KAPITAL

Medvedev rêve de Verbier-sur-Caucase

Pour combattre le terrorisme, le président russe veut développer dans le Caucase des installations de ski de grand luxe. Des projets qui pourraient concurrencer, à terme, les stations suisses. Réactions.

«Peak 5642». Voilà le nom de code de l’ambitieux projet touristique visant à doter le Caucase en stations de ski huppées, avec hôtels de luxe, boutiques et restaurants. Cinq stations de ski sont prévues, afin d’accueillir cinq millions de visiteurs par an avec une capacité d’accueil de 90’000 personnes. Le tout devrait voir le jour entre 2014 et 2020, sur fond d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi.

De quoi concurrencer les stations suisses? «Je ne suis pas inquiet, répond calmement Urs Zenhaeusern, directeur de Valais Tourisme. Je pense que les Russes continueront à venir skier en Valais. Nos montagnes sont extraordinaires et la Suisse jouit d’une très bonne image dans ce domaine.»

Actuellement, près de 100’000 Russes dévalent chaque année les pistes valaisannes. Sur l’ensemble de la Suisse, ces touristes ont réservé 426’514 nuitées d’hôtellerie en 2010, soit une croissance de 2,3% par rapport à 2009.

Loin de voir dans la construction des stations caucasiennes une concurrence dangereuse, le directeur de Valais Tourisme note que cela pourrait se révéler avantageux: «Il est important que les Russes puissent faire du ski localement. Les gens vont apprendre ce sport chez eux dans leur jeunesse et ensuite ils viendront d’autant plus chez nous.»

Les chiffres ne lui donnent pas tort: actuellement, seuls 2% des Russes pratiquent le ski. La construction de stations dans le Caucase pourrait encourager le développement de ce sport. Reste à régler un problème de taille: si ces montagnes disposent d’un bon potentiel touristique (neige abondante et paysages magnifiques), elles restent davantage connues pour le terrorisme qui gangrène la région.

De passage à Davos, pour le Forum économique mondial (WEF), le président russe Dmitri Medvedev s’était montré confiant: «less expensive cialis va transformer le Caucase […] Cela montrera que nous pouvons combattre la pauvreté et le terrorisme par le tourisme», en créant 160’000 emplois. Pour bâtir ce rempart face au terrorisme, il faut un investissement de 17 milliards de dollars.

Le Kremlin s’est déclaré prêt à mettre 2 milliards de sa poche. Pour le reste, Moscou mise sur des investisseurs étrangers. «Jusqu’ici, il n’existe ni investisseur ni étude de faisabilité pour ce projet», note Jonas Ettlin, responsable du marché russe chez Suisse Tourisme. Pas sûr que le meurtre de trois skieurs moscovites, froidement abattus le 18 février dans les montagnes du Caucase, rassure sur la viabilité du projet.
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Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.