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Debout pour la santé

L’histoire de l’humanité est d’ordinaire illustrée par une succession d’anthropoïdes qui acquièrent progressivement des traits plus proches de ceux de l’homme.

Le changement le plus important, du moins visuellement, survient avec l’apparition de l’«homo erectus» qui a quitté la position «quatre pattes» pour se retrouver sur deux pieds.

Un détail très contemporain est généralement omis: les humains, bien que capables de se tenir debout, préfèrent la position assise. Une image qu’il conviendrait d’ajouter au tableau.

Dans le monde du travail, les syndicats ont lutté et luttent encore pour obtenir que les employés de toute sorte puissent, dans la mesure du possible, s’asseoir. Leur combat pourrait se tempérer avec l’injonction lancée dans les pays scandinaves puis reprise aux Etats-Unis: «Travaillez debout, c’est bon pour votre santé!»

Dans les bureaux du ministère suédois des finances, la plupart des fonctionnaires travaillent debout face à des bureaux dont la hauteur est ajustable par la simple pression d’un bouton. Anders Borg, le ministre à la queue de cheval et à l’anneau d’or dans l’oreille gauche, en est persuadé: «Un tel aménagement est plus sain».

Même spectacle dans tous les locaux de Telenor, la compagnie norvégienne de télécommunications. Le personnel modifie à son gré la hauteur des plans de travail.

Quelle direction d’entreprise ne souhaite pas maintenir ses employés en pleine forme physique? Du Nord déjà sont arrivées diverses options de siège ergonomiques: position plus agenouillée qu’assise avec le siège repose-genoux ou équilibre instable avec les sièges-ballons induisant une position assise dynamique. Pas vraiment convaincant.

A défaut de sièges idéaux pour soulager les maux engendrés par les longues heures assises, les entreprises dans le coup se sont mises à offrir à leur personnel des bons pour des massages, des entrées gratuites au fitness, une salle pour la sieste.

Avec les stand-up desks (un terme non encore traduit en français), on supprime le problème en en remplaçant une position malsaine par la station verticale, propre comme le vocabulaire le rappelle, à l’«homo erectus». Une démarche qui tient debout!

Cette «solution» n’est d’ailleurs pas vraiment innovante. Diverses personnalités ont, dans le passé, travaillé sans poser leur postérieur sur un siège. On citera Sir Winston Churchill (des répliques de son bureau sont sur le marché), Ernest Hemingway, John Dos Passos, Virginia Woolf, Thomas Jefferson.

Jacques Brel a écrit toutes ses chansons debout: «Je dois sentir mon corps tendu pour trouver l’inspiration, c’est impossible assis», commente-t-il dans une interview («Brel, un coq à cracher du feu», L’horloge de sable, Espace 2, diffusé le 4.10.08)

Les commentaires des usagers, récoltés sur des blogs consacrés à ce sujet, relèvent combien il serait stupide de passer du «tout assis» au «tout debout». L’option la meilleure consiste à alterner les deux positions. Leur attribuer des tâches différentes permettrait un substantiel gain de temps.

Consulter le Net uniquement debout, c’est le rendre moins chronophage. En téléphonant debout, la voix sonnerait mieux et raccourcirait les conversations. Chacun semble avoir trouvé son mode d’emploi.

Les professionnels de la santé y voient un moyen de lutter contre l’obésité, le cholestérol et le diabète, un remède contre la sédentarité.

A la Mayo Clinic, renommée pour sa capacité d’innovation, on prend quelques foulées d’avance en proposant de marcher en travaillant.

Selon James Levine, le concepteur de la «walkstation», cela rendrait «heureux et plus productif».Un rêve pour employés et employeurs.