Nous sommes en 2018. Grâce au forage de Noville (VD), situé au bout du lac Léman, la Suisse produit désormais son propre gaz naturel… Ce scénario pourrait bien devenir réalité. Depuis le mois de décembre 2009, la société Petrosvibri — qui appartient à Holdigaz et Gaznat — a entamé le forage du sous-sol du Chablais vaudois dans cette perspective.
«Notre objectif est de descendre à plus de 4000 m. sous le niveau du lac», explique Philippe Petitpierre, vice-président de Petrosvibri. S’il est encore trop tôt pour confirmer la présence d’hydrocarbures, les couches géologiques découvertes jusque-là correspondent bel et bien à celles que les ingénieurs et les géologues avaient imaginées au départ. Une période de 18 à 24 mois est nécessaire pour déterminer la suite donnée aux travaux.
«Tout cela est positif. Mais le risque de ne rien trouver reste élevé. Les chances de tomber sur du gaz naturel sont de l’ordre de 15 à 20%, pas plus», poursuit Philippe Petitpierre. Lorsque le forage aura atteint la profondeur souhaitée, la société qui dirige le chantier espère découvrir une couche étanche, sous laquelle il y aurait une structure rocheuse «avec des coefficients de perméabilité qui permettent de conserver du gaz».
Une hypothèse imaginée par les spécialistes, en raison de la structure particulière du sol à cet endroit du lac (la superposition des couches géologiques forme une cloche, appelée «anticlinal»). Si ce scénario se confirmait, la Suisse trouverait là un nouveau créneau pour son approvisionnement énergétique. «Aujourd’hui, nous n’avons aucune ressource endogène en gaz naturel ou en pétrole. Notre pays dépend à 100% de l’étranger pour l’importation de ces deux produits», explique le vice-président de Petrosvibri.
Reste à savoir de quelles quantités il s’agit. «Si c’est 3 milliards de mètres cubes, cela correspond à une année de consommation de l’ensemble de la Suisse. Si c’est 60 milliards, cela peut donc couvrir vingt ans, ou plutôt quatre-vingt à cent ans en couverture partielle.»
_______
Une version de cet article est parue dans le magazine Reflex.