringue. Jetable et recyclable, celle-ci assure des injections d’anesthésiant, sans douleur. Comment? Grâce à un système qui permet au praticien d’injecter sans aucun effort le produit dans les tissus ô combien durs de la gencive.
«La douleur provient souvent d’une trop grande pression lors de l’administration de l’anesthésiant, explique David Weill, ingénieur et fondateur de Primequal. Or, comme ce sont des tissus extrêmement durs, les dentistes appuient très fort sur la seringue, rendant l’injection douloureuse. Avec notre système, protégé par 4 brevets, la pression est limitée et donc la piqûre indolore.»
Baptisée Preciquant, cette seringue d’un nouveau type, entièrement fabriquée en Suisse, est vendue par Saniswiss sous le nom de Saniject, au prix unitaire de 4,50 francs. Son design soigné a été récompensé par le prestigieux prix international Reddot design award 2008. «Dès sa commercialisation, en août 2007, nous en avons vendu 60’000 unités. Aujourd’hui, nous allons atteindre le chiffre d’un million», se réjouit David Weill. Ce succès résulte en partie d’un excellent bouche à oreille. «Les dentistes nous disent: « Enfin, une véritable innovation dans le domaine dentaire! »»
Vendue pour l’instant en Europe et en Asie, cette nouvelle seringue débarquera aux Etats-Unis l’été prochain. Un marché prometteur qui devrait permettre à la start-up de parvenir à la rentabilité à l’horizon 2009-2010, selon les prévisions du fondateur. Lauréat du prix Venture Leaders 2008, David Weill prévoit déjà d’adapter sa technologie novatrice à d’autres applications: «Nous sommes entrain de modifier notre seringue pour l’adapter à d’autres domaines, notamment les soins esthétiques, révèle David Weill. Elle pourrait faciliter les injections de Botox ou d’acide hyaluronique.»
Un programme de nouvelle génération pour l’e-commerce
Actuellement en test, ce logiciel permettra d’améliorer les systèmes de recommandations de produits aux clients qui font leurs achats sur le Net.
Le commerce en ligne a le vent en poupe. Selon une étude de l’Uni de Saint-Gall, le montant des achats sur Internet en Suisse est passé de 2,2 à 4,24 milliards entre 2004 et 2007. Un business juteux dont compte bien profiter Prediggo. Cette start-up, qui sera officiellement créée cet été, développe un logiciel qui améliore la recommandation de produits aux clients, en fonction de leurs préférences.
«Les sites de vente en ligne proposent en moyenne près de 30’000 produits. Aucun client ne peut consulter l’ensemble du catalogue. Les sites ont donc besoin de recommander à leur utilisateur des produits en fonction de leurs préférences», explique Vincent Schickel, le fondateur de Prediggo.
Pour aider leurs clients, les marques de vente en ligne, tels Amazon ou la Fnac, ont recours à des systèmes de recommandations, censés proposer des articles pertinents. «Ces logiciels conseillent des objets dits similaires, qui dépendent des votes que d’autres utilisateurs ont exprimés sur un sous-ensemble de produits, soit explicitement (sondage), soit en les achetant. Ils ne sont donc pas adaptés à la spécificité de chaque acheteur.»
Pour résoudre ce problème, Vincent Schickel a développé, lors de son doctorat réalisé au laboratoire d’intelligence artificiel de l’EPFL, un nouvel algorithme plus performant. «Il s’agit d’un filtrage par ontologie (Ontology filtering), qui a pour but d’extraire l’information contenue dans les demandes de l’utilisateur afin d’estimer ses préférences inconnues. Concrètement, cela permet des recommandations en temps réel et d’expliquer à l’acheteur pourquoi tel ou tel article lui est proposé.»
Ce travail, récompensé du prix de la fondation Dimitris N. Chorafas, a conduit à un dépôt de brevet commun, par l’EPFL et Vincent Schickel, et au projet de création de la spin-off baptisée Prediggo. Lauréats des prix Venture Kick et Venture Leader 2008, Vincent Schickel espère bientôt commercialiser ce nouveau logiciel d’e-commerce. «Pour l’instant, il est en test dans plusieurs entreprises. Nous attendons leurs feed-back, mais il semble que nous tenions les performances promises», se réjouit Vincent Schickel. Un bon signe pour l’avenir de cette start-up qui compte atteindre la rentabilité mi-2009.
Un logiciel pour retrouver l’info dans les séminaires
En reconnaissant un texte dans un fichier multimédia, ce programme permet de rechercher une information ciblée contenue dans une présentation.
