Ce jeu de mafia sur iPhone superpose un monde virtuel au réel. Inventé à Zurich, il gagne la Suisse romande.
«Je possède l’Ikea de Vernier», lance fièrement Yves Meier. Cet informaticien de 40 ans fait référence à Gbanga, un jeu de mafia pour iPhone dont le but consiste à mettre la main, virtuellement, sur les bars, restaurants et magasins de sa région. Les joueurs sont localisés grâce au GPS de leur téléphone.
A l’écran, une carte affiche la position réelle des établissements que se disputent les différentes familles mafieuses. Si un joueur se trouve à moins de 200 mètres d’une cible, il peut essayer d’en reprendre le contrôle. Ses chances de réussite sont déterminées par le pouvoir de sa famille, lui-même basé sur le nombre de membres et de biens déjà acquis. «La gare de Cornavin est particulièrement convoitée et change souvent de propriétaire», note Yves Meier. Car Gbanga séduit notamment les pendulaires, qui en profitent pour s’emparer des lieux sur leur chemin.
Plus connu outre-Sarine, d’où il vient, le jeu s’implante progressivement en Suisse romande et dans d’autres régions du globe. Selon son créateur, Matthias Sala, plusieurs dizaines de milliers de personnes l’ont déjà téléchargé. Les joueurs, qui voient leurs positions respectives sur la carte, peuvent s’envoyer des messages et même se rencontrer.
L’idée de greffer à la réalité géographique un monde parallèle avait déjà été appliquée aux réseaux sociaux, à la pub, ainsi qu’à d’autres applications professionnelles. Matthias Sala a, lui, préféré une forme d’utilisation plus ludique: transformer la surface de la planète en plateau de jeu. Deux ans après son lancement, le jeune diplômé de l’EPFZ chapeaute une startup de 7 employés. Bien que l’installation du jeu reste gratuite, les revenus proviennent de «trésors» que les joueurs peuvent acheter à divers endroits pour progresser plus rapidement. «Bientôt, les magasins et les restaurants pourront s’inscrire pour apparaître sur le jeu et proposer des offres», indique l’entrepreneur. Dans l’entre-monde, les affaires ont débuté.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.