TECHNOPHILE

Suisse romande, la nouvelle Sillicon Valley!

La Suisse est le pays d’Europe qui héberge le plus grand nombre de start-up prometteuses, selon le classement réalisé par Red Herring, référence américaine en matière de haute technologie. Démonstration en quelques exemples.

«Les start-up prometteuses pullulent en Suisse», se réjouit Raphaël Cohen, directeur du diplôme d’entrepreneuriat et business development à HEC Genève.

Une situation qui n’a pas échappé à la société américaine Red Herring. Chaque année depuis 1996, cette entreprise — qui fait référence en matière de haute technologie — sélectionne 100 start-up considérées comme les plus prometteuses en Europe.

Pour son édition 2009, Red Herring a choisi quatorze start-up helvétiques parmi les 100 primées, plaçant la Suisse en tête du classement, devant l’Allemagne (13 sociétés sélectionnées), Israël (13), la Suède (13), la France (9) et la Grande-Bretagne (9).

Mieux: sur les 14 lauréats suisses, sept ont leur siège social en Suisse romande. Rapportée au nombre d’habitants, la Suisse romande apparait ainsi comme la capitale européenne des start-up prometteuses!

Comment expliquer une telle concentration? «La capacité d’innovation a toujours existé sur l’Arc lémanique, explique Raphaël Cohen. Mais jusqu’ici, les Suisses avaient du mal à transformer leurs innovations en véritable business, à l’inverse des Américains. C’est cela qui a changé. Toutes les universités proposent désormais des cours en entrepreunariat qui incitent les étudiants qui ont de bons projets à se lancer.»

«La Suisse a également beaucoup progressé au niveau de la valorisation des entrepreneurs, note Jordi Montserrat, directeur de Venturelab, un programme fédéral pour la promotion et l’innovation (CTI). De plus, les supports financiers aux jeunes entreprises sont désormais plus nombreux: Prix Perl, bourse Innogrants, soutien Venturekick, etc…»

«A côté de cela, la Suisse possède de nombreux atouts, poursuit Jordi Montserrat. Le pays dispose sur une toute petite surface de beaucoup de très bons cerveaux, d’une excellente R&D, de nombreuses multinationales, d’une administration efficace, qui facilite la création d’entreprise, d’investisseurs (business angels) et d’une ouverture internationale. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays très travailleur, ce qui demeure l’une des conditions de base de l’entrepreneuriat.»

Ci-dessous, portraits des sept start-up suisses romandes distinguées par Red Herring.

1- Primequal, des piqûres (presque) sans douleur

Les seringues développées par l’entreprise genevoise Primequal permettent des anesthésies buccales par injection, sans souffrance.

Vous avez le cœur qui s’emballe à la simple évocation de votre contrôle dentaire annuel? Pour calmer l’angoisse de la fraise et, surtout, de la piqûre anesthésiante — préalable quasiment obligé aux actes dentaires — la start-up tadalafil 40 mg for ed, fondée en 2006, a développé une nouvelle seringue. Jetable et recyclable, celle-ci assure des injections d’anesthésiant, sans douleur. Comment? Grâce à un système automatique qui permet au praticien d’injecter sans aucun effort le produit dans les tissus particulièrement durs de la gencive.

«La douleur provient souvent d’une trop grande pression lors de l’administration de l’anesthésiant, explique David Weill, ingénieur et fondateur de Primequal. Or, comme ce sont des tissus extrêmement durs, il faut appuyer fort sur la seringue, rendant l’injection douloureuse. Avec notre système, protégé par cinq brevets, la pression est limitée et donc la piqûre indolore.»

Cette seringue d’un nouveau type, entièrement fabriquée en Suisse, est vendue par Saniswiss sous le nom de Saniject au prix unitaire de 4,50 francs. Son design a été récompensé par le prestigieux prix international Reddot design award 2008 ainsi que le «Prix de l’innovation dentaire française 2008». «Dès sa commercialisation, en août 2007, nous en avons vendu 60’000 unités. Aujourd’hui, nous atteignons le chiffre d’un million.» Ce succès résulte en partie d’un excellent bouche à oreille. «Les dentistes se réjouisse de cette innovation, rare dans le domaine dentaire.»

Vendue pour l’instant dans une quarantaine de pays en Europe et en Asie, cette seringue devrait débarquer aux Etats-Unis à la fin de l’année. Un marché prometteur qui devrait permettre à la start-up de parvenir à la rentabilité d’ici 5 ans, selon les prévisions du fondateur.

«Nous pourrions déjà être rentable, mais pour l’instant nous sommes dans une phase de surinvestissement en recherche et développement, afin de lancer le plus de dérivés possibles dans les cinq prochaines années.»

