- Largeur.com - https://largeur.com -

Des mémoires qui finissent dans l’oubli

large200910b.jpgFaire connaître son mémoire internationalement, en quelques clics et gratuitement… La publication sur internet de son travail de fin d’études représente un gain immense pour un étudiant. Son nom peut côtoyer les publications de chercheurs émérites. Cela peut aussi fonctionner comme une carte de visite lors d’une recherche d’emploi. Quant au grand public, il pourrait accéder ainsi à des travaux de valeur, dédiés à tous les aspects de la connaissance.

Mais curieusement, les universités romandes sont loin de partager cet avis: à Genève, la faculté des sciences ne publie aucun mémoire de master. Du côté de la psychologie et des sciences de l’éducation, on ne les diffuse qu’à partir de la note de 5,5. Les sciences économiques et sociales, elles, ne rendent publics que les travaux recommandés par le jury. Il en va de même dans les autres cantons. En clair, «chaque faculté, institut, voire professeur, prend ses propres décisions concernant le dépôt des mémoires», explique Doris Hirt, administratrice du Serveur académique lausannois (Serval) à la bibliothèque cantonale universitaire de Lausanne.

C’est manifestement la qualité de ces travaux d’étudiants qui pose problème. «Nous ne considérons pas les mémoires de master comme des travaux de recherche aboutis, déclare Pierre-Alain Carrupt, professeur à la faculté des sciences de l’Université de Genève (Unige). Ils tiennent de l’exploration et leurs résultats ne sont pas toujours validés scientifiquement. Dans certains cas, leur publication pourrait s’avérer catastrophique. Nous préférons alors ne rien publier du tout.»

Ne serait-il vraiment pas possible de les publier, avec une réserve précisant qu’il ne s’agit que de travaux d’étudiants? Si le mémoire en question a été jugé recevable et que l’étudiant a passé son master, peut-on encore justifier un refus de publication? Les universités préfèrent évacuer ces questions en décrétant que ces mémoires n’ont pas d’intérêt public. Certains professeurs souhaitent également éviter que leur nom apparaisse en tant que directeur sur un travail de piètre qualité. «En ne publiant que les mémoires qui ont obtenu un 6, nous validons la qualité de ce qui est publié sous l’égide de l’université», commente Jacques de Werra, professeur de droit à l’Université de Genève (Unige).

En attendant, le parcours de l’internaute qui veut accéder à des travaux de master ressemble à un labyrinthe: les rares travaux publiés par l’Unige sont téléchargeables sur son serveur public «Archive Ouverte», ceux de l’Université de Lausanne sur le Serveur académique lausannois (Serval), et ceux des Universités de Neuchâtel et de Fribourg sur le réseau des bibliothèques romandes RERO.

L’idée d’une base commune romande pour les travaux universitaires a été à l’ordre du jour il y a quelques années, mais elle a été abandonnée, car les établissement n’ont pas réussi à s’entendre. En attendant, les étudiants dont l’université ne publie pas le mémoire peuvent se rabattre sur des sites comme MemoireOnline ou iQuesta.com, qui publient des travaux universitaires, souvent gratuitement. Mais dont les bases de données restent très lacunaires.