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Bush élargit la guerre au Pakistan

Le 7 octobre 2001, sur ordre du président George W. Bush, les Etats-Unis lançaient leurs troupes sur l’Afghanistan pour venger l’affront des attentats de 11 septembre précédent. Contrairement à toute tradition militaire, la guerre n’avait pas été préparée, ainsi qu’on l’apprit par la suite.

Le Pentagone et le Département d’Etat furent contraints d’improviser une coalition de pays amis ou sujets pour donner un semblant de vernis démocratique à cette agression caractérisée contre un Etat peu sympathique certes mais souverain.

Sept ans plus tard, les forces conjointes de l’armée étasunienne et de l’OTAN (environ 70’000 hommes réguliers, le double si l’on compte les mercenaires privés) sont tenues en échec par une résistance que la propagande nous présente comme des va-nu-pieds islamistes fanatisés par les mollahs et Ben Laden. Si les pertes des combattants afghans et de la population civile sont énormes, celles des envahisseurs le sont aussi. Aujourd’hui, les Américains comptent plus de morts en Afghanistan qu’en Irak où pourtant ils ne voient pas la vie en rose.

L’échec est patent. Si patent que le commandant du corps expéditionnaire britannique en Afghanistan, le général Mark Carleton-Smith, juge impossible pour les forces occidentales de gagner la guerre contre les talibans.

Si patent que le commandant des forces de l’OTAN en Afghanistan, le général américain David McKiernan, demande l’envoi de renforts dès que possible pour lutter contre la recrudescence des violences. Il lui faudrait 10’000 hommes supplémentaires. Même s’il les obtient, cela ne changera rien. Pour les Occidentaux, la partie est perdue. Demain ou après-demain, ils devront plier bagages.

Ce sera, hélas!, plutôt après-demain. En effet, profitant cet été de la campagne électorale pour la présidence, l’administration Bush s’est lancée en douce dans une nouvelle aventure en déclenchant ce qu’il convient désormais d’appeler la guerre du Pakistan.

Premier acte: mise à l’écart à la mi-août du président Musharraf, ex-général parvenu au pouvoir suite à un pronunciamiento, mais doué d’un sens politique indiscutable. Capable aussi, le cas échéant, de tenir tête à Washington.

Deuxième acte: propulsion à la présidence d’Asif Ali Zardari, un affairiste scabreux, dont le seul mérite fut d’être choisi comme mari de paille par Benazir Bhutto. Célibataire, cette dernière ne pouvait accéder à la vie publique et politique à laquelle elle aspirait pour venger son père Ali Bhutto pendu autrefois par les militaires.

Intronisé dans ses fonctions présidentielles le 9 septembre dernier, Asif Ali Zardari reçut le jour même un magnifique cadeau de la part des Américains: les premiers bombardements sur les zones dites tribales du Nord-Waziristân, province voisine de l’Afghanistan.

En termes moins fleuris, disons que le rôle attribué à Zardari était clarifié avec cynisme. Après avoir été le mari de paille de Benazir, il deviendrait la potiche de G. W. Bush!

Depuis, les bombes pleuvent et les morts tombent par dizaines. L’armée pakistanaise, probablement divisée, tente de défendre les frontières du pays. Un de ses chefs a donné l’ordre de défendre à tout prix la souveraineté nationale. Un drone a même été abattu le 23 septembre.

Mais il faudra plus de temps pour organiser la riposte politique à cette offensive américaine. Une riposte qui suppose un conflit ouvert avec la puissance tutélaire et un probable retour des militaires pouvoir. Cela dans un pays doté de l’arme nucléaire, en proie depuis des décennies à des convulsions nationalistes (contre l’Inde) et religieuses (shiite contre sunnites). Un Etat qui est en soi une bombe divagante.

Mais le monde a d’autres soucis: McCain et Obama assurent le grand spectacle médiatique, la crise financière et économique créant pour sa part des tensions auprès desquelles des bombardements et des déplacements de population dans des montagnes lointaines ne font pas le poids.

C’est injuste pour les populations de cet Orient proche. Depuis sept ans, les Américains et leurs alliés ont saccagé l’Irak et l’Afghanistan, ils commencent à le faire au Pakistan. Et si l’on en croit l’excellent Bernard Kouchner, le tour de l’Iran, annoncé depuis longtemps, est proche.