Klewel. Le nom peut paraître étonnant. En fait il s’agit d’une contraction des mots bretons «klévèt» et «gwelèt» qui signifient «écouter» et «voir». Adapté à l’époque, cela revient à un mariage de l’audio et du visuel, exactement ce que fait cette start-up, basée à Martigny et fondée par Maël Guillemot, ingénieur originaire de Bretagne. En effet, la jeune entreprise commercialise des solutions pour capturer, archiver et rechercher les informations numériques multimédias issues de conférences ou de séminaires.
«Les congrès sont un concentré d’informations dévoilées lors d’une ou plusieurs présentations. Même si elles sont filmées, il reste difficile pour une personne de retrouver une donnée précise, au milieu de plusieurs heures de conférence, explique Maël Guillemot. Notre outil permet d’enregistrer ces présentations en vidéo, de les rendre rapidement accessibles sur Internet (dès le lendemain) et, surtout, de rechercher un contenu particulier, à la façon d’une recherche effectuée sur Google.»
Comment? Grâce à un logiciel de reconnaissance des mots type OCR (Optical recognition character). Concrètement, lors d’un événement, la vidéo, les sons ainsi que les diaporamas sont enregistrés et archivés. Un logiciel scanne les images issues des présentations numériques et en extrait les mots. Cette technologie a été développée par l’Institut de recherche IDIAP, à Martigny. Pour l’exploiter, Alessandro Vinciarelli, Jean-Marc Odobez et Maël Guillemot ont créé Klewel, une spin-off de l’IDIAP, en novembre 2007.
Lauréat du prix Venture Leaders 2008 et soutenu par The Ark (fondation pour l’innovation en Valais), Maël Guillemot a déjà trouvé plusieurs clients. «Nous avons notamment signé des contrats avec l’Association for computing machinery (ACM), qui organise une centaine de conférences par an, l’Unicef (United Nations Children’s Funds) et Cadre.ch.» Pour chaque présentation enregistrée et traitée, ces clients s’acquittent d’un forfait de base de 1500 francs, auquel s’ajoute un prix horaire de 500 francs.
Améliorer l’architecture des puces
Cette technologie permet d’interconnecter plus facilement les unités de plus en plus nombreuses qui composent les puces électroniques.
Les puces électroniques deviennent de plus en plus en performantes et… de plus en plus complexes. «Actuellement, elles contiennent en moyenne une dizaine d’unités fonctionnelles. Mais, selon la fameuse loi de Moore qui prévoit que la complexité des semi-conducteurs double tous les dix-huit mois, elles en contiendront bientôt des centaines», estime Federico Angiolini, cofondateur et CEO de la société iNoCs. Problème: plus les unités sont nombreuses, plus les interconnecter entre elles relève du défi. «Actuellement, elles sont reliées via un bus, sorte d’autoroute informatique où transitent les informations.» Mais avec la multiplication des fonctionalités, gare à l’embouteillage!
Pour pouvoir intégrer plus facilement des composants, Federico Angiolini (CEO), Luca Benini (CTO), Srinivasan Murali (advisors) et Giovanni De Micheli (advisors), ont lancé, en décembre 2007, iNoCs, une start-up. Lauréate du prix Venture Leaders 2007, Federico Angiolini explique: «Nous avons développé une nouvelle architecture des puces, baptisée Network-on-chip. Cela fonctionne un peu comme un petit Internet sur puce, avec un réseau de routeurs qui dirigent les informations. Pour gérer ce système, nous avons également créé un logiciel.»
Cette nouvelle technologie, protégée par trois brevets en cours d’enregistrement, a été développée conjointement par les universités de Stanford et Bologne, ainsi que par le laboratoire des systèmes intégrés de l’EPFL. «En plus d’améliorer les performances des puces électroniques, notre système permet également de réduire leur consommation énergétique.»
«Les clients visés sont, bien évidemment, les vendeurs de puces, comme Intel, Samsung, Freescale, Philips ou Sony, dit Federico Angiolini. Des contacts sont d’ailleurs déjà pris avec l’un de ces grands fabricants.» Soutenu par CTI Startup, Venture Lab et Venture Kick, le jeune CEO estime que le marché pour son produit s’élève actuellement à quelques centaines de millions. Mais, pour le moment, le plus important reste de trouver des fonds. «Nous cherchons actuellement un financement de l’ordre de 5 millions de francs.»
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Venturelab: l’innovation créatrice d’emplois
Venturelab, une initiative de l’Agence fédérale pour la promotion de l’innovation (CTI), offre des modules de formation pour soutenir les jeunes entreprises innovantes et sensibiliser les étudiants au thème de l’entrepreneuriat.
Les cours sont gratuits, sur sélection, pour les projets ayant une forte composante innovation/haute technologie. Venturelab travaille en étroite collaboration avec les écoles polytechniques fédérales, les universités et les hautes écoles spécialisées.
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D’autres entreprises formées par Venturelab sont présentées ici.
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Plus d’informations sur www.venturelab.ch