D’ici cinquante ans, l’homme sera devenu immortel: c’est la conviction de Ray Kurzweil, l’un des plus célèbres chercheurs américains. J’ai lu sa «bible du changement». Voici ce qui est arrivé.
Il a été sélectionné parmi «les 16 inventeurs révolutionnaires» qui ont fait l’Amérique durant les deux siècles derniers. Cet inventeur, penseur et futuriste est considéré par Bill Gates comme «la personne la plus qualifiée que je connaisse pour prédire l’avenir». Pour le Wall Street Journal, c’est un «infatiguable génie», selon Forbes, «la meilleure machine à penser», et pour Inc. Magazine, «le digne héritier de Thomas Edison».
Comment résister à la tentation de découvrir «Humanité 2.0, la bible du changement» (M21 éditions) après avoir lu tant d’éloges adressés à son auteur? Ce livre interactif (associé à un vidéoblog sur le futur de l’humanité: humanite20.cluster21.com) passe pour la référence, l’outil indispensable pour comprendre ce qui se prépare, comment dans un avenir proche nos capacités intellectuelles et physiologiques pourront être sublimées grâce aux technologies.
Le lecteur est averti. «Dans sa vie, tout éditeur reçoit, quelques fois par décennie, une œuvre majeure, bouleversante, prémonitoire… après laquelle le monde n’est plus comme avant. Or, ce livre en fait partie dans la mesure où l’avenir de l’humanité ne sera plus pensé comme avant la parution de ce livre», lit-on dans la préface.
Le «prologue» annonce une immersion dans un ouvrage qui va mettre à rude contribution nos neurones. Comment envisager pouvoir appréhender, avec nos modestes connaissances d’humains 1.0, les capacités d’une civilisation future dont la technologie et l’intelligence dépasseront largement la nôtre?
Me voici prévenue, l’expérience qui m’attend sera rude. «Les six époques», «Une théorie de l’évolution: la loi du retour accéléré», «Comprendre la capacité de calcul du cerveau humain», «Comprendre le programme de l’intelligence humaine»… Les chapitres se succèdent, 214 pages absorbées en trois jours grâce à une excellente motivation.
L’homme est capable de réparer toutes les défaillances de son organisme et d’en augmenter les performances; d’ici cinquante ans, il sera devenu immortel, écrit Ray Kurzweil.
C’est alors qu’en caractères gras, une phrase m’apparaît comme la plus alléchante des propositions faite à la lectrice avide de ravitaillement: «Télécharger le cerveau humain», devenir un fragment de l’imagination de votre ordinateur.
Au moment même où j’éprouve les limitations dues à la version 1.0 de mon corps, sans mentionner toutes les limitations de mon cerveau, la perspective de m’en libérer pour accéder à sa version 2.0 s’avère la seule issue possible au défi que représente pour moi la lecture intégrale du pavé que j’ai entre les mains.
Il est bel et bien question de téléchargement au chapitre qui suit, mais pas trace d’une recette directement applicable! J’ai été victime d’un mirage, nous sommes toujours en pleine théorie. En effet, on estime que génétique, nanotechnologie et robotique (GNR) constitueront autant de révolutions qui se chevaucheront pour créer l’homme qui nous succédera et qu’actuellement, nous connaissons les débuts de la révolution «G».
Les révolutions achevées, il sera possible de communiquer entre humains via l’interconnexion des cerveaux, d’implanter des robots de taille moléculaire capables de nettoyer les artères ou de lutter contre le processus du vieillissement, de placer des capteurs susceptibles d’informer les individus qui les portent de leur condition physique ou de la qualité de leur environnement et de jouir d’interfaces cerveau-machine permettant de contrôler par la pensée usines, automobiles ou domiciles.
Comme si cette version 2.0 ne suffisait pas, Ray Kurzweil voit déjà une version 3.0 se profiler ensuite. Avec elle, plus besoin de corps ni de monde réel. Mais, en fait de saut dans le futur, ne se retrouve-t-on pas en compagnie de Platon qui aurait certainement aussi souhaité pouvoir éliminer le hardware (corps) et ne sauvegarder que le logiciel (l’âme)? Quid des travaux des neurosciences et la fin du dualisme?
Arrivée à la page 395, mes neurones disjonctent, confrontés à tant de promesses et progrès annoncés. Ils prennent la mesure de leur inefficacité à absorber une telle quantité d’informations, d’argumentations, de références à des théories scientifiques. Epuisé, mon misérable corps 1.0 s’autorise à survoler les pages qui suivent…
