Le 14 décembre 1911, Roald Amundsen atteignait le Pôle Sud, devançant d’un mois son rival, le Britannique Robert Scott. Un succès que l’on attribue aux leçons que l’explorateur norvégien est allé chercher auprès des populations vivant au-delà du cercle polaire. Comme elles, Amundsen s’est déplacé à ski, avec des chiens, et luttait contre les éléments emmitouflé dans une veste faite de peau de phoque et de fourrure: une parka.
Scott, qui se moquait de l’aspect ancestral de cette tenue, avait quant à lui revêtu un équipement «moderne». Le malheureux est mort de froid.
Un siècle plus tard, diverses versions de la parka d’Amundsen défilent sur les podiums. Mais que signifie «parka»?
Les réponses divergent. L’une trouverait son origine chez les Inuits d’Amérique du Nord où «parqaaq» signifie «chaud». L’autre se dirige vers les Nenets, une ethnie sibérienne chez qui le mot «parka» signifie «peau d’animal». L’une et autre semblent plausibles, une parka étant «un manteau court à capuchon destiné à protéger du froid et de l’humidité».
A la fin de la Seconde guerre mondiale, l’armée américaine confectionne pour ses pilotes exposés à des conditions climatiques extrêmes une veste proche de la parka des aventuriers polaires: la USAF N-3B était née.
La parka sera dès lors affectée à des missions belliqueuses qui se poursuivront dans les années 50 avec la guerre de Corée et une version light, la parka «fishtail», plus légère et moins chère.
En Grande Bretagne, le mouvement des Mods, dans les années 60, lui redonnera un usage plus pacifique. Ces jeunes portaient des parkas US M51 ou M65 pour se déplacer en Vespa ou Lambretta. En 1979, le film «Quadrophenia», inspiré par l’opéra rock des Who retraçait les aventures de Jimmy, un Mod londonien grand adepte de la parka.
Le mouvement grunge ressortira cette pièce devenue iconique à la fin des années 80; on l’a vue sur Kurt Cobain et Pearl Jam. Puis Liam Gallagher, le chanteur d’Oasis, montera régulièrement sur scène avec une parka qu’il a conçue et commercialisée.
La parka ne meurt pas avec le siècle, elle réapparaît au début des années 2000 sur les épaules de Kate Moss, en mini jupe et boots Vivienne Westwood. Avant que Sienna Miller assiste au Festival de Glastonbury en… parka. Une tenue qui fera boule de neige bien au-delà de ses fans. Et surprise, en 2008, ce vêtement acheté dans les surplus de l’armée américaine fait la couverture du magazine Vogue.
Jamais vraiment démodée, la parka, très masculine, n’est plus réservée aux seuls baroudeurs mais convoitée désormais aussi par des femmes élégantes. Grâce à des mutations légèrement bling-bling, elle se porte en ville cet automne, sans attendre les grands froids. Après la doudoune qui, la saison dernière, se faisait citadine, c’est au tour de la parka d’emprunter le même tracé hors pistes. Des marques comme D&G, Dior, Prada, Burberry ou encore Alexander Wang lui réservent un «revival glam» et les citadines et citadins craquent pour la parka nouvelle génération.
Il va de soi qu’à l’heure où fond la glace des pôles, la conscience environnementale des fashionistas les fait opter pour des parkas en matériaux recyclés. Lutte contre le réchauffement climatique oblige.