Primequal prévoit ainsi d’adapter sa technologie novatrice à d’autres applications: «Nous allons lancer sur le marché deux nouvelles seringues, adaptées aux soins esthétiques, d’ici la fin de l’année. L’une sera destinée aux injections de Botox et l’autre à l’acide hyaluronique.»

2- Sensimed, une lentille pour détecter les glaucomes

Bientôt commercialisée par une jeune entreprise lausannoise, une lentille permet de surveiller la pression intraoculaire, seul symptôme précurseur des glaucomes.

Avec ses spires dorées, elle passerait presque pour une lentille de contact fantaisie. En fait, la lentille souple et jetable développé par viagra vs cialis cost est un concentré de technologie. Munie d’une antenne miniature et d’un microprocesseur de 50 microns, elle permet de mesurer la pression intraoculaire — seul symptôme détectable du glaucome.

Cette invention, unique au monde, a été mise au point par le tessinois Matteo Leonardi, ingénieur en biomédecine de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Pour la commercialiser, il a fondé avec Sacha Cerboni, ancien manager à l’Observatoire Suisse de la santé, l’entreprise Sensimed en 2003.

«Un patient sur trois atteint d’un glaucome continue de perdre la vue malgré son traitement, rappelle Jean-Marc Wismer, directeur général de Sensimed. Grâce à notre lentille, il est possible de suivre les variations de pression intraoculaire pendant 24 heures. Cela permet de comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur de l’œil et ainsi de mieux adapter les traitement.»

Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 70 millions de personnes souffriraient de glaucome. Un potentiel énorme pour la société lausannoise fondée en 2003. «Pour l’instant, nous commercialisons notre lentille seulement dans une demi-douzaine d’hôpitaux afin d’affiner son potentiel, poursuit Jean-Marc Wismer. La vraie commercialisation commencera fin 2009.»

Pour cela, la lentille de Sensimed a reçu en février dernier le marquage CE, qui permet une commercialisation en Europe. L’autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis devrait intervenir début 2010. «Nous prévoyons d’atteindre la rentabilité dès 2011 et un chiffre d’affaires de 100 millions de francs d’ici cinq ans.»

3- KeyLemon, déverrouiller son ordinateur d’un sourire

La société valaisanne a développé un logiciel de reconnaissance faciale destiné à l’identification des usagers.

«A terme, KeyLemon va devenir le standard mondial du login.» Gilles Florey, cofondateur et CEO de l’entreprise valaisanne créée en mai 2008, affiche clairement son ambition. Selon lui, le logiciel qu’il commercialise pour une vingtaine de dollars devrait remplacer tous les mots de passe qui sécurisent nos ordinateurs, nos mails, nos réseaux sociaux et nos téléphones mobiles.

De quoi s’agit-il? «Nous avons développé, en collaboration avec l’institut de recherche Idiap, un logiciel de reconnaissance faciale.»

Concrètement, une webcam est liée à un programme dans lequel le visage de l’utilisateur a été préenregistré. De façon ultra-rapide, le système reconnaît les traits de la personne et débloque l’accès à sa machine. Le login se fait d’un simple sourire. Pendant plus d’un an, la version bêta de ce logiciel était disponible gratuitement sur le site de la société. 400’000 téléchargements plus tard, la version définitive est devenue payante en mars dernier.

«Nous espérons atteindre notre seuil de rentabilité à la mi 2010», prévoit Gilles Florey. Il sera alors temps pour l’entreprise valaisanne, qui emploie trois personnes à temps plein, de partir à la conquête de nouveaux marchés: «Pour l’instant, les téléphones mobiles n’ont pas les capacités d’accueillir notre logiciel. Mais, à terme, ils représenteront pour nous un gros marché.»

4- Sobees, réunir tous ses réseaux en un

L’application de la start-up lausannoise permet de gérer en même temps les flux d’informations de Twitter, Facebook, YouTube et autres réseaux sociaux.

Twitter, Facebook, YouTube, FriendFeed, Digg, Flickr, Myspace… La multiplication des communautés online obligent les utilisateurs à sauter d’une page à l’autre pour gérer l’ensemble de leurs profils. Une situation dévoreuse de temps que la société Sobees, qui emploie cinq personnes, tente de résoudre via ses logiciels Sobees et sa version allégée bDule. «Nos logiciels sont des agrégateurs de réseaux sociaux», résume Vincent Rithner cofondateur avec François Bochatay de la start-up lausannoise.

Sobees permet de réunir en temps réel sur une même page web toute l’activité et le partage de données provenant de divers comptes de réseaux sociaux ou sites communautaires. «L’interface est très modulable. Elle permet par exemple de mettre cote à cote des photos de Flickr ainsi que des vidéos de Youtube et de gérer l’ensemble depuis la même page.»

