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Des robots qui font la leçon

La Corée du Sud a commencé à remplacer ses enseignants par des robots. Une évolution encore inimaginable en Europe. Visite à Seoul d’une entreprise qui développe et vend de telles «machines éducatrices».

«L’Europe devra accepter l’arrivée des robots. En Corée, nous sommes déjà prêts.» Kyung Chul Shin a l’assurance des convaincus: les familles, dit-il, n’auront bientôt pas d’autre choix que de confier leurs enfants à la garde de robots domestiques. «La proportion d’adultes en âge de travailler diminue et celle des personnes âgées augmente. Il faut bien trouver une solution pour s’occuper des enfants et des vieux pendant que les parents travaillent.»

Dans le couloir qui mène à son bureau, le président de Yujin Robot s’arrête devant un jouet en plastique sorti de son carton d’emballage. «C’est le modèle iRobi», dit-il en s’agenouillant pour l’allumer. Sur l’écran, qui ressemble à celui d’un PC bon marché, une fenêtre s’ouvre et l’appareil affiche un large sourire. Le président aussi. «Ces robots sont utilisés dans les crèches, dit-il. Ils racontent des fables aux enfants, chantent, dansent, et leurs caméras permettent une surveillance à distance. Ils peuvent à la fois jouer et enseigner: ce double mode d’interaction les rend populaires auprès des écoliers, qui apprennent d’autant mieux.»

Des robots qui donnent des cours aux enfants? C’est déjà une réalité dans la ville de Daegu, où une trentaine de ces créatures à roulettes ont été installées dans des classes pilotes, en attendant que l’ensemble des 8400 jardins d’enfants du pays en soient équipés. Le gouvernement veut ainsi remédier à la pénurie d’enseignants anglophones et, par ces cours robotisés, faciliter la future intégration des jeunes Coréens dans l’économie globale.

«Les robots s’expriment avec une voix synthétique, ou alors avec une voix humaine si un professeur parle au travers de la machine, explique Kyung Chul Shin. Cela s’appelle l’enseignement en téléprésence.» Quand ils ne fonctionnent pas en mode autonome, les robots instituteurs de Daegu peuvent ainsi être pilotés par des profs d’anglais basés aux Philippines, où les salaires sont moins élevés.

Kyung Chul Shin reconnaît qu’aujourd’hui, de tels projets pilotes ne pourraient pas être lancés dans les pays occidentaux sans susciter des polémiques. «C’est vrai qu’il y a en Europe un problème d’acceptation des robots. Mais les choses sont en train de changer. Hier, par exemple, nous avons reçu une délégation de Finlande. Des institutions d’Helsinki commencent à s’intéresser à ce qui se passe ici.»

Le CEO de Yujin Robot est convaincu que son entreprise, cotée au Kosdaq depuis 2005, est désormais mûre pour s’imposer sur les marchés internationaux. Outre les robots de jeu et d’éducation pour enfants, elle produit des automates industriels et des robots militaires. Elle s’apprête aussi à commercialiser une machine de surveillance des personnes âgées, qui coûtera environ 30’000 dollars et pour laquelle elle est en tractations avec la Nouvelle-Zélande, la Finlande et le Danemark.

«Nous exportons déjà la moitié de nos robots, notamment par le biais de notre partenariat avec Philips, indique Kyung Chul Shin. Dans le domaine de la recherche, nous avons développé des projets avec Microsoft et Willow Garage (laboratoire de robotique domestique lancé par un ancien employé de Google, ndlr).» Cette hyperactivité dans la recherche n’entame pas ses résultats. «Depuis l’an 2000, nous connaissons une forte croissance: nos revenus augmentent de près de 30% par an, poursuit le président. Et si pendant longtemps nos profits n’ont pas dépassé 2 à 3%, c’est justement parce que nous avons beaucoup investi en R&D. Mais aujourd’hui, nous en récoltons les fruits. Pour l’exercice 2011, nous prévoyons des profits autour de 10%.»
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Une version de cet article est parue dans Swissquote Magazine.