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Micheline et les autres en forme mondiale

La politique, c’est parfois un peu comme le foot: des cartons rouges qui se perdent et des erreurs d’arbitrage à tous les étages. Exemples en Suisse.

«On ne peut pas toujours expliquer des stratégies pas toujours faciles à comprendre par tout le monde.» Même si ça y ressemble drôlement, ce sabir n’est pas de Raymond Domenech, mais de Christoph Blocher justifiant la tortueuse position adoptée par l’UDC à propos de l’accord USA-UBS.

Un vrai match, une affiche comme on les aime, pleine de coups bas, de cartons rouges qui se perdent, de mauvaise foi, de penalties en tout genre, de simulations grossières et surtout d’erreurs d’arbitrage.

Justement: «Si les faits reprochés étaient réellement avérés ceux-ci seraient graves et impliqueraient des décisions fermes.» Non ce n’est pas Sepp Blatter qui s’insurgerait enfin contre ces fameuses bourdes des hommes en noir, fleurissant comme jamais au soleil de l’hiver africain.

Ne rêvons pas, c’est juste la direction du parti radical neuchâtelois qui soutient son sulfureux ministre Hainard. En adoptant, soit dit en passant, une logique qui se veut l’inverse de celle de la FIFA. Les erreurs d’arbitrages sont ainsi avérées devant plus d’un milliard de témoins mais néanmoins absolument pas graves dans l’esprit du roi Blatter, décidemment têtu comme un Sepp.

Mais affirmer que si les faits sont avérés, ils sont graves, c’est décréter que ce qui n’est pas avéré, donc ce qui n’existe pas, n’a aucune gravité ni la moindre importance. Bref, au Mondial de l’enfonçage de portes ouvertes, les radicaux neuchâtelois peuvent rêver de demi-finales.

«Ca ne peut plus durer comme ça!» Une révolte de joueurs floués appelant à l’introduction rapide de la vidéo pour assister les malheureux arbitres? C’est bien un grand sportif qui parle, mais d’un genre spécial: Adolf Ogi à qui, comme à d’autres anciens conseillers fédéraux, on a demandé son avis sur le fonctionnement actuel de l’exécutif. Alors élection par le peuple? Renouvellement des têtes en bloc? Création de secrétariat d’état? Bah, pourquoi faire?

«Je suis globalement satisfait du fonctionnement actuel.» Non ce n’est pas Michel Platini, le patron de l’UEFA, qui renâcle au sujet de la vidéo, mais le retraité Couchepin à propos du Conseil fédéral. Platini, lui, a dit: «La vidéo, c’est la mort du football.»

Ceci maintenant: «Elle est volontaire, tacticienne, rusée… quand elle a un objectif, rien ne l’arrête. C’est une volonté en marche… avec une remarquable disposition à chasser à l’affût.» Ah ben non, ce n’est pas le génial et clownesque Maradona qui vente les mérites de son équipe d’Argentine, toujours aussi habile et céleste. Mais un journaliste chevronné dans un journal de référence, tressant de drôles de couronnes comme on n’en avait plus vu dans la presse libre depuis au moins l’après-guerre, à la pestiférée Micheline Calmy-Rey.

Une reine Micheline qui s’est toujours montrée plus douée pour les plans médias, avec grosses caisses et flonflons, que pour la fine diplomatie. Qu’importe après tout la couleur de la fanfare, comme on dit à Chermignon. Sans doute que Micheline Calmy-Rey n’est pas ce diable permanent que peint l’UDC sur la muraille de sa propre inanité, ce poil à gratter incompétent sur son prurit anti-européen… mais de là à en faire une flamboyante ministre des Affaires étrangères, une Machiavel en jupon, c’est un peu comme avoir cru que la Nati, miraculeusement tombeuse des grands d’Espagne, allait grimper sur le toit du monde.

Qui oserait en effet soutenir que l’image, la réputation, la force de frappe et l’influence de la Suisse dans le monde se soit renforcée sous le règne de Calmy-Rey aux affaires étrangères? La réalité parfois peut être désespérément étriquée et pousser même le plus optimiste, le plus compétent des Othmar à bout.