Mise en ligne en mars dernier en version test, l’application se télécharge gratuitement sur le site de la société en version française ou anglaise, exclusivement sous Windows pour le moment. «Nous développons actuellement une version pour Mac, souligne Vincent Rithner qui était auparavant consultant chez Microsoft. Et, dès cet été, s’ajouteront des services Premium à notre logiciel. Ces options, qui seront par exemple la possibilité d’ajouter à sa page d’autres réseaux sociaux, seront payantes.»

5- Arimaz, un robot qui lit vos mails

La société lausannoise a développé un robot qui détecte la réception d’e-mails et informe lorsqu’un ami se connecte à un réseau social.

Avec sa bouille de pingouin, MyDeskFriend a presque des allures d’animal de compagnie. Pas plus gros qu’une souris, ce petit robot en plastique, développé par la start-up Arimaz basée à Renens (VD), permet de savoir ce qu’il se passe sur son ordinateur, sans rester fixé devant son écran. En effet, connecté en permanence à Internet, il détecte la réception d’e-mails, est capable de les lire et informe si un ami s’est connecté à réseau social, type Facebook.

«Il peut également lire les bulletins d’information, s’ils ont été traduits en flux RSS (ndlr: le standard utilisé pour la diffusion d’actualités sur Internet), donner les prévisions météo ou transmettre les cours de la bourse», énumère Pierre Bureau, qui a fondé cialis uk cheap en mars 2008.

La commercialisation devrait intervenir en septembre 2009, d’abord sur Internet, puis via un réseau de distribution en Europe et aux Etats-Unis, au prix de 99 euros (149 francs). «Nous espérons en vendre quelques milliers en 2009, puis 20’000 dès 2010. La rentabilité devrait ainsi arriver assez vite, à l’horizon 2011, selon nos prévisions.»

6- Epithelix, des tissus humains in vitro

La société genevoise commercialise des tissus humains reconstitués in vitro, offrant une alternative économique à l’expérimentation animale.

«Notre nouveau modèle cellulaire in vitro d’épithélium respiratoire humain offre une alternative intéressante et économique à l’expérimentation animale.» Aux côtés de trois autres scientifiques de l’Université de Genève (Ludovic Wiszniewski, Song Huang et Jean-Paul Derouette) Samuel Constant a fondé, en mars 2006, cialis street value, la première start-up née de l’incubateur Eclosion, de l’Etat de Genève.

Cette jeune pousse développe, produit et vend des tissus humains reconstitués in vitro. «Nous récupérons des cellules isolées à partir desquelles notre savoir faire permet de reconstituer des tissus.» La société, qui emploie huit personnes, fournit aussi des services de criblage et de tests de molécules à haut débit, basés sur ses propres modèles cellulaires, à des laboratoires de recherche et sociétés pharmaceutiques.

Concrètement, le modèle mis au point permet d’étudier l’effet chronique provoqué par des médicaments ou des substances nocives comme l’amiante ou le tabac. Il offre ainsi de belles perspectives dans la recherche sur les maladies respiratoires, telles que l’asthme ou la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive).

Particularité dans le monde des start-up biomédicale, «nous n’avons aucun investisseur, souligne Samuel Constant. La première année nous nous sommes développés grâce à nos propres deniers et, dès la deuxième année, nous avons dégagé un bénéfice substantiel.»

7- Ads-Click, fournisseur de publicités contextuelles

La société genevoise propose une plateforme de publicité en ligne.

Ads-Click, c’est un peu David contre Goliath. Avec sa plateforme de publicité en ligne, la jeune entreprise genevoise, qui emploie 16 personnes, s’attaque à un marché jusqu’ici dominé par Google et son service Adsense/Adwords.

«Ce n’est pas facile de lutter contre un tel géant, concède Christopher Wagner, le PDG d’Ads-Click. Mais nous nous portons très bien! Le marché a très bien accepté notre produit.»

Concrètement, la start-up fondée en 2004 par Pascal Rossini, commercialise un logiciel de publicité contextuelle et mobile. «Si, par exemple, il y a le mot ‘apple’ dans un texte, notre logiciel est capable de déterminer s’il s’agit de pommes ou du fabricant informatique, et d’insérer des publicités en conséquence», détaille Christopher Wagner. L’autre gros avantage du produit d’Ads-Click est de rendre transparentes toutes les transactions.

«Les éditeurs qui utilisent les services de Google n’ont plus de contacts avec les annonceurs. Par ailleurs, Google prélève un pourcentage de 25% sur toutes les transactions, poursuit Christopher Wagner. Nous prenons également un pourcentage, mais il est beaucoup plus faible, et nous rétablissons les contacts annonceurs-éditeurs.»

La société a convaincu plusieurs gros clients en Suisse, en France et en Allemagne, notamment un opérateur de téléphonie mobile, des sites web et des éditeurs de télévision en ligne.

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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.

Consulter la liste complète des start-up prometteuses du classement Red Herring.