Les entreprises utilisent les tablettes numériques pour stimuler leurs affaires. Certains grands groupes envisagent aussi de diffuser leurs rapports annuels par ce biais. Exemples romands.
Avec plus de 100’000 unités vendues l’an dernier, la Suisse compte une des plus hautes densités d’iPad au monde. Et la progression continue: selon le consultant Robert Weiss, il s’en vendra 3 fois plus cette année. L’engouement spectaculaire pour les tablettes numériques gagne également rapidement le monde des entreprises. Ces interfaces tactiles accompagnent de plus en plus de vendeurs, qui les emploient pour présenter des produits, ou même des médecins, qui les utilisent pour expliquer des résultats d’examens médicaux à leurs patients.
«Un écran d’ordinateur en position verticale forme un obstacle mental entre deux personnes, relève Yves Pigneur, spécialiste des nouvelles technologies à HEC Lausanne. Une tablette, en revanche, ne perturbe pas autant et se place aisément au centre d’une conversation.»
Dans le secteur du courtage immobilier, par exemple, on a rapidement saisi les opportunités qu’offrent ces nouvelles technologies: «Nos courtiers se servent d’un iPad lorsqu’ils visitent une maison avec un acheteur potentiel», indique Carine Gauthier de Courtiers Partenaires, à Nyon. Le plus grand réseau de courtage de Suisse vient de déployer une application mobile pour ses 150 agents. «Si l ‘acheteur potentiel n’est pas satisfait, tous les biens à vendre dans la région et correspondant à des critères précis peuvent être localisés sur une carte. A l’écran, les photos des maisons sont mises en avant et complétées par des informations telles que le type de construction ou la consommation énergétique. Si une maison intéresse le client à l’écran, elle est ensuite visitée physiquement.»
Les grandes marques de montres, elles aussi, s’y mettent. Certaines vont jusqu’à investir des moyens considérables pour séduire une clientèle jeune et férue de high-tech. A l’image de Hublot qui, actuellement, équipe en iPad les vendeurs de toutes ses boutiques. L’application, qui remplace les catalogues imprimés, contient des présentations de montres ainsi qu’un éclairage sur la philosophie de l’entreprise. Le programme permet d ‘explorer les collections, de rechercher les modèles qui correspondent le mieux aux critères du client et de faciliter les démarches de commande.
Par ailleurs, Hublot met à disposition une version étoffée de cette application sur la plateforme de distribution AppStore d’Apple. Téléchargeable gratuitement, elle permet d’examiner les montres sur 360 degrés, de faire des gros plans et de déclencher virtuellement les chronomètres. Les points de vente les plus proches peuvent être localisés et les actualités vidéo de l’entreprise visionnées. Les marques des autres groupes ne sont pas en reste: Swatch, Omega, IWC, Jaeger-LeCoultre ou Audemars Piguet, pour n’en citer que quelques-unes, proposent toutes du contenu éditorial spécifique destiné à l’iPad.
La plupart de ces marques continuent toutefois de produire des versions papier de leurs catalogues. La porteparole de Jaeger-LeCoultre, Christine Giotto, explique le point de vue de l’horloger: «Pour nous, il s’agit de faire découvrir nos ouvrages de manière interactive et ludique. Notre application n’a en aucun cas la prétention de remplacer nos publications papier, telles que notre catalogue ou nos livres institutionnels.»
La tendance n’épargne pas les grands groupes suisses cotés en Bourse, tels que Nestlé, Zurich Financial Services ou Georg Fischer. Ceux-ci commencent tout juste à proposer leurs rapports annuels en version iPad aux investisseurs. «Les tablettes permettent de créer des applications tout-en-un pour la communication d’entreprise, observe Frédéric Kaplan, directeur de Bookapp.com, l’agence qui a développé l’application de Nestlé. Les rapports financiers, de développement durable et les actualités de l’entreprise peuvent désormais être regroupés et mis en page d’une manière attrayante sur une seule et même plateforme.»
Le groupe Georg Fischer fait partie des premiers à avoir déployé une version iPad de son rapport annuel ce printemps. «Nous continuons d’imprimer les rapports, note Christian Thalheimer, porte-parole du groupe. C’est encore une phase test qui nous permettra de voir comment nos quelque 15’000 actionnaires réagissent à ce nouveau format. L’avantage est clair: l’iPad permet de consulter les documents en tout temps sans devoir les transporter sur soi.» Et, à terme, de remplacer le papier et d’économiser les frais d’impression et de distribution.
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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.
